École et protocole sanitaire : parler pour ne rien dire… et ne rien faire

- Mardi 7 décembre 2021

Yannick Trigance, secrétaire national à l’École, l’Éducation, et à l'Accès aux savoirs

Les dernières annonces du Premier ministre Jean Castex concernant les écoles relèvent d’abord et avant tout d’une stratégie de communication révélatrice d’une incapacité mais aussi d’un refus à prendre la juste mesure de la situation sanitaire dans nos écoles, plaçant une fois de plus la communauté éducative en première ligne, sans aucun moyen matériel ni humain supplémentaire.

En annonçant le rehaussement du protocole sanitaire au niveau 3, une nouvelle fois sans aucune concertation avec les acteurs de terrain, le gouvernement se livre à un bel exercice « d’enfumage » au moment où le taux d’incidence chez les élèves de 6-10 ans est monté il y a quelques jours à 955 pour 100 000 habitants, soit une augmentation de 54 % en une semaine !

Exercice « d’enfumage » au sens où depuis maintenant plusieurs semaines, le port du masque dans les cours de récréation a été remis en place dans de très nombreuses écoles sur décision préfectorale.

Par ailleurs, la règle du dépistage dès le premier cas est un échec total : outre le fait que les laboratoires sont absents dans bon nombre d’endroits, cette règle ne tient aucunement compte du délai d’incubation comme en témoignent de nombreuses situations remontées des écoles par les équipes éducatives.

Un test effectué le lundi peut en effet être négatif le lundi mais l’enfant peut être positif un ou deux jours plus tard et transmettre ainsi le virus, d’où l’inefficacité de cette règle de dépistage.

La seule mesure « nouvelle » va peser une nouvelle fois sur les collectivités et les équipes éducatives avec le retour du non-brassage dans la restauration scolaire, décision prise une nouvelle fois sans aucune concertation avec les élu·e·s.

Et pourtant des solutions existent pour endiguer la propagation du virus et améliorer les conditions d’enseignement pour les enseignants et leurs élèves : revenir au protocole précédent en fermant la classe au premier cas positif recensé afin de limiter l’augmentation du taux d’incidence et mettre alors en place un enseignement à distance pour tous les élèves de la classe, remplacer systématiquement les enseignants testés positifs, aider les collectivités à installer des capteurs de CO2, fournir des masques transparents à tous les enseignants et aux élèves, ne plus demander aux enseignants de faire du présentiel en même temps que du distanciel pour les élèves en isolement…

Alors que 33 500 élèves et 2 100 personnels étaient contaminés la semaine dernière, alors qu’en maternelle le taux d’incidence moyen est de 304 avec 5 départements au-dessus de 500 et qu’en élémentaire 62 départements ont un taux d’incidence au-dessus de 500 et que ce taux d’incidence double chaque semaine, le gouvernement prend délibérément la responsabilité d’une aggravation de l’épidémie et d’un taux d’incidence qui à ce rythme pourrait dépasser les 1 000 dans nos écoles avant les congés scolaires de fin d’année.

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