Thème : Démocratie / Citoyenneté
Entendons les Français : Ouvrons les Cahiers de doléances
« Nous sommes le sol sur lequel vous marchez. Vous êtes de plus en plus lourds et nombreux.
Ça ne peut pas durer. »
Voici les mots d’un citoyen, déposés lors du grand débat national de 2019 en réaction au mouvement des Gilets jaunes.
Ce moment a été celui de la rencontre du peuple français et des cahiers de doléances, de nouveau convoqués par le pouvoir en place afin de « mieux connaître » les aspirations des Françaises et des Français.
Le président Macron avait formulé une promesse, simple : « je vous lirais ». Alors, partout dans le pays, des centaines de milliers de concitoyens ont pris la plume, répondant à la demande du président. Ils croyaient sincèrement, naïvement peut-être, à la parole présidentielle. Ils s’appliquaient donc à écrire de belles lettres et de beaux messages.
La réponse, ou plutôt la non-réponse, n’en fut pas caractérisée. Bien au contraire.
Mépris et oubli résument cette non-réponse.
Quand c’est le président de la République qui, solennellement, convie le peuple de France à un tel exercice, rappelant un passé révolutionnaire pas si lointain, ce peuple est lui aussi en droit d’attendre une réponse. Positive ou négative, satisfaisante ou pas, mais une réponse.
Pas un silence froid, dédaigneux, méprisant, en somme irrespectueux de ceux qui vous ont cru.
Ce combat pour accéder aux cahiers de doléances, sans dérogation ni difficultés d’accès, conformément à la promesse initiale doit être le combat du Parti Socialiste.
Car le socialisme est la rencontre du mouvement ouvrier et démocratique, et que l’un ne va pas sans l’autre. Oublier l’un, c’est se trahir. Oublier l’autre, c’est s’oublier.
Car notre idéal reste celui de la démocratie partout et tout le temps.
Car nous croyons en l’intelligence collective, et pas d’un seul homme, nous devons nous organiser afin de reprendre les revendications des françaises et des français, soigneusement inscrites dans ces cahiers. Ceux-là doivent participer de notre réflexion intellectuelle et nourrir nos pensées afin de réaliser des programmes qui soient au plus près du réel.
« Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel »
Chacune et chacun connait cette citation de Jaurès. Notre idéal peut se nourrir du réel que nous constatons tous les jours et qui a été inscrit dans les cahiers de 2019.
Notre devoir est de ne pas les laisser dans l’oubli.
L’histoire socialiste le démontre : c’est Jaurès, lui encore, lui toujours, qui le premier a demandé l’accès aux doléances du peuple de 1789. Lui aussi avait compris toute l’importance de l’utilisation de cette mine d’or qui se trouvait là.
En menant ce combat, sans le savoir au début, nous nous sommes inscrits dans les pas de notre illustre camarade. Nous nous honorerions à le mener jusqu’à son terme, en pensant que derrière, chacun des mots écrits, chacune des phrases posées recouvrent des situations parfois très difficiles. La force des témoignages nous obligent à faire s’appliquer la promesse du Président.
Nous ne pouvons plus attendre l’inaction du gouvernement.
Notre parti est un outil formidable pour récolter les doléances, de fédération en fédération, afin de les rendre publiques et accessibles au plus grand nombre. En plus d’utiliser celles-ci pour notre propre corpus, nous devrions aider les collectifs qui agissent pour leur publicité. Nous devrions engager nos militants dans la « quête citoyenne », consistant à consulter les cahiers oubliés et archivés dans chaque service d’archives départementales, d’en faire un résumé, de les retranscrire et de les mettre en lumière.
Socialistes, n’attendons pas d’être aux responsabilités pour montrer ce qui nous anime, appliquer ce qui nous fait croire qu’un autre monde est possible : celui de l’écoute, de la démocratie véritable, de la considération pour les plus modestes, du respect et de l’attention portée à autrui.
Socialistes, allons chercher par nous-mêmes les doléances et mettons-les à disposition des chercheurs, des collectifs, des citoyens et de notre parti pour construire une vision en phase avec les aspirations populaires.
Socialistes, rendons-nous dans les archives, organisons une campagne nationale de publicité de ces cahiers et portons ce sujet tant au Parlement que dans des réunions publiques locales !
Contributeurs :
Rachid TEMAL , Sénateur du Val-d'Oise, Président délégué du groupe SER du Sénat, Premier Secrétaire Fédéral du Val-d'Oise
Rémy GOUBERT, Premier Secrétaire Fédéral du Cantal & Président de l'association "Rendez Les Doléances !"