Commerce de proximité à Paris : animer nos rues et dynamiser nos quartiers


Thème : Commerces et animation des villes


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Commerce de proximité à Paris : animer nos rues et dynamiser nos quartiers

 

Le commerce et l’artisanat sont au cœur de l’identité parisienne. Ils façonnent nos quartiers, rythment la vie locale et participent à l’attractivité de la capitale. Ces dernières années, la capitale voit son tissu commercial évoluer sous la pression du numérique, de la spéculation immobilière, des changements de consommation et de l’impact de la crise COVID. À l’heure où le e-commerce et les plateformes de livraison redéfinissent le paysage commercial, où lastandardisation menace la diversité et où l’urgence écologique impose de nouvelles pratiques, il est impératif d’amplifier notre réponse politique pour poursuivre les actions engagées afin de garantir un avenir au commerce de proximité. Avec plus de 60 000 commerces, Paris reste une capitale mondiale du commerce : nous voulons lui conserver cette force tout en protégeant encore plus le commerce de proximité.

En effet, les commerces de proximité ne sont pas de simples enseignes alignées le long des avenues parisiennes : ce sont des lieux de lien social, des relais économiques essentiels, des acteurs majeurs du dynamisme urbain. Or, la montée du e-commerce et les effets de la spéculation immobilière transforment radicalement l’environnement commercial.

Face à ces défis, Paris ne peut être spectatrice. Une politique volontariste est indispensable pour réguler le marché immobilier commercial, accompagner la transition numérique et écologique des commerces, et garantir la diversité des artisans et commerçants qui font la richesse de la capitale.

Un combat pour préserver l’âme commerciale de Paris

Ces dernières années, plusieurs mesures ont été prises pour tenter d’enrayer ce phénomène. Parmi elles, la lutte menée par Emmanuel Grégoire, alors premier adjoint à la Maire de Paris et maintenant député, contre l’implantation anarchique des dark stores a marqué un tournant dans la régulation du commerce urbain. Grâce à son engagement, la Ville de Paris a pu freiner le développement incontrôlé de ces entrepôts de livraison ultra-rapide qui, sous couvert de modernité, contribuent à la désertification des rues commerçantes et nuisent à la diversité commerciale. Cette bataille réglementaire a permis de rappeler que l’innovation ne peut se faire au détriment des habitants et des commerces de proximité.

Si certains arrondissements de Paris souffrent d’une homogénéisation croissante de leur offre commerciale, d’autres s’efforcent de préserver un équilibre entre enseignes indépendantes et grandes chaînes. Pourtant, même dans ces quartiers encore vivants, les pressions foncières et l’évolution des habitudes de consommation fragilisent l’équilibre existant.

Lutter contre la vacance commerciale, faciliter l’installation des jeunes entrepreneurs et artisans, soutenir les circuits courts et les commerces engagés : ces enjeux sont au cœur des politiques locales et doivent être amplifiés. Ce qui se joue dans ces arrondissements aujourd’hui est le reflet de ce qui attend Paris demain.

Cinq axes pour un commerce durable et équilibré

1. Réguler la spéculation immobilière et lutter contre la vacance commerciale.

Le maintien d’un commerce diversifié passe par une meilleure maîtrise du foncier commercial. Il est nécessaire d’encadrer les loyers dans les zones tendues, à l’image de l’habitation, via un plafonnement basé sur des références locales. La création d’un observatoire des loyers et d’une fiscalité dissuasive sur les locaux vacants (avec une taxation progressive à l’image de la taxe sur les logements vacants, pour lutter contre la rétention foncière et favoriser la remise sur le marché des espaces commerciaux) permettra de lutter contre la spéculation. Enfin, un droit de préemption renforcé des collectivités favorisera l’installation des commerces indépendants et des artisans.

2. Rééquilibrer la fiscalité entre e-commerce et commerces de proximité.

Les commerces de proximité subissent une concurrence déloyale face aux plateformes de e- commerce, qui bénéficient d’une fiscalité plus avantageuse sur leurs entrepôts logistiques urbains. Ces derniers échappent souvent aux taxes locales qui pèsent sur les commerces physiques, tout en profitant pleinement des infrastructures municipales. Pour corriger cette inégalité, il est essentiel de créer une contribution locale sur la livraison du dernier kilomètre, afin que les acteurs du e-commerce participent au financement des services publics locaux et des dispositifs de soutien aux commerces indépendants. Cette mesure permettrait de rétablir une équité fiscale tout en encourageant un modèle plus durable et responsable du commerce en ville.

3. Anticiper l’évolution des modes de consommation pour préserver le commerce de proximité.

La réglementation a permis d’encadrer l’implantation des dark stores et dark kitchens, mais la transformation des modes de consommation continue de fragiliser le commerce physique : généralisation des livraisons ultra-rapides, mutation discrète de commerces en hubs logistiques, développement de plateformes captant la clientèle locale au détriment des circuits traditionnels. La création d’un "fonds territorial pour le commerce de proximité", financé par une contribution sur les livraisons urbaines permettrait de soutenir des programmes d’accompagnement des commerçants de proximité dans la digitalisation de leurs activités.

4. Accompagner la transition écologique du commerce local.

La transition écologique doit être une opportunité pour les commerçants, et non une contrainte supplémentaire. Un fonds de soutien à la modernisation des commerces, des incitations fiscales pour ceux qui adoptent des pratiques écoresponsables et un programme de formation à la gestion durable sont autant de leviers pour favoriser une économie locale

plus verte. Il convient de bâtir un plan stratégique de logistique commerciale pour développer la mutualisation et la décarbonation des livraisons des commerces.

5. Renforcer le dialogue entre la ville et les commerçants.

Les décisions politiques ne peuvent plus être prises sans consultation des premiers concernés. La mise en place d’un Conseil parisien du commerce et de l’artisanat, réunissant municipalité, commerçants, bailleurs et représentants des consommateurs, permettrait d’assurer une

gouvernance plus équilibrée et une adaptation permanente des politiques publiques aux réalités du terrain. La création dun

Un engagement politique nécessaire

Si ces enjeux sont particulièrement visibles à Paris, ils y prennent une dimension essentielle. Capitale commerçante par excellence, Paris doit montrer l’exemple en repensant son urbanisme commercial, en continuant à protéger ses artisans via son Plan Local d’Urbanisme bioclimatique (PLUb), et en redonnant aux quartiers leur rôle de moteur économique.L’équilibre entre commerces de proximité et grandes enseignes, l’impact du numérique et la transition écologique sont autant de défis à relever pour préserver l’âme commerçante de la ville.

Le commerce façonne l’identité et l’attractivité de Paris. Face aux évolutions des modes de consommation et aux défis économiques, la Ville doit poursuivre et amplifier son engagement en faveur d’un commerce de proximité dynamique et accessible. Cela passe par une stratégie volontariste intégrant la transition numérique, la régulation du foncier commercial et l’accompagnement des commerçants dans leur adaptation aux nouvelles attentes des consommateurs. Maintenir Paris comme la référence d’un commerce vivant et diversifié, c’est renforcer son rôle de capitale attractive et résiliente.

 

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notes :

indicateur municipal de suivi de l’inflation des produits

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alimentaires dans les commerces parisiens devra compléter ce dispositif.

 


Contributeurs :

Auteurs de la contribution thématique : Dorine Bregman et Valentin Guenanen

Dorine Bregman (Paris Centre, SN, Maire adjointe d'arrondissement), Valentin Guenanen (Paris 14e, CF, Maire adjoint d'arrondissement), Fatiha Aggoune (Paris 15e, Conseillère municipale), Riou Alexane (Paris 11e, CFCF, SN), Didier Antonelli (Paris 14e, CA section, Maire adjoint d'arrondissement), Alain Augereau (Paris 14e), Vincent Baldo (Paris Centre), Chloé Battault (Paris 14e, CA section), Leinka Benacin (Paris 17e, CA section), Agnès Bertrand (Paris 14e, CA section, Maire adjointe d'arrondissement), Sadok Besbes (Paris 14e), Tiago Blain (Paris 14e), Cécile Bossavie (Paris 19e, CA section, Conseillère municipale), Yvain Bourgeat-lami (Paris 15e, Secrétaire de section, CF, CN), Herve Brun (Paris 11e), Isabelle Burdet (Paris Centre), Pierre-Yves Calais (Paris 9e, CFC), Arthur Carlesso (Paris 20e), Mahor Chiche (Paris 19e, CA section, CF, CN sup. Conseiller.e de Paris), Emmanuel Coblence (Paris 13e, CA section, CF, BF, Conseiller.e de Paris), Elias Cottin (Paris 20e, CF), Christine Courcol (Paris Centre), Arthur Courty (Paris 11e, CA section, CF, BF), Sophie Croës (Paris 14e), Joseph Daniel (Paris 14e), Sylvie Dariosecq (Paris 14e, Trésorier.e de section, CF, BF), Gilles Darmois (Paris 14e), Cécile Darmois (Paris 14e), Jean-Philippe​Daviaud (Paris 18e, BNA, Conseiller.e de Paris), Diego Davo (Paris 14e), Yannick Dejoie (Paris 9e​, CA section), Alain Delmestre (Paris 12e, SN), Mathieu Delmestre (Paris 12e, Secrétaire de section, BF, BNA, Maire adjoint d'arrondissement), Diane Derrien (Paris 14e), Pascal Dodin​(Paris Centre, CA section), Colin Duchange (Paris 14e), Yasmine El jaï ( Paris 18e, CN, SN), Afaf El kaoun gabelotaud (Paris 18e, Adjoint.e à la Maire de Paris), Genevieve Garrigos (Paris 20e, Conseiller.e de Paris), Alain​Genel​(Paris Centre), Alexandra Girard (Paris 14e), Olivier Goasampis (Paris Centre, CA section), Franck Guillory (Paris Centre, CA section, Secrétaire de section, CF, BF), Benoît Joxe (Paris 12e), Anissa Laidouni (Paris 20e), Danielle Laquerriere (Paris 14e), Matteo Lascialfari (Paris 14e), Gaston Laval (Paris 10e, Secrétaire de section, CN sup.), Florian Le calvez (Paris 14e), Quentin Leclerc (Paris 14e), Tom Levoir (Paris Centre), Michèle Loux (Paris 14e), Mireille Massin (Paris 12e, CA section), Erkan Mehmetoglu (Paris 14e), Hélène Mermberg (Paris 14e, CA section, CF, Maire adjointe d'arrondissement), Cyriaque Nahimana (Paris 14e), Léa Nicola (Paris 14e), Axel Pillaud (Paris 15e, CA section), Claire Poursin (Paris Centre​), Emma Rafowicz (Paris 11e, CF, BF, CN, BN, Conseillère municipale, Parlementaire), Gérard Raiser (TemPS réels, Secrétaire de section), Andrée Risterucci (Paris 14e), Isabelle Rocca (Paris 12e, CF, CN sup., SN, Maire adjointe d'arrondissement), Bernard Rullier (Paris 5e, CN sup.), Bruno​Sat (Paris 14e, CA section), Karel Sirjacq (Paris Centre), Nicole Tagger (Paris 14e), Philippe Thebault (Paris Centre, CA section), Roméo Tossou (Paris 14e), Benoît Treillard (Paris 16e, Secrétaire de section), Françoise Vauché (Paris Centre, CA section), Yarmila Vesovic (Paris 14e), Jean-Noel Vieille (Paris 9e, Secrétaire de section), Josiane Warszawski (Paris Centre), Pierre-Alain Weill (Paris 16e, CA section, CF, BF), Karim Ziady (Paris 17e, CN​Conseiller.e de Paris), Denis Zmirou-navier (Paris 14e, CA section), Eric Zuccarelli (Paris 12e, CA section, Trésorier.e de section) Antoine Guillou (Paris 13e)


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