Diversifier les modes d’inhumations en France

Thème : Inhumation


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« Diversifier les modes d’inhumations en France »

« Naissance des « arbres de vie » dans « les parcs de la mémoire d’amour » 

Il y a un sujet que nous n’abordons jamais en politique, c’est ce que nous faisons des corps de nos personnes décédées. Il y a un vrai tabou à aborder ce sujet, ou en tout cas une gêne à parler de la mort et de ce que nous devons faire des corps des décédés.
« En France, seules deux dispositions funéraires sont envisageables : l'inhumation ou la crémation. Toutefois, il est désormais établi que les bilans sanitaires et environnementaux de ces pratiques sont mauvais : pollution des sols, saturation des cimetières et immobilisation à long terme d'espaces urbains, consommation importante d'énergie ou
encore émission de gaz à effet de serre sont autant de sources de préoccupation... » extrait de « Le Point, mise à jour le 10/10/2023 : article sur Composter les défunts : l’humusation, pratique funéraire du futur ? »

Même la ville de Paris a procédé à une étude en 2017 qui a révélé que les 2 seuls procédés sont acceptés en France, avait un impact sur l’environnement.


Et pourtant, malheureusement, L’inhumation, c’est
-à-dire le procéder à enterrer le corps du défunt sous terre, est le procédé le plus polluant. Il dégage 4 fois plus de CO2 que la crémation, ce qui représente 11% des émissions annuelles d’un français. Pourquoi ? Pour enterrer nos défunts nous utilisions des caveaux en béton, avec des monuments en granit, souvent importés de l’étranger. De surcroit, la conversation des corps, utilisent des produitsqui polluent les sols. Enfin les cercueils en bois utilisent des colles et des vernis également polluants. Nous devons mettre ces chiffres en relation avec le nombre d’habitant sur la planète, qui devrait atteindre en 2050, selon l’ONU 9 milliards d’individus. Même si tous les pays n’utilisent pas les mêmes procédés d’inhumations, elle reste le moyen le plus employé après la mort pour honorer nos morts. Les cimetières, deviennent un problème dans toutes les communes car elles prennent de la place et les concessions à perpétuité ne peuvent pas être déplacées. C’est pourquoi, nous voyons en Corse par exemple, des sépultures au milieu d’un parking de magasin, ou au milieu des maquis. Pour éviter les maladies, les corps sont enterrées à plus de 2 mètres.

Pourtant, en enterrant nos morts à plus de 2 mètres, il n’y a plus l’humidité idéale, ni l’air pour que puissent vivre les humuseurs = micro-organismes (champignons, bactéries, ...) qui agissent pour décomposer les êtres vivants... C’est parce que les matières organiques mortes (feuilles, branches, arbres, déjections des animaux, leurs dépouilles) restent sur le sol, au-dessus des racines, à la disposition des humuseurs qu’ils se transforment en humus fertile et ce en permanence. C’est la raison pour laquelle les arbres poussent dans nos bois sans avoir à retourner les sols ou à avoir à utiliser les engrais, ou pesticides chimiques. Mais les enterrer à 2 mètres de profondeur, cela provoque une production massive de substances très nocives telles que cadavérine et putrescine qui se s’écoulent avec tous les produits chimiques, accumulés en nous au cours de la vie, dans les sols et les nappes phréatiques. 

La crémation qui consiste à brûler le corps du défunt pour le réduire en cendres, équivaut à 233 kilos de CO2, soit 3% des émissions d’un français par an, 23% d’un aller/retour Paris- New York, 1124 km en voiture. (L’étude part de la mise en bière pour aller jusqu’à la destination de l’urne (colombarium, cavurne, caveau, dispersion) en passant par la crémation en elle-même et la fabrication de l’urne cinéraire. )

Une pollution principalement due aux gaz utilisés pour brûler le corps, qui s'échappent généralement dans l'air : ils représentent 56 % des émissions de CO2 d'une crémation.

La crémation qui est une destruction rapide par le feu d’un corps humain, constitué d’environ 80 % d’eau. Ce n’est pas facile à faire car il est peu combustible... La crémation doit se faire à plus de 1000 °C pendant +/- 1 h 30. Pendant la crémation, les vêtements, les chairs, et le cercueil sont transformés en pollution, comme le dioxyde de carbone (CO2), anhydride sulfureux (SO2) et oxydes dazote (NOx), rejets qui contribuent au réchauffement climatique et aux pluies acides, ainsi que des composés particulièrement toxiques comme les dioxines, les fines particules de métaux lourds (mercure, plomb, cadmium) ... et poussières fines.

C’est une catastrophe écologique, et les problèmes de santé sont nombreux aux abords des crématoriums : les filtres ne sont pas totalement efficaces et les polluants qui y sont retenus vont à l’égout, lors de leur nettoyage. C’est d’autant plus grave que les stations d’épuration sont incapables de les éliminer... Ils se retrouvent « in fine » dans la faune et flore présentes dans les fleuves et les mers.

Des alternatives plus traditionnelles existent également, déjà autorisées par la loi. C’est le cas des cercueils en carton, très utilisés dans le Nord de l’Europe depuis une trentaine d’années, mais dont le développement demeure timide en France, malgré des avantages écologiques reconnus.

En France, la législation impose la mise en cercueil, ce qui rend impossible l’enterrement d’un corps uniquement enveloppé d’un linceul comme dans certains pays. Seules l’inhumation et la crémation sont autorisées.

Donc même morts, nous continuons à polluer.

Pourtant d’autres pays que la France réfléchissent à d’autres moyens réduisant l’impact environnemental des suites de la mort. Par exemple, en Suède, ils développent le principe de Résomation, qui consiste à plonger le corps dans de l’azote liquide à -196°c, afin de le rendre fiable. La poudre obtenue est ensuite placée dans une urne biodégradable afin d’être enterrée. L’Afif (Association française d’information funéraire) explique que ce procédé n’est à l’origine d’aucun rejet de mercure dans l’atmosphère, mais qu’il n’est autorisé que dans quelques pays, à savoir la Suède, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Corée du Sud et l’Afrique du Sud.

Une autre technique est celle de l’aquamation : c’est un procédé innovateur et écologique de crémation par l'eau. En mars 2015, à la suite d'études environnementales strictes, le Québec autorise cette technique de disposition des corps, originaire d'Australie et déjà pratiquée dans plus de 15 états américains.

Son but est de pulvériser le corps sans passer par le processus de crémation. Le corps, placé dans un caisson rempli d’une solution alcaline, est mis sous pression et chauffé à 160 °C. Il ne reste qu’une poudre de calcium pouvant, elle aussi, être placée dans une urne biodégradable. Selon l’Afif, ce procédé utiliserait dix fois moins d’énergie qu’une crémation, mais n’est pour le moment autorisé que dans les pays anglo-saxons (Australie, Angleterre, Canada et quinze États des États-Unis). L’aquamation est moins onéreuse qu’une crémation et non polluante. L’investissement nécessaire à l’aquamation serait à la portée de la très grande majorité des sociétés de pompes funèbres

C’est dans cet esprit que s’est développé le concept d’urne « biodégradable » depuis les années 1990. Ce projet lancé sur la plateforme participatif Kickstarter propose un projet qui se répand de différente manière depuis quelques années, selon différents procédés : mais la finalité est la même : devenir un arbre après sa mort. Dans ce cas on place les cendres du défunt dans une urne biodégradable avec la graine d’un arbre.

« Le but de cette urne est d’offrir une alternative durable pour se souvenir des personnes disparues, d’une manière naturelle et contemporaine », explique l’entreprise sur son site. Elle veut « promouvoir une nouvelle manière de voir la mort, où la fin de vie est une transformation et un retour à la vie à travers la nature ». Bios urne fait également valoir le faible coût de son produit. Ils mettent également en avant le fait de répondre à une compensation écologique entre l’empreinte carbone laissé pendant la vie, et l’action positive après la mort.

On voit donc émerger ces dernières années une envie de l’homme à œuvrer positivement après sa mort en passant d’une empreinte positive pendant sa vie, à une empreinte négative pendant sa mort.

L’idée est d’avoir un 3ème choix en dehors de l’inhumation ou la crémation : DEVENIR UN ARBRE DE VIE APRES LA MORT.

Différents procédés existent pour transformer le corps décédé en substance permettant l’implantation d’une graine d’arbre.

Le premier est l’humusation :

Cette technique transforme les corps en humus sain et fertile grâce à des micro-organismes présents dans un compost fait de broyats de bois d’élagage. Le processus prend douze mois. L’humusation d’un défunt produirait ainsi en moyenne 1,5 m3 de compost.

En Belgique, une pétition, circule depuis 2014, pour légaliser l’humusation. « Contrairement aux autres pratiques, elle ne recourt pas aux énergies fossiles, préserve la qualité des eaux, et mobilise toute la biomasse disponible pour régénérer les sols afin de favoriser la croissance de nombreux arbres. Cela contribuera à enrayer le dérèglement climatique ».

En France, le sujet a été abordé par la sénatrice LR, du Rhône, Elizabeth Lamure lors d’une question écrite au gouvernement en mars 2016. Elle interpellait le ministre de l’Intérieur au sujet d’une éventuelle légalisation de l’humusation. Le ministre lui a répondu, dans un texte publié en octobre 2016, que « l’introduction [de l’humusation] en droit interne soulèverait des questions importantes, tenant notamment à l’absence de statut juridique des particules issues de cette technique. (...) Ainsi, les questions que soulève “l’humusation” nécessitent une réflexion approfondie qui pourrait se poursuivre dans le cadre du Conseil national des opérations funéraires (Cnof). »

Extrait du point : L'humusation et la loi extrait de « Le Point, mise à jour le 10/10/2023 : article sur Composter les défunts : l’humusation, pratique funéraire du futur ? »
« L'évocation de l'humusation provoque souvent dégoût et ironie, mais cette pratique est loin d'être incongrue : aux États-Unis, le compostage des corps humains a été légalisé dans l'État de Washington en 2019, suivi par les États du Colorado, de l'Oregon, du Vermont et de Californie (2022).

En France, l'obstacle législatif est important. Il est ainsi énoncé clairement dans le Code général des collectivités territoriales que « le maire ou, à défaut, le représentant de l'État dans le département, pourvoit d'urgence à ce que toute personne décédée soit ensevelie ou inhumée [...] ». Pourtant, bien que le bilan environnemental exact d'une crémation ou d'un enterrement varie selon les pratiques, leur impact est indéniable (notamment du fait de la confection des cercueils, des monuments funéraires, etc.)

Dans le sillage des évolutions écologistes en cours, l'idée de l'humusation a fait progressivement son chemin parmi la société civile, les médias et jusqu'à l'Assemblée nationale. Dans une proposition d'amendement (n° 3179) visant à permettre l'humusation à titre expérimental, la députée Élodie Jacquier-Laforge arguait ainsi que l'humusation était une pratique respectueuse de l'environnement. »

Bien qu'elle ne soit autorisée nulle part, l'humusation est de plus en plus discutée : en Belgique par exemple, où des milliers de citoyens s'emparent du sujet, mais également aux États-Unis, où une loi proposant de la légaliser a été votée dans l'État de Washington, qui a été ainsi le premier au monde à légaliser le "compost humain" : la loi entra en vigueur le 1er mai 2020.

La deuxième est la capsule funéraire : c’est une capsule organique en forme d’œuf. Le défunt est déposé à l’intérieur du cocon, en position fœtale, puis enterré sous terre. Une graine ou un plant d’arbre du choix de la famille est ensuite planté au-dessus. De ce fait, l’arbre ce nourrit et s’enracine dans la dépouille du défunt. La capsule est 100% écologique et nécessite peut de matières premières.

L’arbre se nourrit et s’enracine dans la dépouille du défunt pour devenir un arbre mature au bout de quelques années. La famille peut ensuite retrouver l’arbre et s’y recueillir. Très similaire à l’humusation, le but principal derrière ce projet est de réduire l’impact écologique des obsèques traditionnelles. La capsule funéraire, elle, est 100% organique et nécessite peu de matières premières. De plus, comme un arbre est planté, l’impact environnemental des obsèques est fortement réduit.

Cependant ce procédé n’est pas compatible avec la législation française. En France, d’après l’article 2213-15 du CGCT, tout défunt doit être placé dans un cercueil homologué.

Ces 2 procédés, après la mort, ont d’abord une raison écologique mais aussi pour la famille, il sera plus agréable de se promener au milieu de parc pour rendre hommage à leurs morts, plutôt que dans des allées de cimetières. Nous passerions d’un moment mortifère à un moment de vie dans un parc où les cris de joie et les jeux apporteraient de la vie dans ce lieu de recueillement. Que veulent les grands parents, et les gens en générale : voir la vie et la joie se propager et se développer.

De surcroit, cela participera à la re-végétalisation des communes et donnera un aspect plus positif au départ de nos êtres aimés. Un parc dans les villes et les villages pour honorer nos ainés. Les propriétaires de biens avec jardin pourraient même enterrer leurs êtres aimés près d’eux. Ils continueront à œuvrer pour les générations futures en fabricant de l’oxygène et en participant à la reforestation nécessaire pour les générations futures.

Mais il falloir mener une bataille culturelle, mais également politique en France ainsi qu’au niveau européen pour voir naitre « les premiers arbres de vie » dans « les parcs de la mémoire d’amour ».

C’est pourquoi je souhaiterais créer l’association « arbre de vie » dans « les parcs de la mémoire d’amour » pour défendre ce projet et mener le combat. J’espère que le parti socialiste va s’emparer de cette problématique pour faire évoluer la législation française et permettre d’autres modes d’inhumations ainsi qu’à permettre de contribuer à la préservation de la planète.


Contributeur : Marc MONDON, Section PS de Saint Just Saint Rambert


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