Thème : Féminisme
…du côté des femmes
« Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d'autres »
(Georges ORWELL, La Ferme des animaux, 1945)
Pour une moitié de l’Humanité, les femmes, c’est toujours une évidence.
Pour le parti de l’émancipation sociale et écologique, ça devrait l’être aussi …
Sans doute à l’occasion de son prochain congrès le Parti Socialiste, réservera un moment de sa réflexion collective aux femmes, afin que les violences faites aux femmes, y compris dans la sphère politique, et les discriminations de genre dans tous les domaines de la vie y soient fermement dénoncées …
Mais ce n’est ni suffisant, ni sérieux.
Militants, militantes du Parti Socialiste, tous et toutes féministes qui nous revendiquons de l’humanisme et de l’universalisme, nous voulons qu’enfin le PS « parti politique français qui défend les valeurs du progrès humain, de la justice sociale et écologique, et de la souveraineté démocratique » s’identifie aussi comme le parti politique qui incarne les valeurs du féminisme…qui bien après #MeToo tardent encore.
Face au brutal retour de bâton (« backslash ») à l’échelle mondiale, ultralibéral et masculiniste, avec Trump et Poutine à la manœuvre, nous appelons à la RESISTANCE et nous appelons le PS à s’affirmer et à agir en conséquence comme
Le PARTI POLITIQUE de la JUSTICE SOCIALE, DE L’ECOLOGIE, DU FEMINISME et de la SOUVERAINETE DEMOCRATIQUE
Changer de paradigme
Longtemps, et encore aujourd’hui, les mouvements progressistes à se revendiquer humanistes et universalistes, n’ont concédé qu’une place périphérique aux femmes dans la réflexion et les luttes pour la justice sociale et la construction du socialisme.
Réservant pour l’essentiel, voire exclusivement, à l’homme l’aptitude à prendre en charge l’ensemble des aspirations de justice sociale et d’émancipation.
Les Partis politiques contemporains qui structurent le champ politique à Gauche, tous, se sont constitués et organisés sur ces bases fondamentalement patriarcales.
Aujourd’hui, bien qu’ils soient travaillés en leur sein par l’émergence du puissant mouvement féministe post #MeToo, ils le maintiennent pourtant toujours sous tutelle.
Cette mise sous tutelle du féminisme est particulièrement efficace au Parti Socialiste où le fonctionnement démocratique organisé sur la base d’affrontement entre courants constitués et la régulation fédérale soumise à puissantes « baronnies » locales, laissent peu d’espace à l’expression et à la représentation de valeurs menaçantes pour l’ordonnancement existant.
Sinon, à ce que chaque candidat au pouvoir dans le Parti, dans la conquête d’une part du « marché féministe » lui concède quelque intérêt en allant y puiser revendications et argumentaires en phase avec ses propres objectifs et stratégie … morcelant ainsi le féminisme pour en faire disparaitre sa valeur intrinsèque. Or la parité est non négociable aujourd’hui, c’est bien la norme ! Les femmes représentant 50% de la population, notre parti «socialiste et féministe » doit être force de proposition en ce sens et faire de la place, à égalité, pour les femmes, dans l’ensemble de nos systèmes décisionnels et partout où il est représenté !
C’est donc dans la perspective de maintenir la cohérence de la valeur féministe, de sa capacité à vivifier le projet global d’émancipation humaniste et universaliste à dimension réellement civilisationnelle, que nous portons cette contribution aux débats du congrès du Parti Socialiste.
C’est aussi, selon l’exigence propre au féminisme, contribuer à l’indispensable renouvellement démocratique du Parti en appelant au rassemblement de camarades libres et respectueux du consentement de chacun.e, et à une nouvelle pratique de l’union de la Gauche, rassemblée, chaque composante libre et respectueuse de l’autre.
Il n’est plus temps d’attendre
Même si le féminisme est sans aucun doute la manifestation sociétale et politique la plus consistante et la plus novatrice de ces dernières années, y compris à l’échelle mondiale, l’Histoire nous montre qu’à défaut de cristallisation concrète par une Loi, une prise de pouvoir … toute embellie s’essouffle. Tandis que partout dans le monde, d’Afghanistan en Iran, d’Israël aux États arabes, et de la Russie de Poutine aux USA de Trump, les forces réactionnaires sont à l’offensive, notamment contre les femmes, nous vivons en Europe un de ces instants privilégiés et devons prendre nos responsabilités.
Bousculer la « vieille maison » ses rites et ses coutumes n’est pas sans risque aux lendemains de déconfitures électorales qui lui ont fait toucher le fond de la piscine.
1,75% il y a trois ans tout juste !
Mais là aussi, il faut savoir oser quand la dynamique vous y autorise.
Celle-ci est indiscutablement à la hausse,
Le PS est de nouveau en mesure de revendiquer le leadership sur la Gauche, au féminisme et à son corollaire l’Egalité Femme/ Homme d’en faire partie intégrante.
Toute aliénation, celle du patriarcat étant des plus pesantes, conduit ses victimes à l’accoutumance et à certaines formes d’acceptation. C’est la fonction même de l’aliénation : faire que la victime s’auto culpabilise et se rende responsable de sa soumission à la domination.
Terrible logique dévastatrice du viol, des discriminations sexistes, des violences conjugales… à contraindre les femmes, au statut de double victime du patriarcat.
Sortir maintenant de ce statut victimaire et des demandes de réparation qui vont avec, pour passer à l’offensive contre le système oppresseur et ceux qui en tirent profit.
C’est une lutte essentielle, se libérer des contraintes et tabous que les forces dominantes des États et des Églises ont imposé spécifiquement aux femmes, à la moitié de l’Humanité, et qui au cours du temps se sont instillés dans tous les rouages et esprits de nos sociétés.
De terribles régressions sont en cours dans le monde, menées par les pires intégrismes religieux et nationalistes, à toujours faire des femmes leurs premières victimes, à toujours brutaliser la démocratie, à toujours finir dans le plus brutal autoritarisme et nourrir la guerre avec ses voisins.
Intégrer le féminisme dans son projet est aussi un appel à la RESISTANCE contre le backslash d’un patriarcat revanchard un temps ébranlé par #MeToo.
Un parti comme le nôtre doit vouloir changer la société et s’il n’agit pas sur le modèle culturel dominé par le patriarcat, sur le dogme de la virilité, du combat érigé comme un mode de vie, nous serons complices de la violence de notre société.
Un rappel, si tous les hommes ne sont pas des criminels ou des délinquants, la quasi-totalité des criminels ou des délinquants sont des hommes – 84% des auteurs d’accident de la route, 90% des personnes condamnées par la justice, 97% des auteurs de violence sexuelle, 99% des clients de la prostitution (cf L. Peytavin, « le coût de la virilité »).
Mais les hommes ne naissent pas virils, violents et adeptes de la compétition par nature, le moteur de la violence est une construction sociale, par la société, l’éducation, les schémas de domination masculine.
L’idéologie et le libéralisme font de l’individualisme, de la force, de l’inégalité et de la compétitivité, les formes et les moyens de l’action publique et privée.
La composition même du Parti, moins sociologique que portée à produire des élus et donc à privilégier leur stratégie de consensus électoral, à protéger la conservation de leur mandat et de leur statut, l’empêche de privilégier les valeurs d’humanisme et d’universalisme qu’exigent la réflexion et l’action en matière de respect des femmes. Cette atrophie militante pèse sur les capacités du Parti à intellectuellement innover et plus encore sur sa détermination à convaincre et lutter pour ne pas succomber à l’inertie conservatrice du corps électoral dont il dépend.
Les prises de conscience tardives du PS aux évolutions et exigences de la société et les pesanteurs idéologiques conservatrices du productivisme et du patriarcat qu’elles révèlent, plombent notre reconnaissance dans l’opinion comme force politique progressiste de transformation.
MeToo a apporté l’exigence de respect et de consentement dans la relation entre individu et le refus de la violence. Le féminisme en portant son combat pour les droits des femmes a permis de faire avancer les droits des plus vulnérables et des minorités. Et sa lutte contre les violences sexuelles a permis la dénonciation des comportements incompatibles avec la dignité humaine et l’intégrité du corps humain.
Ériger le combat contre le système prostitutionnel en combat politique et décider de bâtir une société qui dit que le corps humain est à préserver du libéralisme économique, que tout ne se vend pas. Faire prendre conscience que la lutte contre les violences, et en particulier celles subies par les femmes, dont la prostitution est la manifestation la plus criante, est le passage obligé pour vivre dans une société où les droits de tous et toutes, leur dignité et leur intégrité sont respectés.
La prostitution, comme la pornographie contribue à diffuser l'idée que le corps des femmes peut être à disposition à tout moment, en payant ou en violant.
Pour résister, pour promouvoir un monde plus égalitaire, plus respectueux de l’Humanité, de toute l’Humanité, il faut savoir nommer ses adversaires.
Par souci politicien, par souci électoral, c’est pourtant devenu difficile.
- A ne plus oser dénoncer le capitalisme, son productivisme et son consumérisme, prédateur de l’Humanité et de sa planète.
- A ne plus oser dénoncer le libéralisme, destructeur du collectif et des solidarités.
- A ne plus oser dénoncer le nationalisme impérialiste, promoteur du racisme et de la guerre.
- A ne plus oser dénoncer les populistes, illusionnistes à générer le rejet des autres.
- A n’avoir jamais osé faire du patriarcat notre adversaire commun.
Et faute de ne pas dire que l’extrême droite c’est tout ça à la fois, celle-ci, ainsi dédiabolisée, prospère…
Il importe d’être clair, le PS doit être la force politique de la justice sociale, de l’écologie et du féminisme.
Tout ça à la fois ! Ici et maintenant !
Et nous, qui nous revendiquons progressistes, nous avons besoin de femmes puissantes, de femmes inspirantes :
« Le féminisme est un allié de la démocratie… Il est aussi une force de proposition pour une autre vie et pour un autre monde. Pensée, il défait les pièges du discours, démonte les stéréotypes… s’attaque aux fondements d’un système marqué par la constance de l’étendue de la domination masculine »
Michelle PERROT.
Le temps des féminismes 2024
Contributeur :
Première Signataire : Maud OLIVIER
Signataires : Geneviève Couraud CN CF13, Michèle Vitrac CM Sartrouville CN, Audrey Linkenheld sénatrice, Marie Recalde députée, Laurence Rossignol sénatrice, Sylviane Allaux ex.députée Fed 64, Nadège Azzaz maire de Chatillon 92, Malika Bonnot CM Lyon, Rose-Marie Boussamba CM Les Ulis, Morgane Caradec PS Palaiseau, Clovis Cassan Maire des Ulis 91, Christelle Charrier SF 86, Bernard Chaurand PS 91, Aboubacar Coulibaly PS 91, Jacqueline Devier SF 06, Abdelkader El Bouni PS 69, Jean-Michel Espalieu sec-sec Les Ulis 91, Cécile Fadat Maire-adj Condat sur Vienne CN Fed 87, Abel Gago PS 69, Marthe Gbaguidi CM Les Ulis, Claire Gobbé PS 33, Sadia Hadj Abdelkader CM Bègles 33, François Hoehlinger PS Paris 18è, Annick Le Roy CM Gif 91, Jean-Claude Le Scornet PS 91, Aline Maurice SF Egalité 03, Jean-Gaston Mouhounou CM Les Ulis, Andréas Mulard PS 91, Nastassia Naguszewski 1ère fed Essonne, Christian Niermont PS Bures, Shakthy Radjou PS 91, Dominique Ramuscello CM Lautrec, Daniel Retat PS 91, Emilia Ribeiro Maire-adj Les Ulis.