Thème : Socialisme Municipal
Le « socialisme municipal »
Les socialistes préparent leur congrès, c’est bien légitime mais ils ne doivent pas oublier la nécessité de préparer d’abord leur projet politique pour les élections municipales.
La force de notre parti, c’est bien sûr nos militants : engagés et présents dans tous les territoires de notre pays, en hexagone et dans les outre-mer, mais aussi notre réseau solide d’élus locaux, témoignant de la confiance des électeurs à notre égard.
C’est pourquoi, il est donc indispensable que les socialistes se préoccupent aussi des enjeux de politiques locales, d’autant que les élections municipales seront normalement la prochaine échéance électorale, avant 2027.
Dans notre passé, l’implantation locale des socialistes a été un des vecteurs du rayonnement du socialisme, par le biais de ce que l’on a qualifié de « socialisme municipal ».
Avant même la création de la SFIO en 1905 des socialistes de diverses sensibilités ont su se rassembler pour conquérir des municipalités et parfois avec des élus « républicains » de gauche alors que leurs partis, puis la SFIO, refusaient toute collusion avec des gouvernements « bourgeois ». Outre l’attention à l’école laïque, ces municipalités donnaient la priorité à l’assistance aux catégories sociales les plus défavorisées.
Au fond, nous restons convaincus que le socialisme municipal est non seulement un facteur important de notre ADN mais aussi un levier utile pour préparer les victoires de demain !
Car ces implantations locales, comme le maillage des élus plus anciens (Lille avec Augustin Laurent puis Pierre Mauroy, Marseille avec la figure de Gaston Defferre et tant d’autre…) ont été un des moteurs des victoires ultérieures de la gauche, en 1936 avec Léon Blum, et en 1981 avec l’élection de François Mitterrand.
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- 1.Une politique socialiste des collectivités locales ?
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Bien que les lois de décentralisation de Gaston Defferre et de Pierre Mauroy donnent davantage de pouvoirs aux élus locaux, le parti socialiste ne se dote pas vraiment d’une politique municipale. Par exemple en matière de polices municipales ou de politique fiscale… Ces questions sont très rarement traitées lors des congrès du Parti socialiste, ce qui contribue d’ailleurs au développement de politiques parfois très différentes selon la localisation de l’élu socialiste en responsabilités.
Aujourd’hui encore, le Parti socialiste reste structuré autour de « sections » locales, correspondant le plus souvent à une commune.
Avec les évolutions administratives et politiques, il faut aussi intégrer le fait intercommunal et le fait régional. Les politiques des élus socialistes en leur sein, ou les alliances nouées pour leur gestion, ne sont de fait jamais débattues par les militants.
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- 2.Et demain ?
- 1.Nouvelles générations
- 2.Et demain ?
La fin du « cycle d’Épinay » - en attendant l’ouverture d’un prochain, je l’espère après le Congrès de Nancy - correspond aussi à des « fins de règnes » pour un personnel politique municipal issu des « années Mitterrand » ou, plus récemment des « années Jospin ». De nouvelles générations de candidats de gauche aspirent à s’implanter localement, inversant en quelque sorte le « cursus honorum » classique qui débutait localement pour « monter » au national par la suite.
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- 2.Nouvelles pratiques
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C’est dans ce contexte que le Parti socialiste doit reprendre, en les actualisant, les thématiques du « socialisme municipal ».
Cette orientation n’a d’avenir qu’en s’accompagnant d’un renouvellement profond des pratiques politiques. La critique « des élus-coupés-du peuple-et-des-militants » est un grand classique des débats entre socialistes. Si elle est parfois une facilité, voire une injustice, elle n’est pas toujours dénuée de fondements. Il serait pourtant mortifère, pour le parti socialiste, d’acter comme inévitable cette supposée coupure. Le parti peut et doit soutenir ses élus, les accompagner, populariser leurs engagements. La FNESR constitue en cela un outil précieux et utile.
Le PS doit aussi soutenir financièrement avec une nouvelle péréquation transparente les fédérations et sections, mais aussi en leur attribuant des moyens humains et technologiques.
Les élus doivent, eux, faire le lien entre leurs politiques locales et les orientations du parti, en associant étroitement les militants, même en dehors des campagnes électorales..
Le parti, doit donc pouvoir s’appuyer sur les éléments suivants : des élus bien implantés, et engagés au service de leurs populations, des appareils politiques (fédérations, sections) pour organiser l’action du parti, et des militants actifs dans le parti mais aussi à l’extérieur (associations, syndicats, comités de quartiers etc…), et les sympathisants.
Si la montée constante du phénomène de l’abstention est plus qu’inquiétante et traduit une crise politique ou du moins un malaise démocratique persistant, cela n’est pas synonyme pour autant d’une « dépolitisation » de nos concitoyens. Au contraire, les mobilisations citoyennes n’ont jamais été aussi nombreuses et sur des sujets aussi divers que l’égalité femme-homme, la préservation de la planète, la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, la condition animale ou bien encore les droits LGBTQIA+, les conséquences de l’intelligence artificielle, l’internationalisme…
L’intérêt porté aux dispositifs de démocratie participative : conseils citoyens, comités de quartier, aux budgets participatifs, ou aux mobilisations sur des enjeux parfois très locaux aussi est importante.
Il appartient au parti socialiste, par le biais de ses militants, de proposer des débouchés politiques à ces engagements et ces causes qui émergent dans la société et le débat politique.
Changer la vie, ici et maintenant
En ce sens, un regain d’intérêt pour le « socialisme municipal » peut constituer une des voies du renouvellement de la gauche socialiste, républicaine et démocratique.
Il faudra pour cela que les socialistes remettent sur le métier la réflexion sur une nouvelle étape de la décentralisation.. Si les compétences des collectivités locales se sont incontestablement élargies, force est de constater que leur autonomie fiscale s’est, au contraire, restreinte. Peut-il y avoir réellement « pouvoir » sans la charge de lever l’impôt, avec tous les risques (électoraux) que cela implique ? La montée en puissance des intercommunalités impose aussi une animation politique à cette échelle. Enfin il est incontournable aujourd’hui de développer, à tous les niveaux, les modes de concertation et de participation citoyenne avec une nouvelle étape de démocratie participative.
Ainsi la gestion socialiste des collectivités territoriales doit aussi être considérée comme la possibilité de (re)faire de celles-ci des « laboratoires » et des exemples concrets de la capacité de la gauche à agir concrètement et au quotidien pour tous les citoyens, en reprenant notre slogan des années 70, « changer la vie, ici et maintenant ». La nouvelle direction du parti socialiste, post-congrès de Nancy, doit lancer un double processus de reconstruction doctrinale.
- 3 Conventions municipales autour de ces thématiques : finances, autonomie et complémentarité territoriale ; services publics locaux ; les communes de demain.
- 3 Conventions nationales autour de ces grandes thématiques : international (Affaires étrangères, Défense, Europe, internationalisme) ; Social – économie – écologie ; démocratie.
C’est ainsi que nous redonnerons une doctrine au parti socialiste et un espoir pour les Français !
Contributeur : Rachid TEMAL , Sénateur du Val-d'Oise, Président délégué du groupe SER du Sénat, Premier Secrétaire Fédéral du Val-d'Oise