- Mercredi 5 mars 2025
Olivier Faure, Premier Secrétaire du Parti socialiste
Gulsen Yildirim, Secrétaire nationale en charge de l'Enseignement supérieur et la Recherche
Alexane Riou, Secrétaire nationale adjointe en charge de l'Enseignement supérieur et la Recherche
Le Parti socialiste prend connaissance de la publication aujourd'hui du livre de Claire Marchal, Le Cube. Cette enquête met en lumière les pratiques inquiétantes et les dérives qui gangrènent le secteur de l'enseignement supérieur privé, en particulier les groupes à but lucratif comme Galileo. Le texte dépeint une réalité alarmante : des étudiants entassés dans des salles surchargées, des tarifs prohibitifs, une insertion professionnelle incertaine, et une gestion des établissements guidée par le seul objectif de rentabilité, au détriment de la qualité pédagogique et du bien-être des étudiants.
Au Parti Socialiste, depuis plusieurs années, nous avons alerté fortement sur les dérives du secteur privé à but lucratif dans l'enseignement supérieur et demandé au gouvernement en place d’agir concrètement. Nous avons toujours souligné l'essor préoccupant de ces établissements, profitant, en particulier ces dernières années, du désengagement progressif de l'État dans le secteur public. Nous dénonçons depuis longtemps les pratiques commerciales trompeuses et les conditions de formation de plus en plus précaires dans de nombreuses écoles privées.
L’enquête publiée aujourd’hui confirme nos préoccupations et oblige chacune et chacun à prendre conscience de ces réalités :
- des établissements bénéficient d’aides publiques tout en leurrant les étudiants, en leur promettant monts et merveilles à l’inscription, mais sans jamais les accompagner dans leur insertion professionnelle
- des établissements profitent de labels et de certifications attribués par l’État sans qu’aucun contrôle de la qualité pédagogique des formations proposées ne soit réalisé, et alors même que les autorités chargées des contrôles n’ont en leur possession aucun moyen de sanction pour que les droits des étudiants et consommateurs soient respectés.
- des établissements imposent des clauses contractuelles abusives à leurs étudiants. 56 % des établissements privés lucratifs contrôlés par la DGCCRF en 2020 ne respectaient pas les droits des étudiants-consommateurs.
Nos étudiants ne sont pas des marchandises, et nous devons veiller à ce qu’ils ne soient pas traités comme tels. L’entrée dans l’enseignement supérieur, étape clé dans le développement individuel et professionnel de nos jeunes, doit être accessible et transparente pour chacun. Il est impératif que les choix d’orientation soient éclairés, sans que des biais créés par des pratiques commerciales opaques ou abusives viennent entraver le droit à l’éducation.
Conscient de la problématique, nous avons déjà engagé un travail majeur pour la protection des étudiantes, des étudiants et de leur famille. C’est en ce sens que l'initiative législative à l’Assemblée nationale portée par notre député Emmanuel Grégoire a été menée. Une proposition de loi visant à encadrer l'enseignement supérieur privé à but lucratif a ainsi été déposée en ce début d’année 2025. Ce texte a pour objectif de protéger les étudiantes et les étudiants contre les pratiques abusives et de garantir une plus grande transparence des établissements privés. Il impose notamment un encadrement des contrats, interdit les frais de réservation et prévoit des sanctions pour les établissements qui ne respectent pas les droits des étudiants.
Au-delà de cette régulation du secteur privé indispensable et nécessaire, nous réaffirmons avec force que l'avenir de notre société repose sur un enseignement supérieur public, gratuit et accessible à toutes et tous. Le service public d'éducation est un bien commun précieux, qu'il est de notre devoir de préserver et de renforcer. Nous devons investir massivement dans nos universités, qui sont les véritables moteurs de la réussite collective et individuelle. L’enseignement supérieur public est celui qui offre à chaque étudiant, sans distinction sociale ou financière, l’opportunité de s’émanciper, d’apprendre et de s’épanouir.
Il est maintenant temps de mettre un terme à ces pratiques dégradantes et garantir que l’accès à l’enseignement supérieur reste un droit pour toutes et tous. Notre jeunesse n’est pas une marchandise.