- Mercredi 5 mars 2025
Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste
Dylan Boutiflat, Secrétaire national aux relations internationales
Ce 23 février, le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot a annoncé avoir signé un décret lançant une “commission d’évaluation de l’aide publique au développement” (APD), en réponse à un article du JDD qui caricature l’action française de solidarité internationale et relaie les attaques de l’extrême-droite, plagiant ainsi les mensonges d’Elon Musk.
L’éphémère président de la commission des affaires des affaires étrangères de l’Assemblée nationale a oublié que cet outil d’évaluation est inscrit dans la loi de programmation sur l’APD du 4 août 2021, mais que les gouvernements macronistes refusaient de l’utiliser. Pire encore, le chef de la diplomatie aurait gagné du temps en écoutant les alertes dès le 16 janvier de notre sénateur Rachid Temal rapporteur du budget de l’APD, le 22 janvier de notre députée Dieynaba Diop lors des questions au gouvernement, et le 12 février des députés socialistes européens Murielle Laurent et Christophe Clergeau en séance plénière
Le Parti socialiste condamne la remise en cause de l’engagement de la France, inscrit dans la loi de 2021, de porter l’APD à 0,7% du revenu brut national. Comme nous avions refusé la baisse des crédits de 800 millions en 2024, nous dénonçons leur réduction de 2 milliards supplémentaires en 2025. L’APD permet à des dizaines de millions de personnes à travers le monde de vivre dignement. Elle dit beaucoup de la France et de la nécessaire promotion d’un multilatéralisme qui combat le néo-impérialisme, qu’il soit chinois, russe ou américain.
En parlant d’APD « utile aux Français », il reprend le slogan de Trump « l'Amérique d'abord ! ». Qu’on ne s’y trompe pas, quand Donald Trump s’attaque à l’Agence américaine de développement international (USAID), il ne licencie pas seulement 1600 agents fédéraux et ne met pas seulement 100.000 collaborateurs au chômage technique. Il menace l’aide humanitaire mondiale (dont 42% est versée par les Etats-Unis) et les millions de vies qui en dépendent. Ceux qui s’affichent comme des patriotes soucieux de notre sécurité vont ainsi entretenir les inégalités sur lesquelles prospèrent les conflits, le terrorisme et les flux migratoires.
Face aux attaques sans précédent dont leur travail est la cible, le Parti socialiste exprime son soutien aux 3600 collaborateurs de l’AFD et particulièrement aux équipes qui font vivre sur le terrain l’idéal de solidarité internationale, notamment avec les centaines d’associations et d’ONGs. Nous réaffirmons l’utilité de leurs missions dans un monde troublé :
- Née sous la France libre, l’AFD est notre opérateur public du développement depuis 1998. Présente dans 150 pays, ses programmes contribuent à la réalisation des objectifs du développement durable, et à ce titre, à la construction d’un monde plus juste et plus sûr, y compris pour la France. L’accès à l'eau potable et aux soins, la recherche médicale évitent les migrations forcées. Les aides agricoles réduisent les famines et favorisent l’approvisionnement du monde.
- Il n’y a pas de « milliards engloutis » comme tente de le faire croire l’extrême-droite. L’AFD est avant tout une banque : les prêts constituent 85% de son activité. Avec moins de 2 milliards d’euros (soit 0,2% du budget de l’Etat), elle investit chaque année 25 milliards d’euros au service de la santé, de l’éducation, du climat ou de l’égalité hommes-femmes.
- Ces prêts bénéficient pour plus de 50% à des entreprises françaises, créant de la valeur et de l’emploi en France. L’AFD soutient aussi les organisations de la société civile française et internationale, contribuant ainsi à la vitalité du débat démocratique. Tous ses projets sont soumis à des procédures d’évaluations rigoureuses. La Cour des Comptes a mené un audit complet de l’AFD en 2023.
Pour que la France respecte ses engagements internationaux, le gouvernement doit tenir ses promesses. Pour maintenir les financements, la taxe sur les transactions financières globales doit ainsi passer de 0,3 à 0.7% du PNB, être gérée par un opérateur public et continuer de financer l’aide au développement. Nous souhaitons que la part de dons réservés aux pays prioritaires demeure une part importante du portefeuille de l’AFD, et qu’ils bénéficient aux populations les plus défavorisées, qui ne sont pas éligibles aux prêts de l’AFD. Nous proposons la séparation dans le groupe AFD d’une structure qui porterait les dons d’une autre sur les prêts, à côté des deux qui existent déjà : Proparco et Expertise France. Enfin, les prêts ne doivent pas aller aux États peu respectueux des principes guidant notre diplomatie. Le rang de la France mérite vérité et transparence.