- Jeudi 21 novembre 2024
Gulsen Yildirim, secrétaire nationale en charge de l'Enseignement supérieur et la Recherche
Alexane Riou, secrétaire nationale adjointe en charge de l'Enseignement supérieur et la Recherche
Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste
Après des semaines de silence depuis sa nomination, Patrick Hetzel, Ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, a enfin présenté sa feuille de route, une feuille de route complètement désincarnée et sans chiffrage. Cette présentation qui n'est en réalité qu'une pâle copie de celle de son prédécesseur ne cible aucunement les urgences dans un monde universitaire traversé par de lourdes difficultés structurelles et conjoncturelles.
Ainsi sur la réforme des bourses universitaires, le Ministre veut se donner du temps en repartant de zéro avec une concertation au printemps prochain alors même que le sujet a déjà donné lieu à de nombreuses études et auditions et que la précarité étudiante ne cesse de s'aggraver. Prendre encore plus de temps, alors que les gouvernements Macron font miroiter une évolution depuis 2018, conduira davantage d'étudiants vers la pauvreté. Cette nouvelle concertation risque de ne déboucher sur rien si les revendications des organisations syndicales ne sont pas entendues et si un effort budgétaire n'est pas prévu pour rehausser les montants alloués et les barèmes d'attribution.
Pour le Parti socialiste, un ministre en charge de ces questions doit apporter des réponses urgentes à cette précarité et arrêter de gagner du temps sur un sujet aussi grave et qui concerne des milliers de jeunes. Le repas à 1€ sans condition pour tous les étudiants, l'encadrement des loyers, l'augmentation de l'offre de logements abordables avec notamment la construction de nouvelles résidences CROUS et l'amorce d'une réelle réflexion sur la création d'une allocation d'autonomie doivent être les priorités.
S'agissant de la régulation de l'enseignement supérieur privé, le Ministre s'est engagé sur la création d'un label déjà promis par la précédente Ministre, Madame Retailleau. Or plus qu'un simple label, la réponse doit être ferme. L'établissement d'un véritable code de déontologie obligatoire est nécessaire afin de protéger les étudiants et leurs familles contre une publicité mensongère, créant l'illusion en matière de fiabilité scientifique des intervenants et d'insertion professionnelle, et dans certains cas, les endettant durablement en raison de droits d'inscription plus que prohibitifs. Une clarification s'impose sur la dénomination de ces établissements ou des diplômes qu'ils délivrent. Ces pratiques génèrent une concurrence déloyale dénoncée de longue date à l'égard du secteur public et une confusion dans l'esprit des étudiants. L'Etat depuis trop d'années organise la propre dégradation de son service public et cela doit cesser.
Enfin, en 2024, la recherche et l'enseignement supérieur ont payé un lourd tribut avec près d'un milliard de coupes budgétaires. L'une des responsabilités premières d'un ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche doit être de se battre avec conviction pour garantir un financement public ambitieux et équitable pour nos universités et nos laboratoires. Or le budget 2025 figure parmi les plus faibles depuis vingt ans. Sans évoquer ce point essentiel, le Ministre nous promet un « pacte sur la recherche » et souhaite que, sur le volet autonomie, les universités se dotent « d'une capacité stratégique ». Des mots qui sonnent creux tant les enjeux cruciaux ne sont pas abordés. Des mots qui sonnent d'autant plus creux que le lendemain de la présentation de cette feuille de route, il annonce aux établissements une diminution de la subvention pour charge de service public alors même que les charges s'accroissent et que les cotisations retraite des agents de la fonction publique des universités (CAS Pension) augmentent et seront en 2025 à la charge des établissements et non-compensées par l'État. Fait inédit, les présidentes et présidents manifestent aujourd'hui devant le ministère face à cette nouvelle coupe sombre dans leur budget.
Le Parti socialiste apporte son soutien à cette mobilisation sans précédent et estime qu'il est temps de considérer l'enseignement supérieur et la recherche comme un investissement, non pas comme un coût à réduire, l'avenir de la France, de son potentiel d'innovation, de son rayonnement, et de la formation de sa jeunesse est en jeu.