Thème : Transport
Si depuis 20 ans, la pollution industrielle a considérablement diminué – on parle de 45 à 65% – la pollution atmosphérique due aux transports, elle, n’a fait qu’augmenter. En ville, la situation devient plus que sensible, avec des pics de pollution de plus en plus fréquents. Les embouteillages contribuent ainsi pour 75% à la pollution photochimique et pour 40% aux retombées acides.
Le secteur du transport fait partie des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre derrière l’industrie de l’énergie
Pour mieux vous rendre compte de l’impact des transports sur la planète, voici les chiffres principaux à retenir :
∙ Le transport représente environ 25 % des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) dans le monde (dont 15 % sont liées au transport routier, 3 % à l’avion, 2 à 3 % au bateau et 0,4 % au train).
∙ En France, le secteur du transport est le 1er émetteur de CO2.
∙ Les embouteillages contribuent à 75 % à la pollution de l’air.
∙ 48 000 morts par an sont liés à la pollution de l’air et aux particules fines. ∙ Tous les ans, environ 121 millions de tonnes de CO2 sont émises par les transports (la voiture est responsable à 54 %).
∙ 60 % des trajets font moins de 2 kilomètres (sachant qu’il faut seulement 8 minutes à pied pour faire 500 m, autant prendre ses baskets !).
« Un Français consomme un peu plus d’une tonne de pétrole par an en moyenne. On consomme plus de pétrole qu’on ne boit d’eau ! » Jean-Marc Jancovici
ENCOURAGER PAR TOUS LES MOYENS POSSIBLES LE DÉVELOPPEMENT DE NOUVEAUX MODES DE TRANSPORT POUR LES VOYAGEURS ET LE FRET
Mettre au point et déployer de nouveaux types de véhicules et dispositifs de transport peu dépendants des combustibles fossiles, et développer de nouvelles organisations collectives des transports axées sur les « nouvelles économies » : économie du partage, de fonctionnalité, collaborative, circulaire, bleue, symbiotique…
En France 94 % des transports dépendent du pétrole, qui est intégralement importé.
Rabaisser les seuils de pollution admissibles pour tous les véhicules ; systématiser les contrôles et durcir les pénalités pour les constructeurs en cas de déclarations erronées.
Offrir un soutien public aux nouveaux usages en économie collaborative : copropriété de véhicules, covoiturage notamment covoiturage court domicile-travail…
Organiser une campagne de promotion du télétravail et des modes de travail permettant de diminuer au maximum les déplacements :
∙ Rendre obligatoire la création de plans de déplacement entreprises et interentreprises, qui incitent à l’adoption du covoiturage pour la mobilité domicile-travail
∙ Restreindre le nombre de places de parking pour inciter à la pratique du covoiturage
∙ Systématiser la fourniture d’un titre de transport collectif annuel aux travailleurs du tertiaire, afin qu’utiliser les transports publics ne constitue pas une dépense additionnelle pour les utilisateurs de voiture particulière
∙ Faciliter l’accès au coworking pour les salariés ; soutenir la création d’espaces dédiés dans les petites, moyennes et grandes agglomérations, priorité étant donnée aux zones périurbaines ∙ Baisser l’indemnité transport pour les utilisateurs de voiture particulière
Interdire toute vente de voitures à essence ou diesel en 2030.
Plusieurs États ont décidé ou projettent d’interdire la vente de véhicules diesel à l’avenir : les Pays-Bas et la Norvège en 2025, l’Inde et l’Allemagne en 2030, le Royaume-Uni en 2040.
Construire des péages urbains et des aires de stationnement en périphérie des villes, et développer des « plateformes multimodales » de transports en commun à ces endroits-là (regroupant divers modes de transport urbains).
Encourager au développement de zones piétonnes en ville, ouvertes aux transports doux. Développer massivement des transports en commun à empreinte écologique minimale :
∙ Véhicules plus petits et légers, mais plus nombreux et plus fréquents
∙ Soutenir l’installation de systèmes de régulation du flux en fonction de la demande en temps réel
∙ Instaurer une politique publique de tarifs très bas En ville, favoriser le développement d’un réseau de minibus de 10 à 20 places assises que les usagers peuvent commander une demi heure à l’avance à un point de prise en charge existant, jusqu’au point de destination.
En ville, favoriser également le développement de « taxis collectifs » écologiques : grosses voitures de six places organisées sur le modèle d’Uberpool, un service proposé par Uber où l’on partage le véhicule avec plusieurs autres passagers.
En ville comme à la campagne, favoriser le développement de l’autopartage. Mettre l’accent sur l’autopartage « en boucle », où les usagers retournent le véhicule en son point d’emprunt, et sur l’autopartage entre particuliers, qui possèdent un potentiel très important de réduction des émissions des gaz à effet de serre.
D’après l’ADEME, en France en 2016, 46 % des usagers de l’autopartage étaient des personnes qui avaient auparavant une voiture et n’en possédaient plus au moment de l’enquête, et 23 % des usagers de l’autopartage ont déclaré que cette formule les a fait renoncer à l’achat d’une voiture. (Enquête Nationale sur l’Autopartage)
Encourager la création de voies réservées aux véhicules à occupation multiple (voies à accès règlementairement limité aux véhicules comptant un minimum de trois occupants). Leur usage peut être partagé avec les bus et les autopartageurs. Ces voies incitent à l’utilisation des modes alternatifs à la voiture individuelle, en les rendant « compétitifs ».
Soutenir le fret ferroviaire et fluvial entre grandes villes et entre pays. Appliquer une fiscalité avantageuse pour les activités se reconfigurant pour utiliser davantage ces formes de fret.
Taxer le transport routier sur des axes où le transport ferroviaire ou fluvial existe.
Accorder un soutien d’État au développement du train. Une politique volontaire doit être menée afin qu’il redevienne concurrentiel face à la route et à l’aérien
Développer le ferroutage et un maillage plus serré du réseau ferré pour les voyageurs.
Subventionner le développement du tram-train dans les agglomérations de taille moyenne. Ce mode de transport permet le maillage d’une agglomération pour un coût d’infrastructure raisonnable et une empreinte environnementale minimale.
Favoriser l’intermodalité train / vélo pour augmenter le nombre d’interconnexions d’un réseau de déplacements peu pétro-dépendant.
DÉVELOPPER L’USAGE DU VÉLO
À l’image des pays scandinaves mais aussi de l’Italie et de l’Espagne, développer l’usage du vélo. Pour cela, il est nécessaire de :
∙ Rendre l’indemnité kilométrique vélo (IKV) plus incitative en portant la défiscalisation des sommes, pour le salarié comme pour l’employeur, à hauteur de 385 € (au lieu des 200 € actuels), comme le préconisait le ministère de l’Environnement lors de l’ouverture de la COP21 en 2015
∙ Rendre l’IKV obligatoire dans les entreprises, permettre aux collectivités locales de la proposer à leurs agents et déployer sa mise en œuvre à l’ensemble des fonctions publiques ∙ Mettre en place un bonus écologique d’un montant de 250 € pour l’achat d’un vélo à assistance électrique ou d’un vélo-cargo à assistance électrique
∙ Lancer une grande campagne nationale de promotion du vélo et de la mobilité active auprès du grand public, des collectivités et des entreprises, notamment dans le cadre des plans de mobilité et des plans de déplacement interentreprises
∙ Affecter 10 % du budget des routes nationales et autoroutes au maillage d’itinéraires vélo ∙ Mettre en place une TVA réduite pour les petits services de réparation de bicyclette ∙ Créer un label national pour les vélos assemblés en France
∙ Accélérer la réalisation du schéma national des véloroutes et voies vertes afin de relier les territoires, les centralités en périphérie des villes, les liaisons entre pôles
∙ Généraliser les amendes minorées à l’encontre des cyclistes, sur le principe de la juste proportionnalité des peines
∙ Développer le stationnement vélo
∙ Généraliser l’apprentissage précoce et pratique de la mobilité à vélo afin que tout enfant acquière la compétence « se déplacer à vélo en autonomie », au plus tard la veille de son entrée au collège
∙ Lancer un appel à projets national dédié aux mobilités actives afin d’accompagner les collectivités territoriales et mettre en lumière des réalisations exemplaires qui opèrent un report modal de la voiture au vélo et à la marche en moins de cinq ans
MENER UNE GRANDE CAMPAGNE DE SENSIBILISATION ET DE FORMATION AUX MÉTIERS DE LA TRANSITION
La société entrant dans une zone de turbulences inédites et à certains égards potentiellement disruptifs, nous devons nous préparer individuellement et collectivement à certaines raréfactions de ressources.
Encourager l’apprentissage de savoir-faire traditionnels par les particuliers, ayant souvent une composante manuelle (mécanique, métiers agricoles, professions liées à la production alimentaire, énergie, construction, artisanats…).
Soutenir le développement de filières professionnelles spécialisées dans l’économie durable
CRÉER DES PÔLES TERRITORIAUX DE TRANSITION VERS LA DURABILITÉ Implanter ces pôles au cœur de chaque territoire, avec la mission de coordonner et de faciliter les mutations des systèmes énergétiques et agricoles locaux, incluant les questions d’aménagement (et ménagement) du territoire, de transports et de bâtiment/logement.
INSTAURER UNE DÉMARCHE « ZÉRO DÉCHET » NATIONALE
Pour tendre vers le zéro gaspillage et zéro déchet pour toutes les activités de l’État, et pour soutenir les acteurs du privé et de la société civile décidant d’entreprendre la même démarche, organiser un débat public national sur la question, en vue d’étudier les meilleures pratiques, les écueils, les facteurs de réussite et d’échec.
« Cinq règles de base, et dans cet ordre précis : refuser (ce dont nous n’avons pas besoin), réduire (ce dont nous avons besoin), réutiliser (ce que nous consommons), recycler (ce que nous ne pouvons ni refuser ni réduire ni réutiliser) et composter le reste. » Béa Johnson, in Zéro déchet (2013)
METTRE EN PLACE UNE POLITIQUE DE RÉSILIENCE
Le développement des activités économiques depuis un siècle a fortement endommagé la biosphère et entamé les ressources dont la société dépend pour se perpétuer. Ainsi, il est impératif d’entreprendre une grande transition vers la soutenabilité.
Toutefois, étant donné les évolutions en cours et l’accélération de dynamiques délétères, l’attitude responsable consiste à ne plus considérer que l’avenir sera exempt de ruptures et de chocs potentiellement systémiques. La seule plausibilité de la chose suffit à nous intimer de prendre des mesures pour nous préparer collectivement à ces discontinuités potentielles. C’est à nos yeux une question de bon sens et d’attitude responsable.
Une politique de résilience implique de mettre en place des systèmes de plusieurs natures au sein des territoires. Notamment :
∙ Prévoir des stocks stratégiques (ressources de base) dans chaque communauté de communes ∙ Privilégier dès que possible l’efficacité énergétique, réduire l’impact écologique, opter pour des systèmes peu dépendants de chaînes d’approvisionnement potentiellement vulnérables ∙ Ériger des « barrières » pour protéger des chocs. Par exemple construire des digues autour des centrales nucléaires, renforcer les infrastructures critiques, planter des arbres pour stabiliser les sols, prévoir des systèmes robustes en cas de catastrophes naturelles
∙ Mettre en place des réseaux d’entraide et de complémentarité au sein des territoires et entre les territoires, afin de stimuler les économies locales et de diminuer la dépendance aux marchés financiers
∙ Mettre en place des indicateurs et dispositifs de suivi adaptés aux nouveaux risques, afin de ne plus ignorer les signaux faibles et d’être en mesure d’anticiper ; auditer les territoires afin d’établir un état des lieux de leurs forces et faiblesses, des opportunités et des menaces ∙ Redonder les installations, infrastructures, réseaux et services stratégiques et/ou vitaux
CRÉER DES INSTITUTIONS GARANTES DE LA PRÉSERVATION DE L’AVENIR COMMUN
Créer un ministère des Futurs souhaitables chargé, en relation étroite avec la troisième chambre parlementaire gardienne des évolutions de notre société en vue de sa préservation à long terme, d’imaginer les avenirs possibles et de produire des stratégies pour enclencher les bonnes dynamiques. Y seront menées des études prospectives et élaborés des scénarios plausibles. Les approches transdisciplinaires et transverses seront privilégiées et impliqueront services de l’État, collectivités, entreprises, société civile, citoyens, experts, syndicats, etc. Des débats publics seront organisés et des moyens seront alloués à des projets d’intérêt collectif et à des expérimentations d’alternatives.
Réviser le droit de l’environnement et la formation des magistrats pour que la question écologique soit traitée avec fermeté et courage.
PRENDRE NOS RESPONSABILITÉS EN TANT QUE POLLUEUR ET PRÉDATEUR DE RESSOURCES HISTORIQUE
Reconnaître officiellement la responsabilité des pays développés dans les changements climatiques, la raréfaction des ressources et le dérèglement des écosystèmes.
Financer un fonds d’accompagnement des pays en développement dans la décarbonation de leur économie et l’adaptation aux changements climatiques à venir. La France doit faire sa part en versant la contribution qui lui revient dans le Fonds vert pour le climat, sans attendre que les autres pays respectent leurs engagements.
Signataires :
Mathieu GITTON secrétaire de section de Belgique