Blum ou le rêve éveillé du socialisme

De qui Léon Blum est-il le nom ? Dans la mémoire collective, il est identifié presque exclusivement au Front populaire et la courte « embellie » de 1936. Calomnié par la droite et les camelots du roi, il fut vilipendé par le régime de Vichy et traîné au procès de Riom, en 1942, avant d’être déporté à Buchenwald. 

C’est peu dire que cet homme de savoir et de culture a suscité les passions. Ami proche de Lucien Herr, le très influent bibliothécaire de l’École normale supérieure de la célèbre rue d’Ulm, dont il fut lui-même un temps l’élève, il a été un républicain dévoué à la cause de l’État, un Français de confession juive, qui n’a jamais renoncé à le revendiquer, même dans les pires circonstances, et un socialiste de la première heure.

Les premières années. Né en 1872 dans une famille d’origine alsacienne, il grandit dans l’attachement aux valeurs républicaines. Sa prise de conscience s’est faite au moment de l’affaire Dreyfus comme en témoignent ses premiers  écrits politiques. Tout à la fois critique littéraire d’avant 1914 et juriste au Conseil d’État, il publie Les Nouvelles conversations de Goethe et Eckermann, en 1901, à la Revue Blanche

Ce livre, le premier, révèle sa foi dans le progrès humain, ce désir passionné de justice sociale, qui guident toute son action, et témoigne de la puissance de ses convictions, sa clairvoyance, sa lucidité et sa constance. La critique des livres et des pièces de théâtre, des mœurs et des institutions sociales se rattachent toujours aux mêmes principes, à la même philosophie. Celle d’une analyse lucide et rationnelle, parce qu'elle ne s'embarrasse jamais d'aucun préjugé. Elle est surtout un apport humain et constructif, parce qu'elle rejette toute injustice et toute obscurité, qu'elle défriche la voie nouvelle, courageusement et inlassablement. Blum compte, à cet égard, parmi ces rares intellectuels qui ont guidé la conscience socialiste et l’espérance dans l’idée de justice. 

Sa conversion au « dreyfusisme » et au socialisme s’est produite au même moment. Le lynchage - le mot n’est pas trop fort - dont il fut victime, le 13 février 1936, au sortir du Palais-Bourbon, montre jusqu’où pouvaient aller les haines recuites à son encontre, qui contrastaient singulièrement avec les multiples témoignages d’affection et de soutien qu’il suscitait par ailleurs.

Son judaïsme a été une des sources de sa condition socialiste, il a nourri sa part de messianisme. Cet antisémitisme auquel il a si souvent été confronté lui a donné une passion plus forte encore pour les valeurs universelles et une défiance marquée pour les enfermements, de quelque nature qu’ils soient.

Il fut de tous les combats. Dans les pas de Jaurès, il compta parmi ceux qui enracinèrent le socialisme dans une République émancipatrice. Il entra dans l’histoire en assumant, pour la première fois, les responsabilités de l’État et de la nation. 

Très vite, le voici qui anima de petites revues littéraires, mena des relations et des amitiés avec des personnalités illustres, au premier rang desquelles Maurice Barrès, Anatole France, ou bien encore André Gide. Il s’imposa également dans la chronique critique, mélange d’analyse, de conversation littéraire et d’essayisme politique. 

C’est Lucien Herr qui lui apporta l’idée d’organisation, « le collectivisme », comme il se plut à le dire. En 1896, il trouva l’équilibre. Son entrée au Conseil d’État lui donna alors la sécurité matérielle et lui conféra le prestige du haut fonctionnaire. Son autorité commença alors à être reconnue, et il fallut l’affaire Dreyfus pour apporter au jeune intellectuel l’expérience de la confrontation politique et de l’exigence militante qui guidèrent désormais son itinéraire personnel.

 

Dans les pas de Jaurès. Lucien Herr, d’abord. Jean Jaurès, ensuite. Celui-là même qui démontra les preuves truquées du ministère de la Guerre. Et qui établit qu’il est possible de concilier l’attachement à un idéal, la volonté de justice, avec l’action politique concrète. Comme le démontre parfaitement Alain Bergounioux, l’affaire Dreyfus « cristallisa au plus haut point les valeurs d’un socialisme moral que Léon Blum était déjà préparé à embrasser, mais qu’il a fait ensuite totalement sien ». (1)

Très vite, il revendiqua son appartenance socialiste, même si, par deux fois, en 1902 et 1906, il déclina les propositions qui lui furent faites de présenter sa candidature à la députation. Jusqu’à la guerre, il donna manifestement la priorité à sa famille, au Conseil d’État, à son travail littéraire. Parallèlement, il publia deux ouvrages, Du Mariage, en 1907, et Stendhal et le Beylisme, en 1914, qui en firent un essayiste reconnu. Attaché au « bloc des gauches », il vit le changement révolutionnaire comme une transformation des consciences, et c’est bien la disparition de Jaurès et l’entrée en guerre qui guidèrent ses choix futurs. Dès lors, il n’eut de cesse de se mêler des débats de la SFIO. Sans ambiguïté, il soutint les efforts de la défense nationale, contre la majorité pacifiste du Parti.

D’autres évènements allaient bientôt peser sur son destin. En mars 1917, éclata ainsi la révolution russe, qui renversa le tsarisme. Cet événement, salué au départ par la quasi-totalité des socialistes français, contribua largement au renversement de la majorité dans le parti, en faisant naître l'enthousiasme de nombreux militants gagnés par l'espoir d’un mouvement équivalent dans l’Hexagone, et la fin de la guerre, à l'image de ce qui venait de se produire en Russie.

Bientôt, le mouvement se radicalisa et gagna les partis européens. Certains entendaient créer de nouvelles organisations, sur le modèle du Parti communiste soviétique qui, triomphant, imposa son corpus idéologique et ses conceptions. Le premier apport historique que fit alors Blum au socialisme français fut naturellement la résistance raisonnée à cette idéologie qui emporta la grande majorité de la SFIO.

1920 fut marquée par les scissions. Le Congrès de Strasbourg, en février, constitua, de ce point de vue, une première étape : la SFIO décida de se retirer de la IIe Internationale, et réserva son adhésion à la IIIe Internationale, celle récemment créée à Moscou. La scission fut consommée au Congrès de Tours, qui se tint en décembre.

 

Rupture. À la veille du Congrès, trois courants se firent face : la droite du Parti, désireuse de rebâtir la IIe Internationale, même si elle fut dans l’incapacité d’empêcher la guerre. Cette tendance était très hostile à l'application des conceptions bolchéviques, en France. Léon Blum en fut le leader. Au centre, des militants se regroupèrent autour de Jean Longuet. Ils entendaient préserver par-dessus tout l'unité du Parti. Ils défendaient la révolution russe, mais récusèrent le modèle bolchévique. Ils préconisaient enfin la reconstruction de la IIe Internationale. La gauche rassemblait, pour sa part, les partisans d'une adhésion à la IIIe Internationale.

Les proches de Blum et de Longuet dénoncèrent d’une même voix les principes fondamentaux de l'Internationale communiste, tels qu'ils apparaissaient à travers les 21 conditions d'adhésion fixées par Lénine. Ces principes sont incompatibles avec le socialisme, estimaient-ils. Les socialistes ne purent que repousser le caractère non démocratique, autoritaire, du mouvement communiste, qui s'organisa d'une manière centraliste, tout en préconisant le noyautage des organisations ouvrières. Les desseins politiques y étaient concentrés sur la prise du pouvoir et la dictature du prolétariat, dans un total mépris de la légalité et de la liberté de l'homme.

Le congrès trancha nettement... À une écrasante majorité, les délégués se prononcèrent pour l'adhésion à la IIIe Internationale. Les partisans de Blum et de Longuet décidèrent de se regrouper pour conserver et reconstruire « la vieille maison », tandis que les majoritaires créèrent ce qui allait devenir bientôt le Parti communiste français. Cette scission, il faut le savoir, suivit ou précéda de peu des crises similaires dans bien des partis socialistes étrangers.

Au lendemain du congrès de Tours, la SFIO apparut moribonde : elle ne regroupait alors plus que 60 000 militants, contre 110 000 au PC. Sans compter que les plus jeunes optèrent pour le communisme. Le PC apparut comme la force neuve, celle qui offre une solution qui peut aboutir, enfin, à un espoir : celui de la révolution triomphante. 

Les chemins se séparèrent. Aucune alliance n'était envisagée entre les deux partis. Aucun contact non plus. Lors des campagnes électorales, le PC appliqua la tactique dite de « classe contre classe », préférant au deuxième tour maintenir ses candidats, même s'ils n'avaient aucune chance, et faire élire un candidat de droite plutôt qu'un socialiste... Il y avait les communistes et les autres, lesquels furent placés dans le même sac !

Le rapport de force s’inversa cependant peu à peu. De nombreux militants quittèrent le PC, ayant compris le fonctionnement et les buts de ce parti. D'autres furent exclus. Une bonne partie retrouva bientôt le chemin des sections socialistes. Les 110 000 adhérents communistes de 1920 ne furent plus, en 1933, que 28 000. Ce, alors même que la SFIO regroupa la même année quelque 130 000 militants. Dans les années trente, le Parti socialiste apparut comme la force de gauche la plus puissante, la mieux organisée, d'autant plus que le PC se retrouva totalement isolé. Cette remontée de la SFIO se nourrit de nombreuses causes. À commencer par le rôle prépondérant de Léon Blum qui apparut très rapidement, dans l’esprit de tous, comme l'héritier de Jean Jaurès. Il allait être l'âme du Parti, même s'il n’en fut pas le premier responsable : l'administration et la vie quotidienne furent confiées à Paul Faure, qui assuma le secrétariat général et qui apparut comme un fin organisateur.

 

Le Front populaire. La montée vers le Front populaire s’opéra crescendo, à partir de 1933. Le pays subit, en 1932, les effets d’une crise économique qui éclata en 1929 aux États-Unis. Après Mussolini, en 1922, Hitler arriva au pouvoir, en Allemagne, en 1933, favorisant ainsi partout la montée en puissance de mouvements fascistes. Face à cette crise, aux menées factieuses qui menaçaient la démocratie, la gauche se mobilisa et ses composantes se rejoignirent. Le danger atteignit son point culminant lors de l'émeute du 6 février 1934.

En juillet, SFIO et PCF signèrent un acte d'unité d'action. Le Parti radical les rejoignit l'année suivante. La pression des évènements favorisa le rapprochement. Jusqu'aux élections législatives de 1936, la France vécut dans la fièvre. Ces élections se déroulèrent les 25 avril et 3 mai. Quelques mois auparavant, en février, un Front populaire avait gagné les élections en Espagne.

En France, les partis du Front populaire furent majoritaires : 147 députés socialistes, 61 communistes, 106 radicaux, 51 communistes et socialistes « dissidents ». Entre les élections et l'installation du nouveau gouvernement, surgirent des évènements aux conséquences importantes : les grandes grèves. Il ne s'agit pas de grèves « révolutionnaires » parce que le mouvement a été spontané : la grande majorité des grévistes n’étaient pas habitée par l'idée d'une transformation de l'ensemble de la société. Ces grèves furent le contrecoup de la victoire politique aux élections, une affirmation de l'existence ouvrière. Ce mouvement, enfin, se déroula dans la joie et l'enthousiasme : « cette grève elle-même est une joie... un peu de fierté au cœur, un peu de chaleur humaine », a pu écrire la philosophe Simone Weil.

Le 4 juin, le gouvernement, présidé par Léon Blum, pourtant victime de violentes polémiques et d’attaques à caractère antisémite pendant les années 1930, s'installa. Les communistes optèrent pour un soutien sans participation.

Le 7, les célèbres accords de Matignon furent signés. Avec, à la clé, une augmentation des bas salaires de 15 %, la transformation des relations entre salariés et employeurs via des contrats collectifs de travail, la reconnaissance de la liberté d'opinion et de la liberté syndicale, les congés payés de 15 jours, et la semaine de 40 heures. Ces deux mesures, au plan de la doctrine socialiste, constituèrent une diminution de l'appropriation privée de la plus-value. Elles marquèrent également, selon les propres termes de l'historien Georges Lefranc, « la promotion des salariés à l'humain » (2) : les premières vacances, les auberges de jeunesse, la culture populaire.

Le Front populaire eut aussi à son actif des réformes de structure, sans doute moins connues : modification de statut de la Banque de France, nationalisation des industries d'armement, et en 1937, de la SNCF, création de l'Office national interprofessionnel du blé…

Cette expérience, Léon Blum et les socialistes ont voulu la mener dans le respect des mécanismes et des institutions économiques et politiques. Ils ont introduit, à l'intérieur du régime capitaliste, des mesures contraires à l'essence du système... mais ce système - ou plutôt ses représentants - finira par l’emporter. Le gouvernement Blum est contraint à la démission, le 20 juin 1937, après avoir proposé un programme financier énergique impliquant les pleins pouvoirs et le contrôle des changes.

 

Le gouvernement du Front populaire se heurta alors à des questions d'ordre économique et politique. Il fut également confronté à des difficultés de politique étrangère. Les régimes fascistes, italien et allemand, s'attaquèrent, en effet, directement au Front populaire espagnol. Que firent les démocrates français ? Avec la Grande-Bretagne, ils appliquèrent la politique dite de « non-intervention », marquée par le refus de tout envoi officiel d'armement aux républicains espagnols. Cette grave question allait diviser le gouvernement et le Parti socialiste. Blum fut alors dans le viseur.

 

La guerre. Avec la politique de non-intervention, des positions différentes se firent jour quant aux réactions à avoir face aux menées fascistes... Transparaît ici la question de la paix et de la guerre qui a marqué le Parti socialiste depuis 1914.

De nombreux militants ont retenu de la Première Guerre mondiale le principe du « Plus jamais ça ! » En résumé, tout plutôt que la guerre. Préserver coûte que coûte les chances de la paix. Mieux vaut négocier avec le diable, plutôt que de prendre le risque d’un nouveau conflit. 

Léon Blum défendit une politique de fermeté, au risque d’une guerre. Les démocraties occidentales ne devaient plus laisser Hitler avancer ses pions. 

 

La politique étrangère divisa les socialistes, de 1938 à 1940. En septembre 1938, au moment de la signature des accords de Munich - qui entraînèrent le dépeçage de la Tchécoslovaquie -, les réactions socialistes furent mitigées. Les « pacifistes » approuvèrent... le spectre de la guerre fut repoussé. Léon Blum préféra parler, dans un article du Populaire, du « lâche soulagement. »

En quelques mois, tout s'accéléra : le 21 mars 1940, Paul Reynaud, républicain de droite, forma un gouvernement dans lequel figurèrent quelques socialistes. De nouveau, l'union sacrée paraissait reconstituée. Mais, après l’invasion par Hitler de la Pologne, de la Belgique, nos troupes battirent bientôt en retraite. Paul Reynaud, jugé trop belliciste, fut remplacé par Philippe Pétain. Il hérita des pleins pouvoirs. 

La SFIO disparut alors.

Le Parti se reconstitua lentement, autour de Daniel Mayer, proche de Léon Blum emprisonné, comme la plupart des chefs démocrates rendus responsables des maux que connaissait le pays. Le pouvoir voulut juger les chefs du Front populaire, et au premier rang d'entre eux, Léon Blum : ce fut le procès de Riom, finalement abandonné en cours de route, les arguments déployés par les « juges » étant rapidement démontés par les présumés accusés. 

 

À Londres, les socialistes occupèrent des places importantes auprès du général de Gaulle. Ils jouèrent aussi un grand rôle dans l'unification des forces de la Résistance autour du patron de la France libre, en dépit d’une réserve naturelle face à sa sensibilité droitière.

Après-guerre, le programme du Conseil national de la Résistance, adopté en 1944, fut d'inspiration socialiste.

 

La fin. À la Libération, les socialistes furent présents avec les communistes, les radicaux et le nouveau parti démocrate-chrétien dans le gouvernement dirigé par Charles de Gaulle. Ils disposèrent de portefeuilles ministériels importants : l'Intérieur, l'Agriculture, l'Économie, le Ravitaillement et les PTT.

La SFIO prit sa part de responsabilité dans la reconstruction du pays. Daniel Mayer, animateur principal du Parti pendant la guerre, devient, en novembre 1944, le secrétaire général. Un parti qui regroupe à l'époque près de 240 000 adhérents. Le souhait de Daniel Mayer était d'ouvrir sa famille politique à toutes les forces - non organisées - nées de la Résistance, pour en faire une force de type « travailliste ». Cette politique - qualifiée de « révisionniste » - fut contestée par un nombre croissant de militants, jusqu'au congrès de 1946 qui vit la défaite de Daniel Mayer - donc de Léon Blum - et son remplacement, au titre de secrétaire général, par Guy Mollet.

Depuis sa libération, Blum n’avait plus le même statut. Il devint l’un des pères de la République, reconnu pour son esprit de résistance, la figure tutélaire du Front populaire que les réformes de la Libération confortèrent et amplifièrent. Il prit de la distance en refusant d’entrer dans le gouvernement du général de Gaulle, en refusant de prendre place au Comité directeur de la SFIO, en ne se présentant pas aux élections à l’Assemblée constituante. Ce qui ne l’empêcha pas de reprendre la direction du Populaire où il façonna un socialisme français. 

C’est à Jouy-en-Josas, alors qu’il se trouvait à sa table de travail, qu’il fut frappé d’une attaque cardiaque, le 30 mars 1950. C’est dans cette même ville qu’il fut enterré sous une simple pierre tombale portant ces mots : « Léon Blum, homme d’État français 1872-1950 ». «  Je le crois parce que je l’espère », telle est la phrase de conclusion de son ultime article. 

« Son socialisme n’a pas été qu’une question de valeurs – même s’il s’agit de la dimension principale de son engagement, résume Alain Bergounioux. Il a été, aussi, un « chef » de parti pendant presque trois décennies. Non qu’il ait occupé le poste de secrétaire général, dévolu à Paul Faure de 1920 à 1940, mais il a été rapidement le comptable de l’unité de son parti et de sa survie dans les temps difficiles. Cela l’a amené à faire des compromis. » 

La réflexion sur les difficultés de concilier l’idéalisme – dont il a su faire preuve dans les moments les plus difficiles – avec les responsabilités de la conduite de la SFIO et, surtout, du pays, en aurait été enrichie. « Car si, comme le disait pour le regretter Colette Audry, la « politique du juste » n’est pas exempte de difficultés et de contradictions, elle offre, pourtant, la boussole nécessaire pour s’orienter justement dans les choix fondamentaux. »

  1. Alain Bergounioux, Blum, discours politiques, Ateliers de l’histoire, imprimerie nationale, 1997, p. 13.
  2. Georges Lefranc, Histoire du Front populaire, 1934-1938, Flammarion, Paris, 1952.
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