Thème : Apprenons de nos partis freres
Nous, socialistes français résidant à l'étranger, portons un regard singulier sur les débats et les enjeux politiques de notre pays. Bien sûr, les sujets français nous concernent pleinement, mais nous les appréhendons à travers le prisme de notre expérience locale, influencés par les coutumes, les organisations sociétales, culturelles, associatives, politiques et entrepreneuriales de nos pays d'accueil. Cette perspective enrichit notre analyse et nous permet d'apporter une contribution originale et précieuse au projet socialiste français.
En Espagne, et en Catalogne, nous entretenons des liens étroits avec nos partis frères : le PSOE à l'échelle nationale et le Parti des Socialistes de Catalogne (PSC) au niveau régional. Notre engagement dans la vie politique locale et nos interactions régulières avec ces formations nous offrent des échanges riches et instructifs. Ce dialogue permanent alimente notre réflexion et affine notre vision des défis contemporains en France et en Europe.
Et nous ne sommes pas seuls. Des socialistes français sont présents dans la plupart des pays du monde. Notre organisation fédérale est le vecteur ideal pour nous permettre d'échanger sur des problématiques communes qui, bien que différemment traitées selon les contextes nationaux, peuvent nourrir nos propositions collectives.
L'exemple espagnol est particulièrement instructif. Aujourd'hui, les socialistes gouvernent à Barcelone, en Catalogne et à l'échelle nationale. Mais cette victoire n'a pas été instantanée ni aisée. Elle a exigé des alliances, des compromis, une participation active à des gouvernements de coalition et une capacité à se remettre en question et à retourner devant les électeurs. Il a fallu gouverner avec des alliés de gauche, parfois du centre, dans un esprit de négociation permanente. Et parfois même renoncer à la coalition de trop pour être en mesure de revenir plus vite et plus fort.
Car personne ne peut gouverner seul sur ses seules convictions. Il faut savoir dialoguer, construire des accords et converger vers des solutions qui transforment réellement la vie des citoyens. Ce pragmatisme, loin d'être une faiblesse, est la condition d'un ancrage durable au pouvoir.
Gouverner ne doit pas se limiter à la préoccupation de la prochaine échéance électorale. Au contraire, c'est en démontrant notre capacité à changer la vie de ceux qui en ont le plus besoin, tout en respectant celle de ceux qui vont mieux, que nous pouvons durablement convaincre.
Alors, dans cette route vers le congrès, notre ambition ne doit pas seulement être de gagner les élections, mais de gouverner, et de gouverner bien.
Dans ma vie, j’ai vu trois fois la gauche française remporter des élections majeures (Mitterand en 1981, Jospin en 1997 et Hollande en 2012). Mais à chaque fois, la défaite suivante a été rapide et lourde. Ne reproduisons pas ces expériences. Mettons tout en œuvre pour gagner, et surtout pour durer. La seule recette magique est de gouverner pour transformer la vie des citoyens, et de le faire avec intelligence, pragmatisme et sens de la durée.
Contributeur : Eric Mass - Militant PS Barelona et PSC