Éducation : enjeu présidentiel, enjeu de société

– Lundi 28 mars 2022

Yannick Trigance, secrétaire national à l'École, à l'Éducation et à l'Accès aux savoirs

En laissant un quinquennat complet Jean-Michel Blanquer à la tête du ministère de l’Éducation nationale, Emmanuel Macron n’a pas agi par hasard. Il a volontairement fait le choix de confirmer un ministre dont la politique a affaibli avec méthode la qualité du service public de l’Éducation nationale et a créé des tensions inutiles avec la communauté éducative. A tel point que l’école de la confiance, tant vantée par le ministre Blanquer, est très vite devenue l’école de la défiance.
 
Avec des prises de décisions ultra-centralisées depuis la rue de Grenelle, la rupture du dialogue avec les enseignants, les organisations syndicales, les parents d’élèves et les mouvements d’éducation populaire, ces cinq années resteront marquées du sceau du mépris envers les acteurs de l’école avec un ministre sûr de lui – « j’ai raison mais vous ne le savez pas encore… » -, ne supportant aucune contradiction. C’est une gouvernance d’un autre âge que lègue le ministre Blanquer à son successeur qui aura tout à reconstruire.
 
A l’exercice très vertical du pouvoir est venu s’ajouter une dégradation du pouvoir d’achat des enseignants - malgré un début de revalorisation bien tardif et très modeste pour sauver les apparences, une gestion catastrophique et chaotique de la crise sanitaire, une aggravation des inégalités scolaires avec la suppression de 8000 postes - soit l’équivalent de 116 collèges ! - quand dans le même temps le nombre d’élèves a augmenté de 3%  par classe entre 2017 et 2021 et l’on peut ajouter le manque constant de postes de remplaçants, la baisse des dotations  horaires des collèges et lycées…
 
La liste est longue des atteintes portées à la qualité du service public d’enseignement quand dans le même temps Emmanuel Macron et son ministre ont délibérément favorisé l’enseignement privé, par exemple en obligeant les collectivités à financer les maternelles privées ou encore en attribuant des financements publics de l’éducation prioritaire à des établissements privés - les Contrats Locaux d’Accompagnement - qui pourtant ne remplissent pas les mêmes obligations que les établissements publics. Ces financements n’ont en effet donné lieu à aucune contrepartie en matière de contribution de ces collèges et lycées à la bataille générale pour l’accès aux savoirs de tous les élèves et à l’élévation générale du niveau de formation.
 
Les réformes du lycée, du baccalauréat et de ParcourSup ont quant à elles marqué un tournant néolibéral de l’Ecole publique. Elles ont en effet exacerbé la compétition scolaire entre les établissements à travers une concurrence effrénée pour le choix des options tout en pratiquant une première entaille dans la valeur nationale des diplômes. Elles ont ainsi aggravé les inégalités entre les élèves devant les épreuves du baccalauréat, l’orientation et la poursuite de leurs études.
 
Dans le prolongement de ce quinquennat, le candidat Macron veut pousser plus avant sa politique néolibérale : mise en concurrence des enseignants - en instillant l’idée qu’ils ne travailleraient pas assez, introduction d’une rémunération au mérite avec augmentation pour ceux qui acceptent des contraintes supplémentaires, recrutement des enseignants par les directeurs et chefs d’établissement - sa trop fameuse « autonomie »- , évaluations rendues publiques pour mettre en concurrence les enseignants entre eux…

Affaiblir le système éducatif pour lui appliquer ensuite des recettes néolibérales : une stratégie comptable qui a largement échoué lorsqu’elle a été mise en place aux États-Unis ou en Angleterre. Ce n’est pas d’un tournant libéral dont l’école a besoin, mais bien d’un investissement massif pour éradiquer l’échec solaire qui coûte bien plus cher à notre société.

Comment par ailleurs ne pas être choqué par l’absence totale de référence à la question de la mixité sociale et scolaire dans les propositions du candidat Macron en matière d’éducation ?

Cette question serait-elle subalterne, voire inutile ? Pour lui sans doute.

Elle est en revanche au cœur du projet pour l’École porté par Anne Hidalgo avec un objectif fort : faire en sorte que le destin des individus ne soit pas figé dès le plus jeune âge, réaffirmer que l’école doit non seulement devenir démocratique mais aussi que ses verdicts ne doivent jamais être définitifs et qu’il n’est pas nécessaire que pour que certains réussissent, d’autres échouent.

Pour cela, Anne Hidalgo propose de mettre fin aux ghettos scolaires pour rétablir la promesse de la République et permettre la réussite de tous les élèves : en rééquilibrant les cartes scolaires, en multipliant les expérimentations de mixité sociale et scolaire -comme à Toulouse-, en donnant les moyens nécessaires à l’enseignement public pour le rendre plus attractif, nous ferons de l’altérité et de l’hétérogénéité un levier de réussite pour tous les élèves.

La réussite de tous les élèves passe également par des postes d’enseignants, par la diminution des effectifs dans les classes, par un accompagnement individualisé de nos jeunes, par une école inclusive qui accueille tous les enfants porteurs de handicap, par la lutte contre le harcèlement scolaire mais également par la revalorisation de l’enseignement professionnel et par des moyens nécessaires aux universités pour garantir des conditions de formation de très haute qualité à tous les étudiants.

Notre système scolaire est inégalitaire et moins performant qu’ailleurs, malgré l’engagement sans faille de nos enseignants. Certes, tout ne dépend pas de l’école, mais elle doit y prendre sa part avec l’ensemble des acteurs de l’éducation que sont les parents, les collectivités, les mouvements d’éducation populaire, les travailleurs sociaux…


Avec Anne Hidalgo, nous mettrons en place une école de la coopération et non de la compétition, une école juste pour tous, une école exigeante pour chacun, une école qui ne laisse personne au bord du chemin, une école plus sociale et plus fraternelle.

Avec Anne Hidalgo, le séparatisme social et scolaire sera inversé au profit d’une école de l’altérité et du vivre- ensemble.

Avec Anne Hidalgo, les enseignants seront formés, respectés, écoutés et retrouveront toute leur place, leur dignité et leur légitimité au cœur de notre projet de société.

Alors que certains voudraient privilégier la promotion de l’individualisme, du repli sur soi et du conservatisme au détriment de l’éducatif, de la solidarité et de la citoyenneté, nous réaffirmons avec Anne Hidalgo que seule l’éducation permet à chaque individu de se construire et qu’à ce titre la nécessaire évolution de l’Ecole implique l’investissement dans la connaissance pour réhabiliter la promesse républicaine de démocratisation de la réussite.

Investir dans l’éducation, c’est une priorité au long cours et c’est la pierre angulaire du projet de société qu’avec Anne Hidalgo nous portons pour tous les enfants de la République, quel que soit l’endroit où ils vivent, quel que soit le milieu d’où ils viennent.

Telle est notre ambition, telle est notre volonté.

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