Commission nationale entreprises - Citoyen dans l'entreprise


Thème : Citoyen dans l'entreprise


Entreprise et Politique

Loin de nous, évidement, l’idée de vouloir affranchir l’actuelle majorité de la moindre responsabilité dans ce que nous vivons aujourd’hui mais ce serait une erreur au moins aussi grave que de décharger de toute implication l’Entreprise, qui constitue l’intervenant principal au sein de l’économie, et aujourd’hui plus que jamais. De ne pas reconnaître le rôle qui est le sien quand la revendication centrale des travailleurs, s’exprimant actuellement avec la force que l’on sait, concerne à juste titre certes les taxations mais plus globalement le pouvoir d’achat, c’est-à-dire d’abord le niveau et la répartition du fruit de la production. Comment s’affranchir, dans la foulée, de la nécessité de prise en compte des conditions de sa gouvernance, de la délocalisation internationale à laquelle elle participe, organisée à son seul profit, de la précarisation des travailleurs, de la remise en cause du salariat et de l’Ubérisation galopante...? Le tout sur fond de mainmise sur le capital et sur le pouvoir de décision qui lui est associé d’actionnaires nomades, animés uniquement par la recherche du profit à court-terme, et d’exclusion progressive de l’État , qu’il soit régulateur ou a fortiori stratège – ce qui n’est pas un gros mot !

Quant à affirmer que les exigences écologiques que l’on ne saurait ignorer, ne devraient pas être d’abord saisies à partir de l’Entreprise, qui ne devrait être concernée que par un soucis permanent de sa propre efficacité, cela ne mérite même pas d’être discuté car participant seulement du catéchisme imposé par le libéralisme ambiant. Là encore s’il est évident que des responsabilités évidentes incombent à la puissance publique, l’État pour ne pas le nommer, comment pourrait-on prétendre atteindre les objectifs indispensables sans une contribution majeure des entreprises, au cœur de la production, sa gestion et sa distribution ? Sans la prise en compte par leurs propres soins de la signature écologique de leurs actions ?

L’Entreprise est au cœur de toutes problématiques politiques, économiques, environnementale... Et a fortiori sociale !

 

Travailleurs et Entreprise

Comment pourrait-on, dès lors, soutenir que l’intérêt du citoyen devrait s’arrêter à la porte de l’entreprise ; constituant ainsi un espace protégé où ne pourrait s’exprimer que les intérêts financiers des propriétaires ? Et ce quand nous revendiquons, avec juste raison, que les décisions d’entreprise cessent de dépendre exclusivement des détenteurs du capital, que la gouvernances doit évoluer. Que ce soit en ce qui concerne la stratégie et la politique des entreprises , ses responsabilités sociétales, mais aussi la répartition des fruits de leur activité !

Une réponse que trop souvent l’on donne à cette allégation c’est qu’il y a déjà les syndicats pour cela. Sans s’appesantir sur le poids insuffisant, hélas, que ces organisations représentent dans notre pays, en particulier dans les PME -situation qu’il faudra aussi savoir remettre en cause- les rôles réciproques restent distincts. Si leurs actions spécifiques ne sauraient entrer en conflit de quelque façon que ce soit - ce qui implique donc un dialogue permanent qu’il faut savoir faire vivre. Lequel se doit de converger. En respectant les objectifs collectifs, excédant justement la seule entreprise concernée voire le secteur, quand les syndicats doivent se polariser plus spécifiquement sur les intérêts directs des salariés concernés.

Notre responsabilité en tant que militants socialistes demeure donc, en étant au plus près des réalités du terrain, de militer pour que soit pris en compte et les questionnements et les retours d’expérience indispensables pour l’élaboration d’une politique adaptée, et de faire redescendre pour les expliquer les propositions élaborées ou leurs concrétisation, spécialement lorsque nous sommes aux responsabilités, ou quand nous aspirons à l’être. S’il reste important d’être porteur des attentes et des spécificités territoriales, le rôle d’un parti politique, et donc du nôtre, est d’être l’outil de prise de conscience et d’action sur l’environnement qui est le sien dans toutes ses composantes. Son action ne saurait se limiter à être un outil électoral, condamné à plus ou moins long-terme à la dérive bureaucratique, car s’éloignant progressivement de tant de réalités collectives, parmi les plus fondamentales. Tout cela va donc dans le sens d’une présence assumée de l’Entreprise dans le Parti.

Notre Parti a su, historiquement, reconnaitre ces réalités et s’y conformer. La création du Secteur Entreprise restera comme une avancée majeure, à la suite d’Epinay et le garant de nos premières victoires quand notre discours mais surtout sa concrétisation rencontraient les aspirations légitimes des travailleurs. Le choix nous en est donné de nouveau, aujourd’hui, lorsque nous nous interrogeons sur ce que devraient être nos nouveaux statuts. Oui aux sections d’entreprises, aux GSE et aux GSE Nationaux ; oui, enfin, à la Commission Nationale Entreprise ainsi qu’au Secrétaire National Entreprise, les deux dépendants directement du Premier Secrétaire. Oui, en fait, à un retour à un fonctionnement qui a su tant nous aider dans le passé !

Dans les faits , notre Secteur Entreprises, aujourd’hui encore riche de ses GSE, de ses sections d’entreprises survivant au passage par l’étiage de notre influence politique nationale, mais aussi continuant à s’appuyer sur les délégués Fédéraux aux Entreprises présents dans les fédérations, constitue une force politique indépendante, dialoguant avec les membres du Bureau National en tant que membre de droit à cette instance, notamment avec le Secrétaire National et avec les autres forces organisées qui le composent, en cherchant à alimenter le dialogue interne au Parti, sur le thème que nous sommes souvent les seuls à évoquer en raison de la sociologie de notre Parti, qui reflète actuellement notre perte d’influence dans le milieu ouvrier et plus généralement dans les entreprises, que nous avons un peu oubliées lors de nos derniers combats électoraux. Nous avons maintenant une occasion unique de retrouver ce qu’a été l’ADN du PS : le monde de l’entreprise et ses combats pour améliorer le sort des plus démunis, ainsi que celui des classes moyennes, pour redonner à notre pays le rang de puissance économique et sociale avancée, enviée dans un monde chaotique dont l’évolution nous inquiète.

Sachons être à la hauteur de ce que nous avions su construire mais surtout à celle des nécessités de l’heure !


Signataires

Pour le Bureau de la CNE :  Jean-Marie Mariani , Yves Beguin, Rémi Thomas, Anne Le Moal, Charles Cala, Patrick Ardoin, Marcel Villeneuve, Elisabeth Humbert-Dorfmüller, Patrick Ducome, Rémi Aufrère-Privel, Christian Vely, Arnaud Delcourte, Alain Ternot,  Pierre Sztulman, Brahim Messaouden, Olivier Sabin,

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