– Mercredi 4 septembre 2024
Le ministre démissionnaire des finances a présenté hier un état des finances publics, insistant sur la contrainte budgétaire pesant sur la France. Il a ainsi pu parler de « dérapage », terme qui a largement été repris par la presse et par les commentateurs de la vie politique. Le Parti Socialiste déplore cette manière de biaiser cette présentation budgétaire qui n’est faite que dans le souci de nier la responsabilité du gouvernement sortant. Pourtant, il n’est pas correct de parler de dérapage tant l’ensemble des éléments étaient prévisibles pour ne pas dire connus d’avance.
Trois éléments sont invoqués par le ministre démissionnaire. C’est en premier lieu une croissance plus faible que prévue, alors que les parlementaires, de gauche comme de droite, mais également le Haut conseil des finances publiques avait alerté depuis un an sur la surestimation de cette dernière. Le deuxième élément est la baisse des recettes fiscales attendues, et en particulier de l’impôt sur le revenu, de l’impôt sur les sociétés et de la TVA. Pourtant, là encore, de nombreux indicateurs auraient dû permettre d’intégrer cet état de fait. En particulier, la baisse des recettes d’IS, liée en grande partie à la baisse du taux, est parfaitement logique et aurait dû être intégrée dans les prévisions. La remise en cause des impôts, sans aucune surprise, a des effets conséquents. Avec environ 60 milliards de perte annuelle de recettes fiscales, ce sont les décisions d'Emmanuel Macron et de ses gouvernements qui sont pleinement responsables des difficultés actuelles.
Troisième élément, la baisse de l’épargne brute des collectivités territoriales, pointée du doigt par le gouvernement pour s’absoudre de toute responsabilité. Il est parfaitement habituel de constater que les collectivités électorales investissent en milieu de mandat (la première partie du mandat étant consacrée à la préparation des projets et la seconde à leur réalisation) et cet élément était là encore parfaitement prévisible. De plus, il ne s’agit pas d’une hausse inconsidérée des dépenses des collectivités mais de la réalisation de leurs projets d’investissement au bénéfice des territoires et des populations. En somme, le Parti Socialiste dénonce une vision malhonnête de la situation budgétaire visant à stigmatiser des collectivités territoriales qui sont pourtant infiniment plus saines que l’État sur le plan comptable et budgétaire.
En définitive, les faits sont clairs : la déclaration du ministre démissionnaire est un nouvel aveu de l’échec de la politique de l’offre conduite dans notre pays depuis sept années et de la gravité de la politique de désarmement fiscal conduite. Les socialistes ont des propositions pour assainir les comptes publics tout en conduisant une autre politique, plus juste, plus démocratique, plus redistributive et plus vertes. Ils porteront dans le cadre des débats budgétaires les propositions du Nouveau Front populaire et de leurs deux groupes parlementaires pour mettre fin aux démarches libérales et austéritaires qui abîment notre vivre-ensemble, notre démocratie et paupérisent une large majorité de Françaises et de Français.
Brice Gaillard, secrétaire national au Budget, à la Planification écologique et aux Nouveaux indicateurs de richesse