Entre invisibilisation et demande de reconnaissance, mettre les militant·es au cœur du parti !


Thème : Les militants


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Contribution thématique à l’initiative du collectif « Démocratie & Respect – 77 »

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Des mots viennent carillonner à nos oreilles quand nous voulons mettre en perspective le mot de « militant » (ou militante) dans le contexte politique général d’aujourd’hui et l’histoire récente du PS. Des mots qui souvent s’assemblent :

Dévouement, écoute, respect, proximité, cohérence, engagement, service, passion, disponibilité, loyauté, ouverture, conviction, bénévole, détermination, combatif, valeurs, convivialité, optimiste, collectif, confiance, volontaire.

Cela veut dire quoi être militant·e socialiste aujourd’hui ?

Pour nous, socialistes, une ligne évidente, celle de Léon Blum en 1919 : « De quoi est né le socialisme ? De la révolte de tous ces sentiments blessés par la vie, méconnus par la société ».
Il faut le reconnaitre, les militant·es sont de moins en moins nombreux et nombreuses dans le parti.

Mais cela ne veut pas dire que le militantisme a disparu. Il est ailleurs. Actif comme jamais, mais se concentrant sur des causes concrètes à défendre plus que sur des grandes idées à porter ou à mettre en avant. Ils sont dans le monde associatif, social, caritatif en particulier. Pour les plus jeunes dans les associations défendant l’environnement et le climat. Là aussi nous avons un immense travail à accomplir pour renouer des liens entre tous ces acteurs et redonner sens à nos engagements.

Comment rendre le Parti Socialiste attractif aux acteurs du terrain ? La réponse est certainement dans un parti qui respecte es militant.es

Ils devraient être le cœur du réacteur.... Pourtant aujourd’hui, dans nos pratiques, tout est fait pour invisibiliser les militants :

  • La communication met en lumière les élus au détriment des militant·es,

  • Les décisions prises le sont sans l’accord explicite des militant·es,

  • Les sections ne peuvent plus jouer leur rôle de lieu de débat ni sur l’actualité, ni sur les idées.

  • La mobilisation ne peut se faire faute de militant·es disponibles.

Regardons lucidement la réalité de nos territoires. Et pour nous, plus particulièrement celui de la Fédération de Seine-et-Marne. On ne peut que constater :

  • La disparition de nombreuses sections,

  • La réduction et le non-renouvellement des forces militant·es dans de très nombreuses

La disparition de nombreuses sections souvent en milieu rural, parfois par la fusion avec d’autres sections, parfois simplement par manque de militant·es entraine l’invisibilité du PS, au détriment des partis d’extrême-droite qui surfent sur les colères.
Les conséquences sont multiples, nous pouvons citer : l’appauvrissement du débat politique interne, la faiblesse de l’engagement de nos forces militantes pour les campagnes électorales ou autres, la raréfaction de candidats pour des élections.
Le non-renouvellement entraîne inéluctablement le vieillissement des militant·es. Dans de nombreuses sections nous aimerions voir arriver de nouveaux militant·es. Mais les campagnes dites d’adhésion n’ont que peu de répercussions dans les petites sections qui n’ont pas les moyens d’en assurer la promotion. La pertinence de l’adhésion à 20 € par internet pourrait être posée, au vu du nombre de personnes que nous n’arrivons pas à contacter physiquement ensuite.
Notre expérience en Seine-et-Marne nous incite à réagir.

C’est par notre expérience vécue en Seine-et-Marne depuis les dernières élections régionales, qu’un groupe de militants s’est réuni et apporte une réflexion originale dans la Fédération. Les militant·es, hommes et femmes du terrain, dépassant ces deux dernières années la notion de motion (A et B), n’ont pas accepté les conditions dans lesquelles nos instances ont choisi nos candidats remettant en cause le vote, largement majoritaire, du Conseil Fédéral. Lors des régionales, notre Fédération a fait l’expérience d’un passage en force, quitte à briser des dynamismes, quitte à se passer de démocratie interne, quitte à faire fi du respect dû aux militant·es.

Oui, la stupeur, la colère et la révolte furent des moteurs essentielles dans la création de notre collectif « Démocratie & Respect ».
Mais tout cela n’était-il pas les prémices de ce que nous aurions à subir un an après pour les législatives. Il nous faut reconnaitre qu’un accord était indispensable pour avoir autant de député·es à l’Assemblée. Celui de la NUPES est vécu par nombre de militant·es, qui n’ont pas pu donner leur avis, comme un long chemin de croix.

C’est bien ça qui nous heurte, le fait que les militant·es se sentent dépouillé·es de leur parti. Ils ne maitrisent plus les choix, ils sont mis au pied du mur...
Que mettons-nous en débat politique aujourd’hui dans nos sections ? Il y a de quoi faire : politique sociale, dimension internationale, ruralité, pouvoir d’achat, écologie, sécurité, immigration,... Mais aussi les nouvelles pratiques militantes (réseaux sociaux...), la démocratie interne. Il suffit d’écouter ce que disent les gens. Mais pour débattre il y a le besoin d’une vie militante, de temps de débat en section et aussi des conventions thématiques fédérales, ce qui n’existe pas aujourd’hui en Seine-et-Marne.

Nous devons retrouver le sens du débat politique, « idéologique », constructif qui soit porteur pour l’avenir de notre parti dans notre département.

Le parti doit redire son attachement aux militant·es. Il doit dans ses valeurs, dans ses pratiques, dans ses instances reconnaitre le rôle central des militant·es.

Il doit donner aux militant·es les moyens, les outils, les analyses et réflexions pour nourrir un vrai débat politique, qui participe de la formation et de l’émancipation de chacun d’entre eux, dans les sections, dans les fédérations, au niveau national mais aussi européen.

Il doit se nourrir de l’expression des militant·es, eux-mêmes relais de l’expression du plus grand nombre vivant sur nos territoires (urbains et ruraux), pour construire un projet de société cohérent, efficace et ancré dans la vie de tous.

Il doit accepter le débat interne entre militant·es. Accepter que les débats entre minorité et majorité soient là pour nourrir le débat, le faire fructifier dans le respect de la démocratie interne au parti. Il doit véritablement laisser la place à tous, en veillant que chacun.e puisse prendre sa place.

Il doit respecter le choix inaliénable des militant·es, quand ils le font dans un esprit de construction, dans un esprit de responsabilité. Le vote des militant.es, que ce soit pour choisir des candidats, pour choisir un projet, une motion ou pour choisir ses instances, doit être sanctuarisé.

Il doit redonner envie d’avoir envie. Un militant qui trouvera dans la colère devant l’injustice la force de recommencer. Et militer encore.

De fait, l’article premier de notre « déclaration de principes » ne dit rien d’autres : « Être socialiste, c’est ne pas se satisfaire du monde tel qu’il est, c’est vouloir changer la société. L’idée socialiste relève, à la fois, d’une révolte contre les injustices et du combat pour une vie meilleure. ».

Notre démocratie interne est irremplaçable. L’article 23 de cette même déclaration de principes commence par : « Le Parti socialiste est un parti démocratique. Il respecte chacun de ses adhérents. » et finit par : « Il repose sur une adhésion volontaire qui demande que les décisions, les textes et les règles, délibérés et adoptés en commun, soient respectés. »

Les défis de notre parti pour que celui-ci redevienne un grand parti sont innombrables. Cette contribution n’a pas vocation à les recenser. Nous voulons attirer l’attention sur le sentiment de dépouillement et d’invisibilisation que les militant.es ressentent aujourd’hui.

Nous appelons les dirigeants, à l’occasion du 80ème congrès de notre parti, à mettre les militant·es au cœur de notre parti en revenant ensemble à l’essentiel.

Le monde, la France comprise, est confronté à des prédateurs qui pillent, détruisent, thésaurisent, spéculent sans scrupule en se jouant des frontières et du temps grâce à la volatilité du numérique et des complaisances financières et fiscales. En d'autres temps, on l'aurait appelé la lutte de classes mais cette dernière a été éparpillée, délocalisée et mise en concurrence jusqu’à sa perte de possibilité d'identification. Face à la perte de ces anciens repères, l'autre est devenu un rival et un danger.

Les populistes ont sauté sur l’aubaine pour prôner le repli sur soi souverainiste pendant que les partis de gouvernement s'évertuaient - en vain – à faire croire qu'ils pouvaient réguler en niant les très faibles marges de manœuvre que leur laissait la finance internationale obnubilée par la recherche des dividendes et sourde aux besoins économiques et écologiques.

Assourdis par ces sirènes stridentes simplistes et tentatrices, les électeurs se jetaient dans la gueule du loup afin de se débarrasser de ces élus incapables, égoïstes et prétendument corrompus. Le peuple contre les élites ... l'autoritarisme contre la démocratie.

Restaurons les vraies responsabilités en les situant à leur vrai niveau. Luttons contre les prédateurs de la planète, luttons contre les prédateurs des richesses. Décrétons la transition écologique et un meilleur partage des biens communs.

Menons ce combat dans la clarté et soyons fiers de nos propres analyses.

Menons ce combat avec nos alliés naturels et construisons un projet qui rassemble, dans le respect de nos valeurs respectives.

Ce n'est pas la recherche d'une liste européenne commune qui doit nous mobiliser, c'est celle d'un projet européen avec nos partenaires européens... la volonté politique avant la recherche du pouvoir.

Ce n'est pas seulement la lutte contre la prédation écologique en France qui suffira à sauver l’humanité. Nécessaire mais pas suffisante. Nous devons internationaliser la réaction climatique, il existe des partenariats et des alliances potentielles. Utiles à notre combat. Cherchons-les.

Et puis n’oublions pas nos fondamentaux. Cultivons la transparence, défendons la démocratie, organisons les débats en interne et vers l’extérieur, respectons les règles communes qui permettent de bien vivre ensemble.

De la section au national en passant par les fédérations.


Signataires :

Régis ROSSIGNOL (Secrétaire de section - Membre du CF 77 – Co-animateur du collectif « Démocratie & Respect 77 »)

Michel BENARD (Maire honoraire - ex vice-président du CG77),

Caroline BERARD (Secrétaire de Section - Membre du CF 77),

Gérard BERNHEIM (ex maire et vice-président CG 77),

Danielle BITTY (Conseillère Municipale),

Yannick BODIN (Ancien sénateur - ex 1er SF 77),

Patrice DURAND (ex SF 77, Ex Adjoint au maire),

Jean-Pierre GUERIN (Membre du CN - Membre du CF 77 - ex 1er SF 77 – ex Conseiller Général 77 -Conseiller Municipal),

Hervé JOCHMANS (Maire Délégué 77),

Chantal LOUISE-ADELE (Membre du CF 77 - Adjointe au Maire),

Jacques MACHARD (ex-Maire et président des Elus Socialistes de Sénart),

Patrick MALIDOR (Secrétaire de section - Membre du CF 77 - Conseiller municipal),

Sylvain MULARD (Secrétaire de Section - Membre du CF 77),

Ketty NANKIN (ex SF 77, adjointe au maire),

Joelle RASPILAIRE (militante 77)

Marie RICHARD (Membre du CF 77 - ex vice-Présidente du CR IDF et du CG 77 – ex Maire –Conseillère Municipale),

Didier TURBA ((Membre du CF 77 – ex vice-président du CG 77),

Liliane VESSAH (Membre de la CFC 77- ex SF 77 – Conseillère Municipale Déléguée)


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