Thème : Droits
Le droit de vote est une prérogative essentielle des citoyens au sein d’un régime démocratique. Depuis plusieurs années, une vingtaine environ, nous assistons à une baisse croissante de la participation électorale toutes élections confondues. Même l’élection municipale (élection dite « préférée des Français ») en a pâtit en 2020 avec un taux d’abstention record qu’il est nécessaire de nuancer en prenant en compte la pandémie de Covid-19 mais qui continue de témoigner de cette rupture entre les électeurs et leurs représentants. Or, il est admis que la bonne santé d’un régime démocratique repose sur sa capacité à fédérer autour de moments clefs, de créer des habitus communs à chaque citoyen.
L’élection est par conséquent une étape charnière dans la vie de tout habitant de la cité alors que le rapport au vote des français semble avoir beaucoup évolué.
Depuis l’instauration du suffrage universel direct, l’abstention a toujours existé, mais longtemps elle ne dépassait que très rarement les 20%. Ce taux s'inverse désormais pour certains scrutins et devient parfois celui de la participation, si bien que les médias ne cessent de titrer ces éternels refrains : « Nouveau record battu pour l’abstention » ou encore « L’abstention, premier parti de France ? » quelques jours précédant un scrutin ou sur les plateaux le dimanche avant 20H.
Le sens républicain voudrait que le discours politique et médiatique ait à cœur de faire comprendre, d’expliquer inlassablement que le vote répond à des besoins, qu’il préserve les droits tout en donnant des devoirs et que voter devrait être naturel pour les habitants de la cité. Mais, au fil du temps, nous avons fait de l’abstention un événement comme un autre. En la banalisant nous prenons le risque d’oublier de la traiter comme une alerte démocratique, et nous prenons acte qu’une part croissante des citoyens s’inscrit en dehors du champ des décisions politiques.
Alors, il apparaît essentiel d’étudier l’ensemble des moyens à notre disposition pour remédier à cette fracture démocratique.
Il faut affirmer avec force qu’il y a une nécessité grandissante de donner aux jeunes de 16 ans le droit de voter aux élections municipales comme cela est déjà le cas chez certains de nos voisins européens. Leur donner la parole, c’est permettre à plus d’1,5 millions de citoyennes et de citoyens de participer à la chose publique ! Cela s'inscrit également en cohérence avec notre volonté d'octroyer le droit de vote aux étrangers lors des élections locales afin d'assurer la meilleure représentativité possible des habitants.
Cet abaissement de l’âge du vote est une mesure essentielle pour renforcer notre démocratie, en permettant à toutes et tous, y compris aux jeunes, de prendre part aux décisions qui façonnent leur avenir. C’est aussi un remède face à un corps électoral vieillissant pour les raisons démographiques que nous connaissons.
Leur donner la parole, au moment des élections municipales dès 16 ans, les préparera également à voter aux élections nationales. L’échelle municipale est ici privilégiée car elle constitue l’environnement que les jeunes connaissent le mieux et dont ils fréquentent très régulièrement les infrastructures et sont parmi les premiers concernés par les politiques publiques locales. En créant une habitude de vote dès 16 ans, nous formons des citoyennes et citoyens responsables qui voteront durablement. Par ailleurs, ces jeunes peuvent déjà travailler, conduire, réaliser un service civique, et bien d'autres choses cruciales pour leur avenir, alors pourquoi ne pourraient-ils pas voter ? C'est un non sens démocratique.
Les jeunes d'aujourd'hui ne sont pas de simples spectateurs de la société, ils en sont des acteurs à part entière. En effet, 27 % des 15-17 ans ont une activité bénévole régulière selon le baromètre DJEPVA Jeunesse 2024. Nous le voyons bien, ils font face aux enjeux du présent – des inégalités sociales, économiques et environnementales – et sont déjà engagés dans les luttes pour un avenir plus juste et solidaire. Leur offrir la possibilité de voter serait reconnaître leur place dans la société, un gage fondamental dans une période où nous affrontons également une forte érosion de la confiance des françaises et des français envers leurs représentants.
Ce droit de vote serait un levier pour encourager la participation politique des jeunes et leur donner les moyens de défendre leurs convictions face à des politiques souvent déconnectées de leurs préoccupations. En permettant aux jeunes d’exprimer leur voix, nous renforçons la démocratie locale et l’inclusivité des décisions prises au niveau municipal.
À l’heure où l'engagement civique des jeunes ne s’affaisse pas, où leurs revendications pour le climat, pour l’égalité ou pour la justice sociale trouvent un écho dans les rues, mais également au sein de collectifs, d’associations et même sur les réseaux sociaux, il est incompréhensible de les exclure des processus décisionnels. L'engagement associatif des jeunes est d'ailleurs en augmentation depuis la période du Covid. Certes, leur activisme se traduit de façon protéiforme mais n'a rien à envier à celui de leurs aînés et démontre la forte vitalité démocratique de leur tranche d’âge. Abaisser l’âge du droit de vote à 16 ans serait un acte de reconnaissance de leur citoyenneté pleine et entière.
En soutenant cette proposition, nous affirmons notre volonté de construire une société plus juste, démocratique et solidaire, où chaque citoyennes et citoyens peuvent s’exprimer et contribuer à un avenir commun.
L’abaissement de l’âge du droit de vote à 16 ans pour les élections municipales ne se suffit pas à lui seul, il doit être accompagné d’une série de mesures visant à renforcer la conscience citoyenne des plus jeunes d’entre nous. Cela devra passer par des politiques éducatives ambitieuses pour favoriser un véritable apprentissage de la citoyenneté au lycée en renforçant l’enseignement des sciences politiques mais également de la philosophie et de l’économie, et ce pour l’ensemble des cursus scolaires, qu’ils soient professionnels, technologiques ou généraux. C'est aussi offrir la possibilité aux communes d'instaurer un conseil municipal jeunes pour les 11-15 ans. Nous pouvons trouver des dispositifs similaires dans certaines municipalités, départements ou régions mais il semble nécessaire de les généraliser afin d'avoir les outils de formation citoyenne de nos jeunesses au sein de l'environnement qu'elles connaissent le mieux : leur ville.
Le droit de vote à 16 ans aux élections municipales, c’est renforcer l’échelon politique local, accorder de la confiance aux jeunes, responsabiliser des citoyennes et des citoyens, les impliquer au coeur de la vie de la cité. Alors, cette mesure ne répondra pas à elle seule à la crise abstentionniste mais elle permettra bel et bien à une nouvelle génération d’émerger, plus proche des enjeux démocratiques car habituée dès le plus jeune âge à son importance et à la nécessité de faire vivre la République et ses institutions.
Contributeurs :
Ahlem Girard, Co-Secrétaire de section PS-Paris 11
Rémi Féraud, Sénateur de Paris
Patrick Bloche, Premier adjoint à la Maire de Paris, Député honoraire
Florence Herouin-Léautey, Députée de la Seine-Maritime
François Vauglin, Maire du 11ème arrondissement de Paris
Alexandra Cordebard, Maire du 10ème arrondissement de Paris
Céline Hervieu, Députée de Paris
Rosalie Lamin, Première adjointe au Maire du 11ème arrondissement de Paris
Jérôme Meyer-Trémolière, Adjoint au Maire de Paris 11ème, Co-Secrétaire de section PS-Paris 11
Jean-Pierre Corsia, Adjoint au Maire de Paris 11ème
Aymeric de Tarlé, Conseiller Municipal de Paris 11ème, Trésorier de section PS-Paris 11
Noah Fléchelles, Co-Secrétaire de section PS-Paris 20
Paul Cruz, Militant du PS-Paris 11
Gaspard Gantzer, Militant du PS-Paris 11
Maxime Cohen, Militant du PS-Paris 18
Hugo Miroufle, Militant du PS-Paris 20
Raphaël Benharous, Militant de la section des Lilas (93)
Florent Gautier, Secrétaire Général des Jeunes Socialistes Paris, Militant PS-Paris 14
Laurent Chéno, Militant du PS-Paris 11
Nathan Abou, Militant du PS-Paris 11
Ulysse Guillon, Militant du PS-Paris 11
Léo Chiriaco, Militant du PS-Paris 11
Arthur Balossier Merchan, Militant du PS-Paris 11
Rodolphe Febvrel, Militant du PS-Paris 11
Hervé Brun, Militant du PS-Paris 11
Malik Belamine, Militant du PS-Paris 15
Denis Lebouvier, Militant du PS-Paris 15
Nathalie Riquier, Membre du Bureau Fédéral PS-Paris, Militante PS-Paris 18
René Bokobza, Militant du PS-Paris 5