Améliorer la condition étudiante


Thème : Enseignement supérieur


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La précarité étudiante constitue un obstacle majeur à l'égalité des chances et à la justice sociale, valeurs fondamentales du socialisme. Les difficultés financières que rencontrent de nombreux étudiants ont des répercussions directes sur leur réussite académique. Selon une étude de la Ligue des droits de l'Homme, 46 % des étudiants sont contraints de travailler pour subvenir à leurs besoins [1], ce qui peut nuire à leur performance universitaire et influencer leurs choix d'orientation en fonction des contraintes professionnelles .

De plus, une enquête de l'Observatoire de la vie étudiante révèle que 26 % des étudiants vivent dans une situation de précarité économique, les exposant à des risques accrus d'échec académique [2] . Ces conditions précaires affectent également la santé mentale des étudiants, avec 36 % d'entre eux présentant des signes de détresse psychologique, ce qui peut compromettre davantage leur parcours éducatif.

Face à ces constats, il est impératif de mettre en place des mesures concrètes pour soutenir les étudiants en situation de précarité, afin de leur permettre de se consacrer pleinement à leurs études et de favoriser leur réussite académique.

1. Logement

Le logement représente en moyenne 60% du budget d’un étudiant, et avec une augmentation rapide chaque année [3]. De plus, le nombre de logements CROUS, à bas prix comparé aux offres dans le privé, ne peut répondre qu'à 7% de la demande [4].

C’est pourquoi il faut militer pour :

  • Encadrer les loyers des logements étudiants : Instaurer un contrôle strict des loyers dans les zones universitaires afin de prévenir les abus et de garantir des logements abordables pour tous les étudiants.
  • Augmenter le parc de logements universitaires : Investir dans la construction et la rénovation de résidences universitaires gérées par le CROUS, en impliquant les étudiants dans la conception et la gestion de ces projets pour répondre au mieux à leurs besoins.
  • Garantie locative publique : Mettre en place une garantie locative assurée par l'État pour faciliter l'accès des étudiants au logement sans nécessiter de caution parentale, renforçant ainsi leur indépendance.

2. Alimentation

La précarité alimentaire touche une part significative des étudiants en France, avec près de 18 % d'entre eux ayant recours à l'aide alimentaire [5]. Cette situation souligne l'urgence d'améliorer les services de restauration universitaire et de rendre l'alimentation plus accessible à tous les étudiants. C’est pourquoi nous devons militer pour :

  • Améliorer les services de restauration universitaire : Augmenter les investissements dans les restaurants universitaires pour offrir des repas de qualité, diversifiés et équilibrés, en concertation avec les représentants étudiants. Il est aussi l’objet de rendre les restaurants universitaires plus accessibles que ce soit par la construction de nouveaux restaurants où une amplitude horaire plus large.
  • Repas à tarif réduit pour tous les étudiants : Étendre l'accès aux repas aux étudiants dans des lycées (CPGE, BTS, DCG) pour lutter contre la précarité alimentaire. L'état remboursera les pertes des lycées de la même façon que pour le CROUS
  • Amélioration de l’aide alimentaire pour les étudiants éloignés des structures de restauration : Améliorer l’aide financière spécifique aux étudiants n'ayant pas accès à un restaurant universitaire à proximité, afin de compenser les coûts supplémentaires liés à leur alimentation. Actuellement l’aide est de 20€ et 40€ par mois respectivement pour les non-boursiers et les boursiers.

Les socialistes ont remporté une victoire notable avec l'adoption par l'Assemblée nationale de la proposition de loi généralisant le repas à 1 € pour tous les étudiants dans les restaurants universitaires. Poursuivons nos efforts pour obtenir de nouvelles avancées en faveur de la jeunesse.

3. Transport

La mobilité des étudiants est entravée par des coûts de transport élevés, notamment pour ceux qui doivent parcourir de longues distances pour rejoindre leur domicile familial ou se déplacer quotidiennement vers leur lieu d'études. Cette réalité accentue les inégalités et limite l'accès à l'éducation pour les plus précaires.

C’est pourquoi nous devons :

  • Soutenir les déplacements vers le domicile familial : Offrir une aide financière aux étudiants devant parcourir de longues distances pour rejoindre leur famille lors des périodes de congés, favorisant ainsi le maintien des liens familiaux. L’aide doit aussi pousser à prendre les transports en commun.
  • Obliger un tarifs étudiants dans les transports locaux : Imposer aux collectivités locales la mise en place de tarifs réduits pour les étudiants sur l'ensemble des réseaux de transports en commun, garantissant une mobilité accessible. La gratuité du réseau déjà mise en place par le camarade Delafosse à Montpellier est une piste à étudier sur le long terme.

4. Frais Universitaires

Dans une société qui aspire à l'égalité des chances et à la démocratisation du savoir, il est essentiel de garantir à chaque individu un accès équitable à l'enseignement supérieur. Or, les frais universitaires constituent souvent un obstacle majeur pour de nombreux étudiants,

en particulier ceux issus de milieux modestes ou étrangers. La Contribution de Vie Étudiante et de Campus (CVEC), instaurée en 2018, bien que destinée à améliorer les conditions de vie étudiante, représente une charge financière supplémentaire. De plus, les frais d'inscription différenciés pour les étudiants étrangers et les surcoûts imposés aux étudiants en formation continue ou à distance accentuent les inégalités au sein de notre système éducatif.

C’est pourquoi nous devons militer pour :

  • Suppression de la Contribution de Vie Étudiante et de Campus (CVEC) : Abolir la CVEC et compenser financièrement les établissements par une prise en charge étatique, allégeant ainsi le coût des études pour les étudiants.
  • Égalité des frais d'inscription pour tous les étudiants : Mettre fin aux frais d'inscription différenciés pour les étudiants étrangers, promouvant une politique d'accueil inclusive et équitable.
  • Élimination des surcoûts : Les étudiants en formation continue et à distance doivent souvent payer des frais d'inscription plus élevés que ceux en formation initiale. Cette disparité crée une inégalité d'accès à l'éducation. Il est donc recommandé de supprimer ces frais supplémentaires pour assurer une égalité des chances et permettre à tous d'accéder à la formation souhaitée sans contrainte financière excessive.

5. Lutte contre les Discriminations Géographiques

Dans une République qui se veut égalitaire et soucieuse de justice sociale, il est impératif de reconnaître et de corriger les disparités géographiques qui entravent l'accès à l'enseignement supérieur. Les étudiants issus de territoires éloignés, tels que la Corse, les Outre-mer et les zones rurales isolées, sont confrontés à des défis spécifiques, notamment des surcoûts liés à l'éloignement et aux déplacements fréquents. Ces obstacles financiers et logistiques compromettent leur égalité des chances et leur réussite académique.

C’est pourquoi nous devons instaurer:

  • Aides spécifiques pour les étudiants des territoires éloignés : Accorder des aides supplémentaires aux étudiants originaires de Corse, des Outre-mer et des zones rurales isolées, pour compenser les surcoûts liés à l'éloignement et aux déplacements.
  • Calculer les distances selon les trajets réels en transports en commun : En adoptant une mesure basée sur les itinéraires réels empruntés, le calcul des points de charge refléterait plus précisément les dépenses et le temps de trajet des étudiants. Cette approche permettrait une allocation plus équitable des bourses, tenant compte des réalités géographiques et des infrastructures de transport disponibles.

6.Santé

Dans une société qui valorise l'éducation et le bien-être de sa jeunesse, il est impératif de garantir à chaque étudiant un accès égalitaire aux services de santé.

Actuellement, bien que les Services de Santé Étudiante (SSE) offrent des soins de premier recours et des actions de prévention, tous les établissements ne disposent pas de tels services, laissant certains étudiants sans accès direct à des soins médicaux adaptés.

C’est pourquoi nous devons travailler pour:

  • Accès universel aux services de santé : Créer une aide financière pour les étudiants n'ayant pas accès à un service de santé universitaire, garantissant ainsi une couverture médicale adéquate.
  • Renforcement du soutien en santé mentale : La santé mentale des étudiants est une préoccupation croissante, exacerbée par les défis académiques et personnels qu'ils rencontrent. Des dispositifs tels que "Santé Psy Étudiant", mis en place en 2021, offrent déjà des séances gratuites avec des psychologues partenaires .

Cependant, pour répondre pleinement aux besoins, il est nécessaire d'étendre ces initiatives en augmentant le nombre de séances disponibles et en facilitant l'accès à ces services, garantissant ainsi un soutien psychologique continu et adapté.

  • Lutte contre la précarité menstruelle : La précarité menstruelle demeure une réalité pour de nombreuses étudiantes. Bien que des distributeurs de protections périodiques gratuites aient été installés dans les résidences universitaires des CROUS et les services de santé universitaires depuis 2021 , il est crucial de généraliser cette initiative à l'ensemble des campus et lieux d'études. De plus, une sensibilisation accrue sur la précarité menstruelle et l'accès à ces protections doit être menée pour assurer que toutes les étudiantes en bénéficient pleinement.

7. Bourses et Autonomie Financière

Dans une société qui prône l'égalité des chances et l'émancipation par le savoir, il est essentiel de garantir aux étudiants une autonomie financière leur permettant de se consacrer pleinement à leurs études sans être contraints de recourir à des emplois parallèles. Actuellement, le système de bourses sur critères sociaux offre un soutien financier à certains étudiants, mais celui-ci demeure insuffisant pour couvrir l'ensemble des besoins essentiels, et de nombreux étudiants n'y sont pas éligibles.

Pour ainsi garantir le bien-être des étudiants nous devons:

  • Mettre en place d'un salaire étudiant : Transformer le système de bourses en un salaire étudiant universel, adapté à la situation de chaque étudiant, afin de couvrir ses besoins essentiels et lui permettre de se concentrer pleinement sur ses études, sans avoir besoin de travailler à côté. Ce salaire ne doit jamais être inférieur au seuil de pauvreté.
  • Égaliser les salaires des alternants au niveau du SMIC : Actuellement, la rémunération des alternants varie en fonction de l'âge, du niveau de diplôme et de l'année de formation, avec des pourcentages du SMIC qui peuvent être inférieurs au salaire minimum légal. Par exemple, un alternant de moins de 21 ans en contrat deprofessionnalisation peut percevoir 55 % du SMIC, soit environ 990,99 € brut mensuel en 2025. Il est proposé d'aligner la rémunération de tous les alternants sur le SMIC, indépendamment de ces critères, afin de garantir une juste rémunération du travail fourni et de favoriser leur autonomie financière. Ce salaire serait additionné au salaire étudiant.
  • Rémunérer les doctorants : Les doctorants jouent un rôle crucial dans la recherche et l'enseignement supérieur. Pourtant, nombre d'entre eux vivent dans une précarité financière, notamment ceux sans contrat doctoral. Il est impératif de garantir à tous les doctorants une rémunération au moins équivalente au SMIC, assortie de conditions de travail respectueuses de leurs droits, afin de leur permettre de se consacrer pleinement à leurs recherches sans préoccupations financières. En 2024 20,8% des doctorants non pas de financement, néanmoins ce chiffre cache de très grandes inégalités, 97,1% des doctorants en sciences exactes et applications ont un financement tandis que seulement 50,9% des doctorants en sciences humaines [6]. En 12 ans, la France a perdu 10 000 doctorants [7], cette tendance est préoccupante pour notre souveraineté scientifique, surtout à une époque où il est essentiel de réduire notre dépendance vis-à-vis des États-Unis, de la Chine et de la Russie. Garantir l'autonomie financière des doctorants et assurer l'égalité d'accès aux formations doctorales constituent des étapes cruciales pour inverser cette tendance et renforcer notre position en tant que nation innovante et indépendante.

 

Sources

  1. « DL208-Dossier-4.-Lalarmante-realite-de-la-precarite-etudiante.pdf ». Consulté le: 4 avril 2025. [En ligne]. Disponible sur:

https://www.ldh-france.org/wp-content/uploads/2025/02/DL208-Dossier-4.-Lalarmante-re alite-de-la-precarite-etudiante.pdf

  1. « OVE-BROCHURE-REPERES-CDV2023-1-1.pdf ». Consulté le: 4 avril 2025. [En

ligne]. Disponible sur:

https://www.ove-national.education.fr/wp-content/uploads/2024/03/OVE-BROCHURE-R EPERES-CDV2023-1-1.pdf

  1. « Enquete-sur-le-cout-de-la-vie-etudiante-2023.pdf ». Consulté le: 4 avril 2025. [En ligne]. Disponible sur:

https://unef.fr/wp-content/uploads/2024/08/Enquete-sur-le-cout-de-la-vie-etudiante-2023. pdf

  1. « Avec 1 chambre Crous pour 17 étudiants, la pénurie de logements continue de s’aggraver - L’Etudiant ». Consulté le: 4 avril 2025. [En ligne]. Disponible sur: https://www.letudiant.fr/lifestyle/logement_2/avec-1-chambre-crous-pour-17-etudiants-la- penurie-de-logements-continue-de-saggraver.html
  2. « Précarité : près d’un étudiant sur cinq a recours à l’aide alimentaire, souligne un rapport », 17 octobre 2024. Consulté le: 4 avril 2025. [En ligne]. Disponible sur: https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/10/17/precarite-pres-d-un-etudiant-sur-cinq-a

-recours-a-l-aide-alimentaire-souligne-un-rapport_6353999_3224.html

  1. L. rédaction, « 10 chiffres sur le doctorat en 2024 ». Consulté le: 5 avril 2025. [En ligne].

Disponible sur: https://diplomeo.com/actualite-doctorat_chiffres_cles_2024

  1. « Universités. « On est très seuls pendant la thèse » : de moins en moins de doctorants en France ». Consulté le: 5 avril 2025. [En ligne]. Disponible sur:

https://www.dna.fr/education/2022/09/20/on-est-tres-seuls-pendant-la-these-de-moins-e n-moins-de-doctorants-en-france


Contributeurs : Andreas MULARD, Section de Chinon (37)


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