Animation : François-Xavier Demoures, président de Grand Récit
Intervenant·e·s :
- Alizée Ostrowski, secrétaire nationale du Parti socialiste à l’Éducation populaire ;
- Benoît Kermoal, historien, expert associé à la Fondation Jean-Jaurès ;
- Cécile Cottereau, déléguée générale de l’Union nationale des associations de tourisme et de plein air (UNAT) ;
- Anne Carayon, directrice générale de la Jeunesse au plein air (JPA) ;
- Sadia Hadj Abdelkader, déléguée aux Cimetières et à la Citoyenneté auprès du maire de Bègles, directrice d’une association culturelle.
Résumé
Trois questions étaient au cœur de notre atelier : qui part en vacances aujourd’hui, et qui ne part pas ? Qu’attend-on des vacances ? Et qu’attend-on de la gauche aujourd’hui sur les vacances ? Participants et intervenants ont insisté sur le fait que la question des vacances était intimement liée à celle du travail.
Le travail a d'abord été perçu par la gauche comme un moyen d’émancipation et une source de dignité. Par opposition, les vacances ont longtemps été synonymes d’oisiveté. Ce conflit idéologique et moral revient périodiquement dans le débat public. Aujourd’hui encore, ceux qui partent le moins en vacances sont les chômeurs parce qu’ils ne sentent pas autorisés à le faire.
C’est avec la lutte pour l’amélioration des conditions de travail que l’enjeu des vacances a progressé. On a pensé vacances, parce qu’on a pensé repos. Un enjeu toujours d’actualité : c’est toujours l’une des premières aspirations des classes populaires, par opposition aux catégories les plus aisées.
Penser les vacances, c’était enfin disposer d’un temps d’évasion et d’émancipation, où il devient possible de faire autre chose que travailler, et même avoir un aperçu de ce que pourrait être une vie meilleure. Donner de la valeur aux vacances a impliqué et implique toujours de donner aux gens les moyens de partir.
Cet objectif central pour la gauche n’appelle pas nécessairement à tout réinventer, mais à maintenir des dispositifs économiques, à soutenir une offre d’hébergements non lucratifs et à investir dans l’éducation populaire pour que ceux qui ne partent pas se sentent autorisés à partir, sans être prescripteur pour autant : partir en vacances, ça s’apprend et ça se travaille avec les premiers concernés. Une certitude partagée : la question des vacances, qui a réussi à s’imposer dans l’agenda politique, ne doit pas retomber. Et c’est aussi cela qui est attendu de la gauche.