Budget 2021 de l’enseignement supérieur : copie à revoir !

Annoncé en hausse à grand renfort de communication comme en 2020, le budget 2021 de la recherche et de l’enseignement supérieur laisse à croire qu’il répondrait à l’urgence des besoins actuels. Il n’en est rien : derrière la façade, l’implacable réalité vécue au quotidien par les étudiants. Depuis 2017, le nombre d’étudiants a augmenté de 190 000, passant de 2,62 millions à 2,81 millions – avec une augmentation de 2,1 % lors de la rentrée 2020, soit 57 700 étudiants supplémentaires – alors que le budget dédié à l’enseignement supérieur n’augmentait que de 600 millions.

L’équation semble donc impossible à résoudre : comment accueillir 7 % d’étudiants en plus avec un budget qui a quasiment stagné en euros constants depuis 4 ans ? Le gouvernement a trouvé sa martingale : libéraliser l’enseignement supérieur.

Ainsi, face aux contraintes budgétaires ne permettant pas d’accueillir des bacheliers toujours plus nombreux à vouloir poursuivre leurs études, ce sont les formations privées qui se développent et qui absorbent une part toujours plus importante des nouveaux étudiants. En 2020, la proportion des étudiants dans l’enseignement supérieur privé s’établit ainsi à plus de 20 %.

Cette libéralisation est accélérée par les récentes réformes qui ouvrent grand la voie aux formations privées. La reconnaissance au grade de licence des bachelors privés qui se multiplient en France, la réforme des centres de formation des apprentis (CFA) qui peuvent désormais proposer des formations de BTS sans autorisation préalable et sans gouvernance régionale, et tout récemment l’autorisation, votée en novembre 2020, de création d’écoles vétérinaires privées alors même que l’ensemble de la profession vétérinaire s’y oppose. Autant de mesures qui accroissent la privatisation d’un pan entier de notre système éducatif.

Alors que le gouvernement prétend vouloir maintenir les frais d’inscription universitaire à des niveaux supportables, les étudiants, lourdement impactés par le virage idéologique de l’actuelle politique universitaire, doivent chaque année s’endetter un peu plus pour financer des études dont le coût annuel s’élève de 6 000 € à 15 000 € !

En effet, pour la plupart des étudiants qui démarrent leur parcours, le choix de formations privées est très souvent subi, faute de places dans certaines formations publiques comme les brevets de technicien supérieur ou les instituts universitaires de technologie, et face à la difficulté pour les universités d’accueillir des profils de plus en plus hétérogènes.

Enfin, au-delà de la seule question des moyens en personnels, des frais d’inscription et de la privatisation rampante du système universitaire, convenons que ce budget n’est absolument pas à la hauteur de la crise sanitaire liée à la Covid-19. Adaptation des locaux, passage plus marqué au numérique, besoins élémentaires des étudiants pour suivre les cours en distanciel dans de bonnes conditions… autant de problématiques non-traitées et qui aggravent les inégalités entre les étudiants.

Derrière la communication gouvernementale, une triste réalité : avec ce budget 2021 de l’enseignement supérieur, pour les étudiants, le compte n’y est pas !

 

Yannick TRIGANCE, secrétaire national du Parti Socialiste à l’Éducation, l’Enseignement supérieur et la Recherche

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