COP 29 : Bakou pour rien, ou presque…

- Mardi 26 novembre 2024

Au lendemain de la COP29 qui s’est achevée à Bakou, en Azerbaïdjan, nous regrettons que les objectifs ambitieux qu’elle s’était fixés n'aient pas été atteints. Nous déplorons que la présidence, polémique et opaque, comme l'ont dénoncé nombre de parties présentes, n'a pas contribué à entraîner les États vers un accord à la hauteur des enjeux du moment.

L’accord final reconnaît que les pays développés sont les responsables historiques du changement climatique ; il engage ainsi les pays européens, les États-Unis, le Canada, l’Australie, le Japon et la Nouvelle-Zélande à augmenter de 100 à « au moins » 300 milliards de dollars annuels d’ici à 2035 leurs prêts et dons aux pays en développement. Ce montant n’est plus une somme maximale, mais un plancher qui pourra être dépassé et faire l’objet d’une révision d'ici à 5 ans au lieu de 10 ans.

Pour autant, nous déplorons l’écart entre ce montant et celui de 1 300 milliards de dollars réclamés initialement par les pays en développement pour s’adapter aux inondations et aux canicules ou investir dans les énergies bas-carbone. Nous demandons aux pays développés de revoir leurs contributions à la hausse mais aussi que la Chine et les pays émergents riches, qui ont été défaillants à Bakou, intègrent désormais ce groupe ou qu’ils s'engagent avec la même transparence. Si l’argent pourra désormais venir de multiples sources - privée, publique, banque de développement… - nous attirons l'attention sur les prêts qui ont pour conséquence d’alourdir la dette des pays.

Nous déplorons également que les textes finaux, présentés par la présidence, ne traduisaient pas d’ambition particulière en matière de baisse d’émission de gaz à effet de serre et qu’ils ne contenaient pas l’appel à la transition vers la sortie des énergies fossiles, principal acquis de la COP28 de Dubaï. Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à justement recadrer ce point en affirmant qu’« Il n’y a pas de retour en arrière sur le consensus des Émirats arabes unis : nous ne pourrons pas atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sans une transition juste des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. »

La COP29 s’était ouverte sur une déclaration volontairement positive de la présidence s’agissant du marché carbone qui régit les échanges d’émissions de CO₂ entre États et entreprises. Si des règles ont bien été posées sur les échanges de crédits entre pays, celles-ci ont la faiblesse de n'être ni contraignantes, ni appuyées sur des contrôles permettant d’évaluer qu'elles sont bien réelles et additionnelles. Pour le Parti socialiste, ce marché carbone ne doit pas détourner les États de la poursuite de l'objectif commun qui est la décarbonation, au risque sinon d'encourager l’utilisation d'énergies fossiles qui nous éloignent de l’Accord de Paris.

Dans le contexte d’une COP tendue, les quelques avancées arrachées par la diplomatie climatique ne sont pas celles escomptées. Elles devront servir de base de négociations à la COP30, programmée à Belèm, qui devra aboutir à des résultats plus ambitieux, en particulier en matière de financements et de sortie des hydrocarbures.

Bertrand Cavalerie, secrétaire national adjoint aux Biens communs

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