Thème : Autonomie des Jeunes socialistes
Assez de dépendance, l’heure est à l’autonomie !
En 2018, après plus de 25 ans d’existence et des années de crise, le Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) disparaissait. Nous avons depuis réussi à reconstruire une organisation politique de jeunesse de gauche capable de relever de nouveaux défis. Toutefois, il reste beaucoup à faire pour disposer pleinement des moyens d’agir en tant que Jeunes socialistes. L’une des solutions que nous proposons est l’autonomie.
Cette autonomie doit être d'abord organisationnelle. Nous sommes aujourd’hui complètement dépendants du Parti socialiste (PS). Le 16e congrès des Jeunes socialistes (JS) qui s’est ouvert début 2025 montre combien nous sommes loin de pouvoir exister par nous-mêmes. Avant même d’évoquer les questions financières, il est nécessaire d’établir une séparation claire entre les deux organisations. Celles-ci doivent travailler main dans la main mais chacune de manière autonome. Conscients des erreurs passées et présentes, nous affirmons notre attachement au PS mais proposons aux JS de devenir réellement l’organisation de jeunesse du parti et non plus simplement un club des moins de 30 ans. Les objectifs sont très concrets : la constitution d’un véritable vivier de militants autonomes, la création d’organes de contrôle autonomes ou encore des procédures propres de fonctionnement. Le PS fonctionne de manière démocratique, pourquoi pas les JS ?
L’autonomie financière apparaît également comme un levier indispensable afin de jouir d’une réelle autonomie. Comment être autonomes en étant dépendants des ressources financières d’une autre organisation ? Comment penser pouvoir être le poil à gratter du PS en ne s’appuyant que sur l’argent de celui-ci pour fonctionner ? Aujourd’hui, c’est la direction du PS via le Bureau national (article 59 du règlement intérieur des JS) qui choisit combien elle souhaite verser aux JS. En ce moment, cela fonctionne car la direction du PS s’estime proche de la direction des JS sortante, mais quid du jour où nous voterions démocratiquement l'alternance au congrès JS ou PS ? Avec des ressources propres – en réinstaurant la double adhésion PS-JS, d’activités génératrices de revenus ou de dons extérieurs –, les JS pourraient enfin rompre avec une dépendance financière (et donc politique) au PS et affirmer leur capacité à mener leurs propres combats de manière autonome.
Une autonomie lucide et organisée qui nous pousse vers l’avenir. Aujourd’hui, quand on parle d’autonomie chez les JS, on nous renvoie systématiquement aux erreurs et aux dérives du passé. Nous sommes confrontés à un discours qui agit comme un argument d’autorité voire comme un vecteur de rassemblement pour certains. Parce que nous pensons qu’il faut regarder vers l’avenir et solder définitivement les comptes et les méthodes du passé, nous proposons une organisation qui redonne sa place aux militant.e.s et permet de faire émerger une nouvelle génération de socialistes.
Cette autonomie n’est pas une fin en soi : elle doit permettre aux JS de devenir un véritable espace d’innovation politique, en phase avec les attentes des jeunes générations. Hier en première ligne pour le mariage pour tous, les JS doivent aujourd’hui l’être pour la légalisation du cannabis ou le fédéralisme européen.
Les JS ont vocation à redevenir une force motrice des mouvements de jeunesse de gauche. C’est par ce chemin qu’il aidera au mieux son aîné, en portant les combats des jeunesses, en étant au plus proche de la réalité du terrain et en incarnant une forme de rupture avec l’ordre établi.
C’est le cas chez la plupart de nos voisins européens où les organisations de jeunesse de gauche sont affiliées à leur parti politique tout en étant très autonomes, tant en termes de fonctionnement que de financement. Les Juventudes socialistas espagnols ont, comme c’était le cas historiquement pour les JS français, une adhésion propre. Ce modèle a ses limites, comme nous l’avons éprouvé ces dernières années. Les Jusos allemands sont, eux, liés à leur parti, le SPD avec une adhésion commune mais n’importe qui peut choisir de faire un don directement à leur organisation.
Notre objectif est simple : que les jeunes du PS que nous sommes aujourd’hui deviennent les JS, une organisation à part entière, autonome du PS tout en lui étant, de fait, rattachée. Nous pensons primordial que le PS se dote d’une organisation de jeunesse forte et autonome.
Pour construire un mouvement plus solide, plus démocratique et plus enraciné dans les territoires, il est indispensable de décentraliser nos pratiques et de repartir de la base.Les fédérations des JS doivent devenir un espace d’émulation, de rassemblement et d’action pour l'ensemble des jeunes engagé·es dans nos luttes.
A l’heure actuelle, certaines fédérations n’ont pas d'animateur·ices fédéraux·ales. En effet, selon l'article 27 du Règlement Intérieur des JS, il faut 5 jeunes pour pouvoir avoir formellement “une fédération”. A notre sens, il est du rôle du secrétariat national d’accompagner les camarades souhaitant en reconstruire une. Ces fédérations doivent devenir des pôles capables d’agréger les initiatives locales et de tisser des liens avec les associations et organisations de jeunesse, notamment les syndicats lycéens et étudiants ou le Groupe Socialiste Universitaire.
Il est également crucial de garantir des pratiques démocratiques au sein des fédérations. Des règles comme la tenue d’assemblées générales avec un vote annuel sur un rapport d’activité doivent être appliquées. On ne peut pas accepter de défendre la démocratie en externe et ne pas se l’appliquer à nous même en interne.
Garantir des fédérations vivantes, actives et représentatives est un objectif à notre portée, à condition d’en avoir la volonté collective. Pour toute ces raisons, nous proposons notamment que les JS travaillent sur la base de ces propositions :
Un département, une fédération : Chaque département doit disposer d’une fédération pour garantir une présence locale efficace partout sur le territoire, dans l’Hexagone comme en Outre-mer. Le Secrétariat national doit accompagner activement leur développement, en lien avec les structures locales militantes et associatives. Il peut notamment s’aider dans cette mission des Unions Régionales, pour venir en aide aux fédérations en reconstruction ou celles en cours de création.
Aider à la création de structures associatives annexes : Les fédérations doivent encourager et soutenir les initiatives associatives complémentaires pour renforcer l’ancrage local des militants du territoire.
Décentraliser les formations : Les formations doivent être accessibles à toutes et tous, pour favoriser l’implication des militant·es, et notamment les plus jeunes - notre organisation étant accessible à partir de 15 ans. Nous créerons pour cela une plateforme dédiée aux nouveaux adhérents où ils trouveront des wébinaires, des offres de formations physiques, une bibliographie ou une filmographie.
Référent·es VSS : Chaque fédération doit nommer un·e référent·e chargé·e des violences sexistes et sexuelles (VSS) pour garantir un espace militant sûr et inclusif, de nos réunions à nos soirées plus conviviales.
Jumelages européens : Chaque fédération doit être accompagnée pour créer un jumelage avec une fédération-sœur en Europe, favorisant ainsi les échanges internationaux et cela en lien avec notre organisation européenne YES.
Réunion mensuelle des Animateurs Fédéraux : Organiser obligatoirement une réunion par mois entre le Secrétariat national et les animateur·ices fédéraux·ales pour remonter les problématiques locales et favoriser une meilleure coordination.
Prévention du burn-out militant, santé mentale militante : Désignation d’un·e référent·e santé militante formé·e dans chaque fédération
Adopter une charte des bonnes pratiques du numérique au service de la santé militante : bannir les réunions le dimanche ; limiter l’horaire des activités militantes (réunions, boucles de discussion) à 23h.
2026 : Place aux jeunes !
Les élections municipales de 2026 représentent une opportunité majeure pour affirmer la place des Jeunes Socialistes dans les territoires. Notre ambition est simple : faire des JS la première organisation chez les jeunes élu·es locaux·ales. Cela nécessite de mettre en œuvre des actions concrètes pour garantir une meilleure représentation des jeunes et leur permettre d’exercer des responsabilités à la hauteur de leurs compétences et de leurs ambitions, dans un objectif de renouvellement générationnel des élus alors que seuls 3,9% des maires ont moins de 40 ans.
Notre unité et notre autonomie nous permettront de demander la présence de jeunes de moins de 30 ans sur les listes, en veillant à ce qu’ils et elles soient placé·es en position éligible et non uniquement symbolique. Il est également essentiel d’encourager les candidatures de jeunes comme têtes de liste, y compris dans des communes de taille modeste, afin de démontrer que nous sommes capables de prendre les rênes, peu importe le contexte.
Enfin, il est crucial de veiller à ce que les jeunes élu·es ne soient pas cantonné·es aux délégations « jeunesse », mais qu’ils et elles accèdent à des responsabilités variées au sein des exécutifs municipaux. C’est en prenant en charge des dossiers structurants que les Jeunes Socialistes prouveront leur capacité à incarner l’avenir de la gauche et à transformer nos territoires.
2026 doit être le tournant qui permettra aux Jeunes Socialistes d’investir pleinement les mairies et de porter nos valeurs au cœur de l’action municipale.
L’autonomie est donc un objectif atteignable comme le montre l’évolution des considérations de la direction nationale des JS depuis le 3e congrès de Lille en 2023. Alors qu’elle était dite impossible, inconcevable il y a encore quelques mois, elle est aujourd’hui souhaitable et nécessaire. Le congrès actuel montre que l’autonomie une ambition qui peut être partagée par une majorité et auquel il convient désormais de donner corps.
Contributeur :
COHEN Maxime - Candidat à la Présidence des Jeunes Socialistes, Membre du Conseil National des JS, Membre du Bureau fédéral des JS Paris, Conseiller fedéral des JS Paris - Co-secrétaire de section adjoint du PS 18e (75)
GIRARD Ahlem - Membre du Bureau National des Jeunes Socialistes, Membre du Conseil National des JS, Membre du Bureau fédéral des JS Paris, Conseillère fédérale des JS Paris - Conseillère fédérale du PS Paris, Co-secrétaire de section du PS 11e - Léon Blum (75) ; FLECHELLES Noah - Conseiller fédéral des JS Paris - Conseiller fédéral du PS Paris, Co-secrétaire de section du PS 20e - Commune de Paris (75) ; FELDMAN Chanael - Conseillère fédérale des JS Paris - Secrétaire fédérale à la Jeunesse de la fédération PS de Paris (75) ; MIROUFLE Hugo (75) ; LEVELEUX-TEXEIRA Oriane - Conseillère fédérale des JS Paris (75) ; HORCHLER Justin (75) ; GUIRAULT Guillaume - Animateur fédéral des Jeunes Socialistes de Côte-d'Or (21) ; DOMENECH Marceau (75) ; BARDY Nicolas (38) ; HEULARD Baptiste - Trésorier fédéral des JS des Yvelines - Secrétaire de la section de Maurepas-Coignières (78) ; MAILLET-PRAUD Doriann (59) ; MERLET Ethan (75) ; LE FLOCH Roméo (75)