Mon 10 mai 1981, Je n'étais pas un grand militant. Je ne peux même pas me vanter d'avoir fait campagne. Et pour cause, j'avais 11 ans ! Forcément ma mémoire est un peu lontaine. J'ai pourtant des flashs très précis. D'abord un très beau dimanche après-midi ponctué de la balade pour se rendre, à pieds, avec mes parents, au bureau de vote. Douceur que de se promener dans notre val d'Arroux au printemps. Et puis le soir arrive. Nous sommes à table pour le souper. L'atmosphère est devenue lourde, orageuse et je ne parle pas seulement du temps. À mesure que nous nous rapprochions de 20h00, je voyais, sans trop comprendre, le visage mes parents se tendre. Le sentiment était étrange. Nous avons toujours parlé "politique" à la maison. Je savais mes parents "de gauche". Mais à 11 ans, qu'est-ce que cela veut dire ?. La définition était diffuse, mais je me rendais bien compte que les conditions de vie de mes parents n'étaient pas facile. Un père ouvrier dans la grande usine, une mère caissière dans un grand magasin. Même à 11 ans, je me rendais bien compte qu'ils faisaient des journées à n'en plus finir (souvenez-vous la semaine était à 40 heures et +). Même à 11 ans, on se rend bien compte que sa maman n'est pas là le dimanche matin car elle travaille (pour aucun dédommagement, mais ça, elle me le dira plus tard). Pour autant mes parents n'étaient pas engagés (tout comme moi, ils le deviendront) . Alors pourquoi cette gravité ?. Et puis 20h00 arrive, la télé, en Noir et Blanc... Le compte à rebours... Un haut de crâne... Pour mes parents, "c'est perdu". Ils ont si souvent été déçus. De Gaulle, Pompidou, Giscard pour ne reprendre que les derniers. Toujours les mêmes, toujours la même droite et pas grand chose à espérer. Et puis, non. Ce n'est pas Giscard. C'est Mitterrand ! C'est François ! Il a gagné ! On a gagné ! Les rires, les larmes, de ma mère, de mon père. L'immense espoir de voir enfin la vie en couleur. Ce soir là, j'ai même eu droit à mon 1er "apero", (enfin quelques gouttes)! Et puis viendra, ma première campagne de militant :1988. J'aurai alors 18 ans, mais c'est une autre histoire.... FRANCK CHARLIER