Thème : Éducation
Pour ouvrir de nouvelles perspectives constructives et donner du pouvoir à des citoyens polyvalents, capables et désireux de contribuer à l’intérêt durable de tous et aptes à s’adapter à une société changeante, aux nouveaux défis et opportunités du XXIe siècle, le changement doit commencer par l’enseignement. L’école, le collège, le lycée peuvent changer la donne en offrant réellement aux enfants et aux jeunes les clefs de leur épanouissement par la construction de la confiance en soi, de la capacité à agir, du savoir-faire. L’éducation doit donner à des individus des bases solides et utiles pour vivre, et non se contenter de « préparer des élèves au monde du travail ». Cela ne se fera que dans une institution épanouissante pour ses acteurs : enseignants, assistants de vie scolaire, enfants et jeunes, professionnels administratifs et parents. Au-delà de l’École, nous pouvons rendre notre société plus éducative et promouvoir une éducation tout au long de la vie. Il s’agit donc aussi de réfléchir aux évolutions possibles et souhaitables des dispositifs de formation professionnelle.
« On ne peut pas réformer l'Education Nationale sans les enseignants. » Lionel Jospin - Le temps de répondre
GARANTIR À CHAQUE ÉLÈVE LES OUTILS DE SA RÉALISATION PERSONNELLE ET UN CONTEXTE D’ÉPANOUISSEMENT
Inculquer un autre rapport entre enseignants et élèves ainsi qu’entre élèves, en favorisant les échanges et activités de groupe encadrées, et en incluant aux emplois du temps des séances d’éveil physique et psychologique améliorant bien-être et efficacité intellectuelle, en instaurant notamment des exercices d’éveil corporel.
Pour le cycle primaire
Articuler toutes les matières autour de la lecture, de l’écriture et des mathématiques pour une instruction centrée sur les bases fondamentales de la société, sans pour autant délaisser les autres sujets.
Faire en sorte que chaque établissement propose des activités artistiques et de développement de la créativité, ou encore de réflexion philosophique, notamment en alternative à la récréation et durant la pause méridienne. Ces activités devront être valoriser la dimension sociale de l’école.
Pour le cycle secondaire
Remplacer l’enseignement moral par des « débats de classe » servant à l’apprentissage des principaux sophismes et biais ainsi qu’à l’éducation aux médias. Les professeurs enseigneront par l’exercice la détection de rhétoriques fallacieuses et la démarche critique en régulant les débats. Les biais psychiques ou culturels les plus courants et simples à détecter seront traités lors des premières années, pour progressivement aborder des notions plus complexes et subtiles. Chaque collégien et lycéen sera en capacité de décrypter les messages véhiculés dans les médias et pourra développer son esprit critique.
Il est nécessaire que chaque collégien et lycéen soit en capacité d’exercer un regard critique face à l’information et aux fausses rhétoriques, il s’agit là de la condition sine qua non pour faire vivre la
démocratie. Il faut également utiliser ces débats de classe pour faire participer les élèves à la vie de l’établissement et les intégrer aux processus de décision.
Fusionner les cours de technologie, l’enseignement de découverte et les travaux personnels encadrés (TPE) en une matière « Projet encadré » basée sur une pédagogie par projets, d’abord autour de problématiques technologiques puis autour de thèmes adaptés de la section choisie. Cette matière fera découvrir aux élèves les dimensions d’un projet, de la gestion à la réalisation en passant par la communication et la maîtrise d’ouvrage, leur permettant d’explorer maints métiers et domaines. Enfin, elle visera à développer créativité et rigueur méthodologique face des problèmes complexes.
Proposer quatre grandes filières, à savoir, générale, technologique, professionnelle en alternance et professionnelle en apprentissage, ainsi que trois nouveaux bacs, en complément des bacsscientifiques Sciences de la Vie et de la Terre (SVT), Biologie et Sciences de l’Ingénieur (SI) :
∙ Spécialité Sciences et Techniques du Numérique et Mathématiques Appliquées (STNMA) ∙ Spécialité Sciences et Techniques des Systèmes Soutenables et Résilients (STSSR) ∙ Spécialité Durabilité de l’Architecture, de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire (DAUAT)
Outre la matière obligatoire « Histoire », créer deux matières optionnelles dans les cursus scolaires :
∙ « Monde contemporain » : matière consacrée au décryptage de la société dans laquelle nous vivons et des actualités telles que les médias nous les livrent. On y apprendra à lire les journaux, à comprendre les messages, à décoder les bulletins d’information et les journaux télévisés, etc. On y passera en revue les grands enjeux du monde, les grands courants politiques, les principaux rapports de force géostratégiques, les dessous des conflits majeurs, les civilisations, les cultures, les religions et les leçons de l’Histoire (remises en perspective dans le contexte de l’époque concernée afin de déterminer dans quelle mesure elles s’appliquent au présent et à l’avenir). On y étudiera aussi les bases du droit (notions de base, codes, délits, crimes et peines). Cette matière « instruira et construira » des citoyens adaptés au monde.
∙ « Prospective » : matière se composant d’activités de « projection » encadrées par des intervenants extérieurs, qui consisteront en l’exposé de problématiques contemporaines ou futures et en un brainstorming encadré. Les élèves y seront amenés à proposer des idées, à mener des études de faisabilité, à anticiper et gérer des obstacles. Les compétences développées dans le cadre de cette matière seront l’aptitude à la synthèse, à l’analyse et à la résolution de problèmes, mais aussi l’inventivité. De plus, les élèves y apprendront les techniques de débat et d’argumentation.
De grandes œuvres de science-fiction, d’anticipation et de prospective feront partie du programme de lecture, dans le but de stimuler la capacité de projection et l’esprit d’innovation. La matière Prospective permettra en outre d’agir en manne d’idées neuves non biaisées par l’expérience ou le recul professionnel, faisant ainsi office de creuset d’inventivités nouvelles. Activité corollaire de cette matière : certains établissements pourront créer des pépinières de créateurs d’entreprises juniors, ce qui contribuera à donner à la France un élan propice de dynamisme entrepreneurial.
Dès la seconde, permettre à chacun ayant un projet professionnel précis de moduler certaines heures pour personnaliser son programme et sa formation, à l’exception d’un tronc commun constitué des matières jugées fondamentales (dépendant partiellement de la filière choisie). L’aménagement se fera avec l’accord d’un responsable pédagogique.
L’Université en ligne pourra aider à la mise en place de modules spécifiques pour pallier leur indisponibilité au sein d’un établissement donné.
Développer les cérémonies de remise de diplômes pour célébrer la réussite des jeunes: il est crucial de féliciter les jeunes en fin de cursus et de faire la fête entre corps enseignant, élèves et familles ! L’éducation doit être vécue comme une aventure partagée, un travail d’équipe où chacun s’investit.
CRÉER UN SYSTÈME SCOLAIRE PERFORMANT POUR FAVORISER LA RÉUSSITE DE TOUS
Le système éducatif français est élitiste, sa logique est verticale (centralisée et descendante) et rigide, peu adapté à un monde en évolution rapide, et il suscite la reproduction sociale ; Il apparait donc nécessaire d’avancée vers une école publique de haute qualité, loin de ce modèle inégalitaire qui pérennise la coexistence d’une école d’élite et d’une école de masse médiocre :
∙ Supprimer les classes préparatoires, instaurer de nombreuses passerelles entre l’université et les grandes écoles
∙ Augmenter significativement le nombre de places dans les grandes écoles ∙ Recruter pour les grands corps d’État à un âge plus tardif, sur des critères professionnels
Ces propositions s’inspirent des travaux de la sociologue et directrice de recherche au CNRS Mme Monique Dagnaud (« Le modèle californien : Comment l’esprit collaboratif change le monde », Odile Jacob, 2016).
Mettre en place au niveau de l’établissement un référentiel qualité négocié avec l’ensemble des parties prenantes, référentiel qui intègre les exigences des ESG (normes et lignes directrices européennes en matière d’Environnement, de Social et de Gouvernance). Ce système, basé sur le modèle de la mutualisation des pratiques pédagogiques précédemment proposée, sera disponible en libre contribution et deviendra ainsi la base des nouvelles décisions au niveau de l’enseignement supérieur, en matière de pédagogie. Les universités ne seront ainsi plus isolées, mais connectées entre elles, et pourront faire évoluer le cadre national par la généralisation des meilleures pratiques validées par l’expérience.
GARANTIR AU CORPS ENSEIGNANT ET ÉDUCATIF UN ENVIRONNEMENT ET DES CONDITIONS DE TRAVAIL ADAPTÉS
Proposer une formation initiale et continue basée sur les observations concluantes du système de mutualisation des pratiques pédagogiques et axée sur la pédagogie, notamment en maternelle.
Permettre aux professeurs des écoles de bénéficier d’une Indemnité de Suivi et d’Accompagnement des Élèves (ISAE) équivalente à l’Indemnité de Suivi et d’Orientation des Élèves (ISOE).
Insérer les nouveaux professeurs (moins de 5 ans d’ancienneté) hors des zones d’éducation prioritaires.
Recruter 20 000 enseignants répartis selon les besoins de chaque établissement, pour faire baisser le nombre d’élèves par classe partout où cela est nécessaire.
Poursuivre le plan de revalorisation salariale des enseignants engagé par le gouvernement précédent. Redéfinir les métiers de l’enseignement est une transition aujourd’hui nécessaire :
∙ Reconnaître le travail en équipe, c’est-à-dire l’intégrer dans la formation et les services ; ∙ Repenser les concours de recrutement en fonction des nouvelles exigences ; ∙ Revaloriser le statut des enseignants, ainsi que leur rémunération ;
∙ Redéfinir le service des enseignants : moins d’heures de cours et davantage de présence autour d’un projet d’équipe : il s’agit de faire « autrement » ;
∙ Redéfinir le rôle de l’inspection et élire des chefs d’établissements adjoints chargés de la pédagogie.
ENCOURAGER COLLÉGIENS ET LYCÉENS À PRENDRE LEUR AVENIR EN MAIN
Au début de chaque année, distribuer un guide rappelant les droits du mineur vis-à-vis de la loi, de l’autorité parentale et de l’Éducation nationale, et récapitulant une liste des structures, initiatives ou associations existantes pouvant aider un élève dans chacun de ses projets.
Enseigner aux jeunes les clefs pour se connaître eux-mêmes, pour connaître et comprendre le passé et analyser le monde. Il s’agit de leur donner les outils pour apprendre la condition humaine : l’identité complexe de chacun et l’identité commune avec tous les autres êtres humains – et même au-delà, avec les autres êtres vivants : l’individualité, la communauté, l’espèce, l’appartenance à la biosphère. Il s’agit aussi d’apprendre la communauté de destin qui relie tous les êtres vivants sur Terre.
RESSERRER LE LIEN ÉCOLE-ENTREPRISES
Cette proposition est composée de trois sous-parties :
∙ Favoriser au sein des établissements scolaires la connaissance mutuelle et l’appropriation par les équipes pédagogiques et les jeunes des codes de l’entreprise, notamment celles de l’économie sociale et solidaire
∙ Encourager les sessions « découverte entreprise » et favoriser l’esprit d’entreprendre sous forme associative, coopérative et mutualiste comme le promeut le Réseau national des juniors associations
∙ Au collège et au lycée, instaurer des rencontres régulières avec des professionnels issus de différents secteurs venant présenter la réalité quotidienne de leur métier !
DONNER À CHACUN·E LA POSSIBILITÉ DE S’ORIENTER ET DE (RE)CONSTRUIRE SON PROJET DE FORMATION
Créer une Université en ligne avec un contenu exhaustif des formations publiques, accessible à toute personne souhaitant s’initier et proposant un ensemble de d’approches correspondant à chacun, grâce à un système de libre contribution. Expérimenter et co-créer un ensemble de formations innovantes via cette université, puis de façon matérialisée si les expérimentations sont concluantes.
Créer un Pôle d’Orientation fusionnant l’Office national d’information sur les enseignements et les professions (ONISEP) et les centres d’information et d’orientation (CIO), pour une meilleure lisibilité.
Créer un portail général d’orientation remplaçant le portail Admission post-bac, en élargissant le système à toutes les formations publiques (de l’apprentissage au master) et reconnues par l’État.
Ce système, géré en coordination avec les instances représentatives des étudiants, donnera plus d’importance aux projets personnel et professionnel de quiconque souhaite accéder à une formation.
Individualiser davantage les parcours des élèves, en intégrant des pédagogies alternatives (mode projet, coopération, travaux personnels, sport, culture…) et valoriser les compétences que détient chaque élève, via un « domaine d’excellence ».
Faire des parents des partenaires d’orientation actifs, écouter les vœux des enfants et de leurs parents et donner le temps aux enseignants de co-construire plutôt que d’envoyer les jeunes coûte que coûte vers le lycée général pour répondre à la demande des institutions et du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) ; proposer des portes de sortie avant la classe de troisième en
favorisant l’apprentissage à deux vitesses tout en laissant une possibilité de rescolarisation vers une filière traditionnelle.
Premier signataire :
Mathieu GITTON secrétaire de section de Belgique