– Jeudi 17 octobre 2024
Olivier Faure, Premier Secrétaire du Parti socialiste
Dylan Boutiflat, secrétaire national aux Relations internationales
Fatiha Keloua Hachi, Présidente de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation de l'Assemblée nationale, députée de Seine-Saint-Denis
En ce 17 octobre, nous nous souvenons des centaines d’Algériennes et d'Algériens victimes de la répression sanglante menée par les autorités françaises, il y a 63 ans, en plein cœur de Paris. Un massacre colonial qui ne fut jamais totalement passé sous silence grâce au travail d’historiens de journalistes et de militants qui ont documenté ces violences perpétrées avec préméditation, orchestrées par le préfet de police Maurice Papon dans une volonté délibérée d’écraser les aspirations légitimes à la liberté du peuple algérien, alors colonisé depuis plus de 130 ans par la France.
Ce 17 octobre 1961, quelque 12 000 « Français musulmans d’Algérie » étaient raflés, parqués, tabassés, et plus d’une centaine d'entre eux noyés à mort, froidement, dans la Seine. Un épisode sciemment passé sous silence, mais qui témoigne de toute la cruauté d’un système colonial brutal, meurtrier, qui s'efforçait alors de nier les droits et l'humanité des Algériennes et des Algériens. En ce jour de commémoration, le Parti socialiste, rend hommage à l’ensemble des victimes, à leurs proches et descendants.
Nous appelons à rompre enfin avec l’amnésie d’État qui entoure cet épisode sombre de notre histoire. En mars 2024, à l’initiative d’une députée écologiste, l’Assemblée nationale avait adopté une proposition de résolution reconnaissant pour la première fois la responsabilité de la France dans ce crime. Si ce pas essentiel doit être de nouveau salué, il est temps d’avancer et d’aller plus loin dans la qualification des faits et de reconnaître le terme de « crime d’État », c’est-à-dire l’entièreté de la dissimulation politique et médiatique et de l’effacement judiciaire qui ont suivi ce massacre. C’est la condition sine qua non d'une réconciliation sincère entre la France et l’Algérie.
Dans un moment où l’extrême-droite instrumentalise l’histoire, en particulier l’histoire coloniale française, et galvanise les ressentiments et les haines afin de fracturer davantage la société française, nous appelons le gouvernement à ne pas céder à ses sirènes et à avoir le courage d’enfin briser le tabou que constitue la colonisation française. Aussi, nous restons résolument engagés dans la lutte contre toute forme de racisme et de discrimination, convaincus que ce travail de mémoire sur notre histoire coloniale est essentiel pour construire une société plus juste et fraternelle. Nous réaffirmons, alors que le gouvernement s’apprête à déposer un énième projet de loi sur le sujet, l’apport de l’immigration à notre pays et combien l’aide publique au développement contribue davantage à réduire les départs forcés que les coups de mentons du ministre de l’intérieur.
Le Parti socialiste, aujourd’hui comme hier, se tient aux côtés de celles et ceux qui réclament justice et dignité.