Combats socialistes : Combattre l’antisémitisme au XXIe siècle


Thème : Lutte contre les discriminations


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Débat

Levinas rapportait que grand-père disait à propos de la France : “Un pays qui se déchire, qui se divise pour sauver l'honneur d'un petit officier juif, c'est un pays où il faut rapidement aller”. Pour les Juifs, victimes de la misère et des persécutions antisémites dans leurs pays, cette assertion a longtemps eu valeur de vérité. Le pays qui les a émancipés en 1791, et qui a réhabilité Dreyfus, attire près de 200 000 Juifs entre 1918 et 1939. Les Polonais, les Russes, les Hongrois et les Roumains représentent plus de la moitié de ces immigrés.

Après le siècle dernier marqué par la Shoah et par le devoir de mémoire qui s’en est tardivement suivi, l’antisémitisme moyen-âgeux connait un regain actuel au XXIème siècle sous couvert de théories complotistes et en raison d’une importation en France du conflit israelo-palestienien. 

Depuis le début de notre siècle, une vingtaine d’attentats, de tentatives d’attentats ou de déclarations publiques antisémites ont eu lieu. En 2021, 589 actes antisémites ont été recensés, soit une augmentation de près de 75% par rapport à l'année précédente.

Les réactions publiques sont malheureusement de moins en moins fortes contre ce type d’actes.

Au delà des actes publics et des attentats qui marquent les esprits, c’est un antisémitisme de salon qui s’est de nouveau installé, sur les réseaux sociaux et dans le vocable de certains responsables politiques. Nous devons être intraitables face à ces saillies qui nous salissent tous.

Propositions

Le nouvel imaginaire antisémite se diffuse à l’aide d’images numériques sur les réseaux sociaux et de fresques mettant en scène des banquiers, parfois liés à l’image de responsables politiques, avec des symboles significatifs de l’antisémitisme relatif au physique des personnes visées et au “complot juif”. “Le protocole des Sages de Sion”, ouvrage complotisme mettant en scène le complot juif, est de nouveau disponible à l’achat via le dark web. 

Nous devons combattre cette résurgence à l’aide d’outils forts.

À l’école, nous devons créer de nouveaux modules d’enseignement pour lutter contre ce nouvel imaginaire et accompagner les enseignants dans leur travail quotidien. De la maternelle à l’enseignement supérieur, la lutte contre l’antisémitisme doit faire partie des priorités. 

La lutte contre la haine se joue aujourd’hui sur internet et dans les médias. Les plateformes doivent être tenues responsables des propos qui y sont tenus et renforcer les moyens matériels et humains alloués à la modération des contenus haineux. 

De la même manière, une procédure pour retirer aux médias leur droit d’émettre en cas de violations graves et/ou répétées de la convention qui les lie à l’ARCOM doit être établie.

D’un point de vue judiciaire, les signalements pour actes antisémites doivent systématiquement donner lieu à une enquête. La création d’un délit de droit commun, en plus des délits de presse ou de l’aggravation de la qualification pénale déjà existants, peut se poser pour que la qualification aggravée d’antisémitisme ne disparaissent pas lors des poursuites ou du procès, comme c’est parfois le cas, ou que les poursuites ne soient prescrites. 

Enfin, la sphère politique doit être exemplaire : nous proposons l’ouverture de cellules de signalement internes dans les partis politiques afin de faire remonter tous propos ou faits d’antisémitisme et de leur donner une suite interne (sanctions, exclusions…) ou judiciaire (signalement au Parquet).

Agir

1- Modules pédagogiques spécifiques dès le collège sur l’imaginaire antisémitisme, les moyens de le reconnaître et de le dénoncer

2- Rendre responsable les plateformes numériques des contenus antisémites qui y sont publiés 

3- Créer une procédure auprès de l’ARCOM pour retirer aux médias le droit d’émettre en cas de diffusion de propos antisémites

4- Ouverture systématique d’une enquête pénale après le signalement de faits antisémites

5- Création d’un délit d’antisémitisme droit commun 

6- Ouverture de cellules de signalement internes dans les partis politiques


Contributrice : Sarah Kerrich.


Signataires : Nina Karam-Leder (75); Sebastien Baranger (75 - Paris) ; Jonathan Baum (44 - Loire-Atlantique) ; Mathieu  Bogros (03 - Allier) ; Thomas Bonnefoy (69 - Rhône) ; Alexis  Bouchard  (35 - Ille-et-Vilaine) ; Soen Boulligny (14 - Calvados) ; Romain Boutholeau (44 - Loire-Atlantique) ; Dorine Bregman (75 - Paris) ; Hugo Canesson  (29 - Finistère) ; Rémi Carton (99 - Français de l'étranger) ; Arnaud  Chaboud (26 - Drôme) ; Baptiste Chapuis (45 - Loiret) ; Beatrice Coste (29 - Finistère) ; Louisa  Debris  (87 - Haute-Vienne) ; Guillaume Delaire (59 - Nord) ; Valérie  Delestre  (75 - Paris) ; Aurore  Djerbir Lignière  (41 - loir-et-Cher) ; Moschovia  Dr. Kaskoura-Schulz  (99 - Français de l'étranger) ; Ilyes  El Othmani  (75 - Paris) ; Clément Foutrel (76 - Seine-Maritime) ; Julien Gettliffe (82 - Tarn-et-Garonne) ; Gilles Gony (75 - Paris) ; Liliane Govart (59 - Nord) ; Franck Guillory (75 - Paris) ; Elias H'Limi (94 - Val-de-Marne) ; David Huberdeau (89 - Yonne) ; Arthur Job (59 - Nord) ; Chloé  Laurent  (33 - Gironde) ; Luc Lebon (75 - Paris) ; Augustin Lechat-Blin (44 - Loire-Atlantique) ; Ézékiel Lucas (59 - Nord) ; Antonin Mahé (22 - Côtes-d'Armor) ; Yannick  Matanda (74 - Haute-Savoie) ; Killian Montesquieu (75 - Paris) ; Quentin Pak (69 - Rhône) ; Quentin   (69 - Rhône) ; Léa Pawelski (76 - Seine-Maritime) ; Adrien Pourrat (63 - Puy-de-Dôme) ; Emma  Rafowicz  (75 - Paris) ; Paul Rafroidi (95 - Val-d'Oise) ; Loïck Rauscher-Lauranceau (75 - Paris) ; Eliott Roig (42 -Loire) ; Clarisse Roy (60 - Oise) ; Jérémie Taché (75 - Paris) ; Anzil Tajammal (59 - Nord) ; Abdelghani  Youmni (99 - Français de l'étranger) ; Pierre-Karl  Zahner  (59 - Nord)


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