- Jeudi 21 novembre 2024
Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste
Dylan Boutiflat, Secrétaire national aux relations internationales
Cécilia Gondard, Secrétaire nationale au nouveau modèle de développement et droits humains
Selon un rapport sur le Soudan de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, plus de 61 000 personnes seraient mortes dans l'État de Khartoum, où les combats ont commencé l'année dernière. Parmi celles-ci, 26 000 auraient été tuées à la suite de violences, la principale cause de décès au Soudan restant les maladies évitables et surtout la famine. On dénombre d'autres morts ailleurs dans le pays, notamment dans la région occidentale du Darfour, où de nombreux rapports font état d'atrocités et même de nettoyage ethnique. En mai dernier, l'envoyé spécial américain pour le Soudan, Tom Perriello, faisait état d'estimations allant jusqu'à 150 000 personnes tuées. Des chiffres qui pourraient être sous-estimés alors que l'état de désorganisation ne permet pas de recenser les morts.
Au cours des derniers mois, la crise humanitaire qui sévit au Soudan est devenue la plus grave dans le monde. En août 2024, plus de 26 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, sont touchées par la faim. La crise déstabilise toute la région, avec plus de 11 millions de déplacés soudanais dont plus de la moitié ont trouvé refuge dans les pays voisins.
Les violents affrontements entre les Forces armées soudanaises (Sudan Armed Forces SAF- l'armée soudanaise) et les Forces de soutien rapide (Rapid Support Forces RSF - une unité paramilitaire) ont forcé des millions de personnes à fuir et rendent plus difficile l'accès à l'aide humanitaire vitale. Les inondations et l'effondrement des infrastructures aggravent encore la situation.
La France et la communauté internationale, par leurs efforts diplomatiques pour renforcer et acheminer l'aide humanitaire, peuvent prévenir une catastrophe encore plus meurtrière, qui impactera forcément l'Afrique mais aussi l'Europe, en négociant :
- Un cessez-le-feu immédiat et des sanctions contre les belligérants. Cela implique non seulement l'exigence de la cessation des combats, mais aussi le strict respect du droit international humanitaire par toutes les parties au conflit. Il est essentiel de garantir la protection des populations civiles, en particulier des femmes, des enfants et des autres groupes vulnérables. Il s'agit aussi d'obtenir le retrait des forces militaires et paramilitaires étrangères et des sanctions internationales imposées aux belligérants qui sapent le cessez-le-feu ou qui violent le droit international humanitaire. Il importe également d'étendre l'embargo de 2004 sur les armes du Darfour à l'ensemble du Soudan - comprenant les armes livrées directement ou indirectement par des pays tiers - et que ses mécanismes de surveillance et de vérification soient renforcés.
- L'accessibilité et l'accroissement de l'aide humanitaire : face à la crise alimentaire aiguë et aux conditions rendues plus difficiles pour les interventions humanitaires, il faut mettre en place des corridors sûrs permettant d'acheminer les biens de première nécessité et les soins médicaux vers les régions touchées. La France doit notamment soutenir les sous-organisations humanitaires de l'ONU avec des moyens financiers utilisables de manière flexible et planifiables à long terme. Face au sous financement du Plan de réponse régionale, il est essentiel que le budget de l'aide humanitaire soit augmenté, aux niveaux français, européen et international et que celui de l'aide au développement soit à la hauteur des engagements internationaux de 0,7 % du RNB (revenu national brut).
- Un accord de paix durable, pour la reconstruction et le développement. Cela nécessite d'augmenter les financements des agences des Nations Unies et des ONG, de soutenir les pays d'accueil des réfugiés et de permettre leur retour (3 millions au Tchad, 1,4 million en Égypte, Soudan du Sud, Ouganda, Éthiopie notamment). La France doit promouvoir des projets de développement à long terme qui favorisent la reconstruction et la stabilisation du pays. Les projets visant à promouvoir une agriculture durable en vue de créer un système économique autonome sont fondamentaux si l'on souhaite offrir aux personnes des perspectives d'avenir dans leur pays et les rendre moins dépendantes de l'aide humanitaire. Cela ne sera toutefois possible que si les négociations de paix qui se sont tenues en août 2024 sont relancées et menées à terme.
Les aspirations du soulèvement populaire de 2019 ont été déçues car la transition démocratique a été trahie par les militaires, ceux-là mêmes qui commettent les pires crimes, dont ils devront répondre devant la justice internationale. Plus que jamais le Parti socialiste se tient aux côtés des citoyens qui veulent vivre dignement, en sécurité et en paix.