Combats socialistes : Vers un Parti socialiste renouvelé


Thème : Pratiques et réformes du Parti socialiste


Télécharger la contribution

Débat

Militer dans un parti politique, c’est adhérer à un socle de valeurs, à une vision du monde et de la société. C’est aussi intégrer une organisation humaine avec sa culture commune et son fonctionnement. Le Parti se doit donc d’accueillir les nouveaux·elles militant·e·s mais aussi de les accompagner sur le long terme, les encourageant à partager leur savoir-faire et à cultiver une ambition collective pour le pouvoir. En somme, favoriser l’implication de toutes et tous, pour savoir retenir ces nouveaux.elles militant·e·s qui sont des forces vives du parti en puissance. 

Un parti politique est un lieu d’apprentissage et de socialisation indispensable à la vie démocratique d’un pays. Chaque socialiste devrait être en mesure d’accéder à des formations thématiques ou techniques afin d’acquérir des compétences indispensables à tout responsable politique. Au-delà des mandats électoraux, chaque militant.e devrait être perçu.e comme un·e ambassadeur·rice de notre cause à l’échelle locale et donc être suffisamment armé.e pour convaincre les citoyen·ne·s hésitant·e·s de nous rejoindre. 

Pour ce faire, nous devons prêter une attention particulière aux choix des outils militants, à nos modes de communication interne, à la circulation de l’information, et à notre organisation. Nous voulons par cette contribution apporter quelques propositions clés pour les mettre en débat dans ce Congrès et dans le futur congrès statutaire qui suivra. 

Proposition

Faciliter l’acte d’adhésion

Notre premier chantier devra porter sur la simplification de l’acte d’adhésion. Aujourd’hui vouloir adhérer au Parti Socialiste n’est pas intuitif. Faut-il aller sur le site de la fédération ? Sur le site national ? En section ? Tout cela doit être clarifié et nous devons centraliser les demandes d’adhésion. De même, la gestion des déménagements doit être simplifiée, nous ne devrions pas avoir à recontacter notre ancienne section. Avant l’acte d’adhésion, les sympathisant·e·s peuvent chercher une application, un accès via les réseaux et ne pas les trouver. Pour aller plus loin encore, les sympathisant.e.s devraient être en mesure de comprendre le fonctionnement du parti avant même d’y adhérer. Un gros travail de pédagogie et de transparence sur notre fonctionnement interne doit donc être effectué. 

Repenser l’accueil du militant 

A son arrivée, le·a militant·e est confié·e à sa section locale. Cette prise en charge par un.e secrétaire de section conduit - en plus d’une dépendance parfois néfaste - à un manque d’homogénéité dans les pratiques. Nous pensons que ces disparités justifient l’établissement d’un cadre national d’accompagnement et d’outils communs qui permettront  de lutter contre un certain cloisonnement. Nous voulons introduire plus de transversalité et établir une meilleure cohésion d’ensemble. De plus, cette réforme permettra de mieux intégrer les militant·e·s déterritorialisés. 

Rien ne remplacera le contact humain et la rencontre physique des camarades de sa section. Pourtant, nous pensons que le parti doit accélérer sa numérisation et mettre en place une permanence numérique afin de permettre une meilleure transmission de l’information pour les adhérent.e.s. Cela pourra passer par des réunions d’accueil en ligne ou par des séances de formation aux outils numériques pour les militants les moyens à l’aise. 

L’adhésion constitue l’acte fondateur de l’engagement partisan. L’engagement militant doit alors se confirmer le plus rapidement possible, idéalement dans la semaine qui suit l’adhésion. Il y a ici un enjeu majeur pour le parti s’il veut bâtir sur les nouvelles arrivées et favoriser l’établissement d’un cercle vertueux favorisant le recrutement de proche en proche. Le Parti doit capitaliser sur l’arrivée des “citoyens experts” d’aujourd’hui, bâtir sur leurs domaines d’expertise et leurs compétences techniques, sur leurs expériences politiques et associatives, sans jamais oublier de considérer leurs attentes. 

Le Parti se doit de soigner l’accompagnement de ses militant·e·s dès l’adhésion, en ouvrant la voie d’un parcours clair et adapté aux compétences de chacun.e. Le Parti doit s'intéresser à ses militant.e.s dont les actes ne peuvent plus se limiter à des tractages et des à des collages lors des échéances électorales. C’est en apprenant à connaître ses adhérent.e.s que le parti grandira et adoptera une certaine flexibilité, aujourd’hui indispensable.  Ainsi, en s’appuyant sur les engagements et les ressources des militants, le Parti pourra avancer en ayant connaissance des compétences internes qu’il peut mobiliser.

Enfin, l’accueil devra être enrichi de différentes formations sur l’histoire du parti, sur ses valeurs, sur son organisation. Nous pouvons également imaginer une séance de formation violences sexuelles et sexistes à des fins préventives. Un guide du nouvel arrivant avec le vocable à connaître, l’organigramme et la structure du parti devra être transmis dès l’adhésion afin d’ancrer des pratiques saines le plus rapidement possible. Des modules de formations nationales pourront être proposés pour approfondir les explications et répondre aux questions des militant·e·s qui le souhaitent. Aussi, nous pourrions imaginer l’instauration d’une bibliothèque Socialiste de Section en partenariat avec les archives-socialistes de la fondation Jean Jaurès afin de cultiver et de nourrir l’esprit socialiste des militants. 

Plus largement, chaque militant·e doit pouvoir bénéficier de modules de formation sur l’histoire du parti, sur les grandes thématiques qui structurent nos réflexions, l’expression publique et l’écriture mais aussi les violences sexuelles et sexistes. Ces acquis pourraient être valorisés au même titre que les VAE. Certaines formations (par exemple violences sexuelles et sexistes) pourraient être obligatoires pour intégrer des instances ou être sur une liste électorale. Aussi, permettre à chacun·e de pouvoir prendre des responsabilités : il devrait être inscrit l’obligation d’avoir une primaire dans les sections.

Mettre à jour nos pratiques militantes

Il ne fait aucun doute que le militant doit être replacé au cœur du fonctionnement du parti. Grâce à une certaine liberté d’action, nous devons favoriser l’émergence de nouvelles formes de militantisme, non seulement lors des actions de terrain mais également lors de la confection du corpus idéologique. 

Alors que le PS manque aujourd’hui d’un corpus idéologique clair et identifiable ; l’ajout d’un aspect participatif sur des thématiques idéologiques pourrait permettre à la fois de redynamiser les fédérations, et surtout de co-construire un corpus idéologique solide en s’appuyant sur les expertises de chacun.e. 

Nous devons permettre à chaque militant·e de s’émanciper et de s’épanouir dans son engagement en proposant des parcours adaptés aux envies de chacun·e. Le changement des pratiques militantes doit s’accompagner d’une démocratie participative et inclusive pour que le travail effectué dans les fédérations ou les commissions soit considéré et utilisé à bon escient. 

Enfin, il est indispensable d'améliorer la communication externe du parti et l’utilisation globale des réseaux sociaux pour gagner en visibilité et en crédibilité. Chaque militant·e doit être vu.e comme un communiquant en puissance, comme un relais local du national. Chacun·e devrait avoir à sa disposition les visuels créés par le parti pour partager largement les contenus sur les réseaux sociaux et participer à l’effort de communication global. 

S’inspirer des diversités d’engagement

Il nous faut chercher, parmi les pratiques des autres organisations politiques et associatives, des manières innovantes de militer. S’ouvrir, s’inspirer de ce qui fonctionne à l’épreuve de la réalité ailleurs, à l’extérieur du parti, pour le transposer dans notre organisation. La plupart des militants viennent d’autres structures d’engagement et leurs expériences pourraient ici être mises à contribution.  

Pour s’ouvrir aux partenaires (syndicats, chercheurs, acteurs nationaux et locaux) et éviter ainsi l’enfermement sur soi-même, une idée serait d’instaurer dans les fédérations des “ruches socialistes”. Marquant une volonté de socialisme ouvert et au plus près de la réalité des localités. Faire de cette force militante un réel relai de parole entre les territoires et le national, en collectant les revendications et attentes sociales mais aussi en créant du dialogue avec les acteurs locaux. 

Cette dynamique d’ouverture permettrait d’une part de concrétiser l’obligation statutaire pour chaque militant d’être membre d’une association ou d’un syndicat en la valorisant au sein même du parti. D’autre part, cela renforcerait la mission de “Parti de service” en menant, de pair avec les associations, des actions concrètes à destination de la population (par exemple, des collectes solidaires).

Quels nouveaux outils ?

Les outils que nous utilisons doivent permettre une meilleure circulation de l’information et une meilleure communication. Il est fréquent que les informations ne soient pas transmises au sein des fédérations et des sections. Si les militant·es n’ont pas de moyens d’aller chercher les informations sur l’actualité du parti ou de la fédération, ils et elles passent à côté des événements, formations, débats et groupes de travail qui leur sont ouverts, et sont réduit·es à des appels, à des réunions ou des actions locales. Le constat des dysfonctionnements communicationnels ou d’accès aux ressources ci-dessous appellent à mobiliser de nouveaux outils: 

  • Homogénéiser nationalement les outils numériques : décider des outils standards qu’une section doit avoir au minimum (par exemple une boucle whatsapp pour la section) de sorte à ce que les pratiques soient facilement transposables d’une fédération à l’autre. Accompagner et former les camarades aux usages de ces outils. Il s’agit de changer notre façon de fonctionner, prendre des habitudes de partage de l’information, proposer des espaces aux militant·es pour construire, débattre, innover. Ces outils numériques doivent pouvoir apporter à chacun.e, selon ses responsabilités (secrétaire de section, premier fédéral, responsable de mobilisation, responsable de communication…) les ressources nécessaires pour un fonctionnement fluide en interne. 
  • Bâtir une véritable cartographie de l’ensemble des associations existantes : dans chaque fédération, et nouer des contacts avec les têtes de réseau afin de pouvoir permettre aux militants de s’engager concrètement (association d’aide aux devoirs, maraudes...). 

  • Créer une “bouquinerie militantevia une plateforme numérique (livres en libre accès) et constituer une bibliographie de livres incontournables dont les fédérations pourraient se doter. Chaque fédération aurait sa propre bibliothèque et les militant.es pourraient emprunter des livres. 
  • Incarner le travail de refondation idéologique du parti : remettre sur pied la Revue socialiste afin d’en faire un temps fort du partage d’idées. Rebâtir une véritable déclaration des principes socialistes à la suite d’une consultation générale des militants.

Une nouvelle structuration pour le Parti socialiste

Pour intégrer les innovations susnommées, le parti devra repenser sa structuration et son mode de gouvernance. Nous sommes favorables à un fonctionnement plus horizontal, laissant davantage d’espace aux militant.es. Les aspects participatif, paritaire et inclusif doivent être accentués. 

Nous proposons de repenser le rôle des secrétaires nationaux afin qu’il deviennent nos relais idéologiques pour préparer la prise de pouvoir de la gauche en 2027. Les Secrétaires nationaux devraient s’engager à faire vivre leurs thématiques, à organiser des conférences et centraliser les contributions des fédérations. En parallèle, nous proposons de recréer des structures telles que le Laboratoire des idées et l’Université populaire permanente afin de faire vivre la réflexion. Aussi, nous envisageons la création d’un Secrétariat national à la formation interne pour superviser la formation des militants. 

Afin de cultiver l’engagement des militants, nous proposons la création d’une "école de l’engagement” afin de repérer les profils à accompagner et de favoriser une diversité sociale parmi nos élu·es.

Enfin, nous pouvons donner corps au statut de sympathisant.e en lui conférant une véritable identité et statut adossé à celui d’adhérent.e. Cela permettrait de rendre plus visible l’action des sections et fédérations, de faire connaître les propositions et évolutions de pensées du parti, de ré-intéresser la société civile aux causes socialistes et aussi d’enrichir les sections d’idées et de mouvance nouvelles, de casser les murs. Il faudra alors déterminer précisément les différences entre adhérents et sympathisants pour ne pas provoquer une chute de nos cotisations. 

Transparence et bienveillance

Dans les pratiques militantes, la bienveillance, intergénérationnelle et entre nouveaux et plus anciens adhérent.e.s doit être le mot d’ordre. Il ne faut voir aucune volonté de nuire aux ancien·nes dans l’apparition de nouvelles pratiques militantes ; il y a d’ailleurs beaucoup d’inspiration et de leçons à tirer de l’expérience des plus ancien.nes. 

Nous sommes favorables à davantage de transparence et de lisibilité sur notre mode de fonctionnement. Cela permettra aux militants d’identifier rapidement leurs moyens d’action et les personnes référentes. Plus l’information circulera, meilleure sera le fonctionnement du parti. 

Agir

1. 

Faciliter l’adhésion : un lien en ligne facile renvoyant vers les contacts de la fédération locale et une réunion d’accueil nationale. 

2. 

Accueillir le ou la militant·e : mise en place un système d’accompagnement au niveau national. 

3. 

Permettre l’engagement de chacun·e : s’intéresser au profil complet des militants : compétences, savoirs-faires, capacités et envies d’engagement. 

4. 

Favoriser l’apprentissage : dispositifs de formation nationale, plateformes de ressources et accent sur l’éducation populaire.  

5. 

Accélérer et structurer la digitalisation : homogénéiser nationalement les outils numériques, et surtout les canaux de communication internes. 

6. 

Bâtir sur le local : s’ouvrir et s’inspirer des militantismes innovants des forces vives des territoires (associations, mouvements citoyens…). 

7. 

Co-construction du corpus idéologique : construire collaborativement le projet que la gauche devra incarner en 2027 ; associer les sympathisant.e. à cette réflexion. 

8. 

Restructurer la gouvernance : repenser le rôle des responsables de section et de fédération : en faire des relais opérationnels des propositions militantes. 

9. 

Refonder le dialogue en interne : circulation des informations venant du national et enrichissement mutuel entre militant.e.s. 

10. 

Repenser la communication à l’externe : faire de chaque militant.e un.e communiquant.e en puissance. 


Contributeurs :

Alexandra Jardin, Céline Henquinet, Chloé Battault, Emma Antropoli, Flavien Cartier, Franck Guillory, Ingrid Berthou, Léopold Comtet, Mathieu Delmestre, Mirina Mammeri, Pierre Flecheux, Yasmine El Jaï,  Theo Chino, Romain Laporte

Signataires :

Sebastien Baranger (75 - Paris) ; Jonathan Baum (44 - Loire-Atlantique) ; Mathieu  Bogros (03 - Allier) ; Alexis  Bouchard  (35 - Ille-et-Vilaine) ; Soen Boulligny (14 - Calvados) ; Romain Boutholeau (44 - Loire-Atlantique) ; Dorine Bregman (75 - Paris) ; Hugo Canesson  (29 - Finistère) ; Rémi Carton (99 - Français de l'étranger) ; Arnaud  Chaboud (26 - Drôme) ; Baptiste Chapuis (45 - Loiret) ; Beatrice Coste (29 - Finistère) ; Louisa  Debris  (87 - Haute-Vienne) ; Guillaume Delaire (59 - Nord) ; Valérie  Delestre  (75 - Paris) ; Aurore  Djerbir Lignière  (41 - loir-et-Cher) ; Victoria Domenech (75 - Paris) ; Moschovia  Dr. Kaskoura-Schulz  (99 - Français de l'étranger) ; Yasmine El Jaï (75 - Paris) ; Ilyes  El Othmani  (75 - Paris) ; Clément Foutrel (76 - Seine-Maritime) ; Julien Gettliffe (82 - Tarn-et-Garonne) ; Gilles Gony (75 - Paris) ; Liliane Govart (59 - Nord) ; Franck Guillory (75 - Paris) ; Elias H'Limi (94 - Val-de-Marne) ; David Huberdeau (89 - Yonne) ; Arthur Job (59 - Nord) ; Louis L'Haridon (95 - Val-d'Oise) ; Chloé  Laurent  (33 - Gironde) ; Luc Lebon (75 - Paris) ; Ézékiel Lucas (59 - Nord) ; Antonin Mahé (22 - Côtes-d'Armor) ; Yannick  Matanda (74 - Haute-Savoie) ; Quentin Pak (69 - Rhône) ; Quentin   (69 - Rhône) ; Estelle Picard (79 - Deux-Sèvres) ; Adrien Pourrat (63 - Puy-de-Dôme) ; Emma  Rafowicz  (75 - Paris) ; Paul Rafroidi (95 - Val-d'Oise) ; Loïck Rauscher-Lauranceau (75 - Paris) ; Sébastien  Ricordel  (76 - Seine-Maritime) ; Eliott Roig (42 -Loire) ; Anzil Tajammal (59 - Nord) ; Abdelghani  Youmni (99 - Français de l'étranger) ; Pierre-Karl  Zahner  (59 - Nord)


Télécharger la contribution

Veuillez vérifier votre e-mail pour activer votre compte.