Si la gestion de la crise sanitaire génère chaque jour davantage de doutes, d’anxiété et de sentiment d’improvisation, le décalage entre le durcissement des mesures dans tous les secteurs de la vie quotidienne contraste terriblement avec l’absence flagrante de mesures concernant les établissements scolaires, comme si le virus s’arrêtait à la porte des écoles.
Comment en effet expliquer l’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes quand dans le même temps les effectifs de classes peuvent s’élever jusqu’à 35 élèves en lycée ?
Comment expliquer l’interdiction des rassemblements de plus de 1 000 personnes et laisser, dans bon nombre de lycées, plus d’un millier de personnes – élèves, enseignants, personnels de service … – se côtoyer des journées entières ?
Comment décider la limitation du nombre de clients et la fermeture des bars, restaurants après 22 heures, lieux considérés comme à haut risque de contamination, quand par ailleurs les cantines scolaires accueillent chaque jour des centaines d’élèves sans masque pour s’alimenter ?
Au moment où Santé Publique France indique que la première source de clusters en cours d’investigation se trouve à l’école et dans les campus ; au moment où le ministre de la Santé déclare dans tous les médias que la situation se dégrade rapidement ; au moment où le Premier Ministre lui-même rappelle que le virus circule d’autant plus dans les lieux confinés, il y a urgence à ce que le ministre Blanquer sorte de la confusion en apportant des clarifications indispensables au retour de la sérénité et de la confiance dans les écoles.
Les intérêts économiques ne peuvent prévaloir sur la sécurité sanitaire dans les établissements scolaires. S’il faut bien évidemment que le maximum d’élèves fréquentent l’école, pour autant la communauté éducative attend à juste titre une gestion autre que celle qui consiste à vider de son contenu le protocole pour ne pas avoir à fermer de classes.
Des moyens doivent être accordés pour permettre à la fois une protection sanitaire maximum et à la fois le plus de continuité scolaire possible : des masques efficaces et un dispositif de tests pour tous les personnels et enseignants ; des recrutements pour réduire les effectifs par classe ; des aménagements pédagogiques pour enlever la pression sur les programmes à tenir et une méthode claire et lisible quant à la chaîne de décisions et d’informations.
- Mercredi 30 septembre 2020