Contribution fédérale des Côtes-d'Armor - Le corpus idéologique du Parti socialiste


Thème : Corpus idéologique


Télécharger la contribution

Une période de congrès est par définition un moment de réflexion sur l’histoire récente vécue par le parti et ses militants, le bilan à tirer des actions menées, l’analyse critique des résultats de ceux-ci, et les perspectives politiques à proposer. Ce moment permet la confrontation des idées dans le cadre des textes d’orientation nationaux.

Pour sa part la fédération des Côtes d’Armor a décidé de travailler sur le corpus idéologique du PS.

C’est ainsi qu’une journée de réflexion a été organisée le 8 octobre dernier, essentiellement sur 3 thèmes : le travail, la santé, le logement.

Pourquoi ce choix ? Parce qu’ils représentent l’essence des questions à la fois conceptuelles (la formalisation des idées) et opérationnelles (la concrétisation en termes d’action), qui sont posées au Ps dans le département. Par ailleurs ce triptyque constitue une partie du parcours de tout habitant du territoire aussi, l’objectif de la fédération est de repréciser à chaque fois le concept en question, le constat de la situation, les propositions à faire :

 

LA SANTÉ

La santé demeure la première préoccupation des Français notamment sur l’accès aux soins, le statut des médecins ainsi que comment bien vieillir.

Aujourd’hui ce sont 6 millions de Français qui n’ont pas de médecin traitant sur l’ensemble des territoires ruraux et en périphérie. Conséquence : une espérance de vie en bonne santé qui ne progresse plus.

Pourtant de nombreuses mesures sont mises en œuvre (des mesures fiscales incitatives, une garantie de revenus assurée pour les médecins, des maisons de santé financées par les collectivités et parfois mêmes des primes à l’installation).

Des démarches innovantes connaissent déjà un certain succès comme le travail en équipe de médecins, une plus grande ouverture à la formation initiale des jeunes, des investissements soutenus pour du matériel performant. Par ces premières expérience des jeunes médecins s’engagent dans la médecine de ville en dehors des métropoles attractives.

Bien que le numerus clausus a été revu, les universités n’ont pas suivi en termes de places ouvertes à la formation. L’élitisme reste un marqueur de recrutement. De plus, la sociologie des médecins a évolué. L’aspiration ne porte plus sur la seule rémunération mais également sur leur qualité de vie, soit leur temps de travail.

De toute évidence il faut s’interroger sur une distance acceptable d’accès aux soins pour nos concitoyens.

  • La première idée que l’on peut proposer : Des pôles de services dans les centralités secondaires, par exemple les chefs-lieux de cantons pourraient être l’échelon pertinent de la médecine de ville.

  • Accélérer la formation d’infirmièr(e)s techniciennes et cliniciennes qui pourraient réaliser des actes déchargeant les médecins et garantissant malgré tout une prise en charge des patients. Ces soignants exerceraient en cabinet médical sous la responsabilité du médecin. Il en a été question mais rien ne semble concrétisé. Les infirmiers peuvent réaliser beaucoup d’actes sans mettre la vie du patient en danger. Ils sont plus vulnérables quand ils attendent des semaines pour obtenir un RDV médical.

Cependant, les réticences des médecins à la délégation de cette prérogative existent.

Si la relation privilégiée avec le médecin traitant est devenue moins systématique, des pistes sont à étudier :

  • Un service pluridisciplinaire de santé pourrait se généraliser à l’échelle des anciens chefs-lieux de canton.

Cette réflexion impose qu’une nouvelle forme de recrutement des médecins voit le jour. Si actuellement il se fait dans un milieu sociologique et géographiquement restreint, il est difficile d’orienter les jeunes médecins vers un projet de vie en zone rural.

  • Il conviendrait donc d’élargir la formation à des domaines des sciences humaines, environnementales, écologiques pouvant modifier les aspirations des jeunes médecins et par le fait même modifier le recrutement.

  • Rémunérer les étudiants ou les indemniser au moins pendant les études en contrepartie d’une obligation de servir de 5 à 10 ans (cf. anciennement École normale : 10 ans et les infirmières de l’APHP : 5 ans). Cela existait il n’y a pas si longtemps ! Ce qui oblige à une gestion au niveau de l’État en corrélation avec les facultés de médecine.

 

MÉDICO-SOCIAL ET HANDICAP

L’introduction des sciences humaines grâce à des formations pour les services de santé doit être effectivement valorisée. Cela permettra notamment de recruter des médecins ayant une sensibilité particulière aux handicaps, aux pathologies psy et/ou à la démence. Ainsi la continuité de soins la plus adaptée serait assurée. On le sait le corps médical n’est pas forcément en capacité d’accompagner les personnes dans de telles situations.

On constate que les diagnostics tardent à être posés, par exemple 5 ans pour l’autisme et de son côté la réponse de la MDPH est de l’ordre de 8 mois. Celle-ci notifie, oriente. Cependant les moyens ne suivent pas toujours pour apporter une solution de prise en charge.

  • Nous proposons qu’un socle de formation soit mis en œuvre pour répondre au mieux aux C’est donc permettre la création d’un lien entre les secteurs du médical, du médico-social et de l’éducatif.

  • Les bénéficiaires de l’allocation d’adulte handicapé, souvent utilisateurs des épiceries solidaires, sont trop peu intégrés dans la vie Pourtant la loi existe ! La loi de 2005 doit être mise en œuvre. Celle-ci doit permettre de pointer tous les dysfonctionnement de notre société.

  • Une meilleure organisation de l’accompagnement devient nécessaire et de prime abord par une formation efficaces des intervenants.

  • De même, plus de moyens doivent être mis en œuvre pour les acteurs de terrain et leur formation, moins pour le contrôle.

Une France de l’inclusion, où à l’assistance que certains désignent comme de l’assistanat, on doit répondre par des accompagnements de professionnels confortés dans leurs missions de terrain.

De fait, la réponse doit être une plus grande accessibilité aux soins qui permettra d’éviter le recours systématique aux services d’urgences ou aux hospitalisations évitables.

La question de l’hôpital public qui est désormais en grande difficulté au même titre que la médecine de ville se pose.

  • Créer de lits à l’hôpital public pour mieux traiter les patients et le

  • Le personnel n’est pas là pour uniquement gagner de l’argent mais il entend être reconnu. Il faut donc revoir les grilles de salaires et les plans de carrière. Les primes ne règlent aucun problème de fond.

  • Mettre fin aux paiements de vacations hors de

  • Repenser dans certains cas les soins en ambulatoire qui sont une excellente alternative à condition d’être faits à bon escient. En effet un patient ayant suivi une exploration ou un traitement un peu stressant reconsulte Il faut revoir ce mode d’hospitalisation.

  • Il n’est pas inenvisageable de mettre en place plus de coercition ou du moins plus de régulation pour orienter les installations de médecins dans les Tout comme il est possible de contrôler les installations médicales en ne les autorisant que selon un certain nombre d’habitants - cela se fait pour les pharmaciens.

  • Dès l’école élémentaire, il devrait y avoir une véritable éducation à la santé qui commencerait par la connaissance de son Reprendre les visites médicales dans les écoles à tous les niveaux de formation.

Sur le fond, nous en revenons toujours sur la même question. Celle de la formation des services de santé dans l’entièreté de ses composantes et à la revalorisation de ces métiers pour que, face au grand âge, aux handicaps, le bien être de chacun et de tous soit assuré.

 

LE TRAVAIL AUJOURD’HUI

Le travail aujourd’hui considéré comme valeur cardinale de la société. Or, cela n’a pas toujours été le cas (antiquité, esclavage), du moyen-âge et jusqu’au19eme, la réussite était de ne pas travailler.

Le travail devient une valeur avec la montée du salariat. Syndicalisme, parti politique le mettent en avant pas simplement pour gagner sa vie mais aussi comme valeur de reconnaissance, d’appartenance au monde salarié, à une classe sociale, avec la place du métier et la notion du travail bien fait.

Avec le 20eme siècle, c’est la production qui devient prioritaire avec la montée des contradictions entre classes sur l’organisation de la société par rapport au travail avec de nombreuses luttes syndicales et politiques aboutissant notamment en France à l’issue de la deuxième guerre mondiale au programme du CNR : système social de protection contre le chômage, Sécurité sociale…

Il y a une vraie symbolique des différences droite/gauche sur la notion du travail qui entraîne de puissants débats de société : sur la RTT, le chômage, salaire minimum. Puis la formation, l’insertion, le dialogue social (cf. droit syndical) ....

Au 21ème siècle, les crises du capitalisme (2008), de santé (Covid et ses suites), de l’environnement, aboutissent à un autre questionnement sur le sens du travail.

À quoi sert-il ? À quoi mène-t-il ? Le travail reste-t-il un élément fondateur pour la vie en société ?

C’est la question de la "grande démission » (États-Unis, France, Grande-Bretagne)… celle de la "bifurcation ". Dans tous les cas, la gauche a une responsabilité vis à vis des travailleurs : protéger, réduire les inégalités, améliorer la vie des gens.

Pendant le travail : condition et qualité au travail et après : retraite.

Se (re) pose, alors, avec acuité la place de la démocratie dans l’entreprise, sur le lieu de travail.

De ces différents éléments, découle les points sur lesquels le Parti socialiste doit réfléchir pour se remettre à jour :

  • La démocratie au travail, avec la place de nouveaux droits des salariés (nous sommes au 40ème anniversaire des lois Auroux) ex : le nombre de représentants syndicaux dans les CSE (le rôle de ceux-ci, dans l’expression des travailleurs dans l’entreprise).

  • Une réflexion sur la santé et les conditions de travail (reprise statistique du nombre d’accidents du travail).

  • L’inversion du débat sur le manque de salariés, non pas l’adéquation des salariés au poste demandé par les employeurs mais par la  définition de leurs propres responsabilités dans les carences actuelles et la reconnaissance du travail à effectuer et non pas uniquement la rémunération

  • La typologie des différentes formes du travail et de l’emploi. Il y a des différences entre les On ne parle que du travail rémunéré mais il doit aussi être mis en perspective le travail domestique non payé et non valorisé ainsi que l’engagement bénévole en tant que contribution à la vie sociale (associations, syndicalisme, élus…) avec la reconnaissance du bénévolat (ex. valorisation des heures effectuées dans les bilans associatifs et les subventions).

  • Le lien à creuser entre l’environnement et le travail en termes de conséquences de l’un sur l’autre.

  • Quid du métier avec ce que cela entraîne comme remise en perspective du savoir-faire, de l’expérience, de la transmission.

  • En liaison avec le point précédent, la place du numérique (interchangeabilités, rapidité, subordination indirecte, surveillance et densité du travail accrue avec ses conséquences en termes de santé et d’équilibre).

  • Enfin il nous faut reprendre la recherche sur le syndicalisme. Quel est son avenir au 21eme siècle ? Quelle forme d’organisation pour La Défense collective des travailleurs ? En quoi ce débat peut apporter sur le sens même du terme sociale- démocratie ?

Sur tous ces points il apparaît que notre corpus n’est pas à jour : entre le 20ème siècle et la légitime nostalgie qu’il produit et l’anticipation qui passe par une inversion des paradigmes (ex pour l’adaptation aux postes de travail), le PS doit se retrouver sur le sens et l’utilité du mot travail. Sur ce thème nous avons à partager nos avis et intuitions avec d’autre pour une nécessaire formalisation. D’où une proposition de rencontre et d’échange à organiser (avec d’autres partis de gauche, les syndicats, des associations, sociologues…) par les instances fédérales.

 

RÉFLEXIONS SUR LE LOGEMENT

Ce secteur mérite une réflexion profonde sur ce qui est mis en place pour que tout citoyen qui le désire puisse accéder à un logement décent. On est loin du compte !

Quelques pistes, déjà lues ou entendues mais qui restent sous exploitées par manque de crédits financiers donc mal explicitées, difficiles d’accès…

  • Plafonner les loyers notamment en zone tendue

  • Prendre toutes les mesures pour aider au logement qui doivent durer dans le temps pour éviter de laisser les personnes au milieu de leur chantier, notamment en matière d’économie d’énergie.

  • Augmenter les aides pour le maintien à domicile des personnes âgées, la CARSAT ayant suspendu ses aides actuellement !

  • Favoriser la création de logement intergénérationnel et l’habitat résidentiel avec services communs

Les mesures annoncées doivent être éprouvées notamment en matière de fraude fiscale et autre profitant à certains artisans mais aussi à des groupes.

  • Faciliter les démarches en rémunérant des organismes indépendants pour éviter les arnaques et supporter les personnes dans leurs démarches.

  • Contrôler en fin de chantiers la conformité des travaux et si besoin créer des emplois pour ce faire.

  • Favoriser la réhabilitation du patrimoine désaffecté ou vieillissant notamment en cœur de bourg ou centre-ville, allant jusqu’à l’acquisition de biens par les collectivités s’ils sont laissés à l’abandon (cf. EPF) entre autres.

  • Ensuite plus d’aides pour créer du logement décent et à prix abordable…ce qui renvoie à la réflexion sur l’aide au logement majorée plus que de l’aide à la personne…

Ces réflexions, nous les mettons également en débat au niveau régional dans le cadre de la discussion du Breis, mais nous souhaitons aussi une contribution des Côtes d’Armor, département qui n’est pas que le passage entre Brest et Rennes/ Paris (et réciproquement).

Parmi les 4 départements officiels de la région Bretagne, nous avons une géographie d’équilibre entre l’urbain et le rural, sans métropole ni nombreuses villes moyennes (au sens national), mais un très dense tissus de petites villes et de bourgs se structurant dans un halo de vie associative, culturelle, sportive très dynamique et inventives, source d’innovations et d’expériences de vivre ensemble.

Il en est de même pour le maillage économique, lié à l’agriculture et à l’agroalimentaire, mais aussi au tourisme et aux services dont l’essor durant ces 60 dernières années en fait un territoire de développement jeune avec justement des défis et de s adaptations/bouleversements que le PS 22 se doit de décrypter, de comprendre et d’affronter politiquement, propositions à l’appui.


Signataires :

Annie LE HOUEROU (22 CF/BF /Sénatrice), Loïc CAURET (22 CF/BF), Philippe LE GOUX (22,Maire de Pléguien, Président UDESR22,CF/BF),Renée MAZEO (22, Conseillère municipale de Saint-Brieuc CF/BF), Camille CAURET (22, Adjointe au Maire de Lamballe- Armor CF/BF), Cyrille THIRIOT (22), Wolfram TROEGER ( 22, Secrétaire de section Leff- Armor-Argoat CF/BF), Michel PEROCHE (22, secrétaire de la section de Perros-Guirec CF/BF), Michel MORIN (22, conseiller municipal de Plédran CF/BF), Maryse RAOULT (22 CF/BF), Monique LE CLEZIO (22, secrétaire de la section Loudéac-Centre Bretagne, CF/BF), Jacques KERMEN (22, Secrétaire de la section Guingamp-Paimpol, CF/BF), Bertrand LE BEAU (22CF), François BAUDOUIN (22 CF/BF),Guillaume LOUIS (22,conseiller départemental CF/BF), Thibaut LE HINGRAT(22, adjoint au maire de Saint-Brieuc CF/BF), Claudy LEBRETON (22, ancien Président du Conseil Général, CF,BF), Jean-Louis LE TACON (22, Trésorier Fédéral, CF/BF), Didier LE BUHAN (22, adjoint-au-maire de Saint-Brieuc CF/BF), Rachid DYDA (22, conseiller municipal de Saint-Brieuc, CF), Eva-Sophie TROEGER (22, adjointe-au-maire de Plouha CF/BF), Jean BELLEC (22, conseiller municipal de Langueux, CF/BF), Antoine RAVARD (22 CF/BF) Antonin MAHE(22, conseiller municipal de Paimpol, Président des JS22, CF/BF), Pierre HUONNIC (22, maire de Plouguiel, CF/BF), Francis LE LAY (22), Daniel HAMON (22),Marie-Renée OGET (22, ancienne parlementaire), Micheline RICHARD(22), Jean-Claude PERSAIS (22), Madeleine HOUZE (22), Chantal DELUGIN (22), Guy BOUTEILLER (22), Dominique LEMEUR (22), Anna CHOUAT (22), Paul LE BIHAN (22, maire de Lannion, Vice-Président de Lannion-Trégor Communauté, CF), Marie-France PAVEN (22, secrétaire de la section du Kreiz-Breizh, CF), Philippe LANDURE ( 22, maire de Quévert, CF/BF).


Télécharger la contribution

Veuillez vérifier votre e-mail pour activer votre compte.