Face aux attaques budgétaires et idéologiques: ré-affirmer la culture en tant que service public

- Jeudi 13 février 2025

Charline Claveau, Secrétaire nationale en charge de la culture
Clément Sapin, Secrétaire national adjoint culture

Le budget de l’État est adopté, donc celui du ministère de la Culture aussi. Les derniers ajustements opérés par ce dernier ont été amenés dans une telle confusion qu’il était, pour les sénateurs eux-mêmes, difficile de s’y retrouver. Méthode confuse, et méthode brutale. En témoignent le gel de la « part collective » de Pass Culture, ou celui des services civiques, qui ont vu tant d’acteurs - déjà si fragilisés par des crises empilées - s’inquiéter pour leur emploi et l’avenir de leur activité.

Une seule chose est claire dans cette confusion : lheure est à nouveau aux soustractions pour les collectivités territoriales. Régions, Départements, Communes : autant dinstitutions assurant des services publics de proximité soumis à l’équilibre de leurs comptes et devant rattraper les sévères incuries de l’État.

Le pacte qui lie les collectivités territoriales et lEtat dans le cadre dune compétence partagée a été largement écorné, feignant dignorer les situations financières parfois intenables de certaines de ces collectivités, quel quen soit dailleurs le bord politique. Le dérapage du déficit de lEtat est ainsi venu accentuer un peu plus encore le phénomène de re-centralisation à l’œuvre, allant jusqu’à la ponction des recettes de ces collectivités territoriales. 

Mais au-delà des chiffres, il y a les mots prononcés pendant ces derniers mois dincertitude. Des mots qui pourraient être plus ravageurs encore, à long terme, pour les politiques culturelles.

Ce sont par exemple ces attaques - décomplexées - contre les travailleurs évoluant dans les monde culturel et artistique dun « pays shooté à la dépense publique ». Au-delà dune question de budget, une prise de position idéologique, qui ouvre la voie à des décisions futures d’économie plus radicales encore pour les aides culturelles, bien sûr au détriment de ceux-là même à qui lon a confié la mission de diffuser la culture au plus près du terrain, des terrains de la République.

Lindigence du propos tient aussi à ce quil oublie (au mieux) ou bien gomme (au pire) lutilité première et primordiale des aides publiques en la matière : rendre possible laccès de tous aux pratiques culturelles et aux œuvres, au service dune ambition démocratique. Comme dans tout service public, les citoyens ne paient pas le coût réel dune place dans un festival, au théâtre, à lopéra, ou même parfois au cinéma. Et cest heureux, car sinon seuls les plus aisés pourraient sy rendre. La puissance publique est donc là pour compenser la nature déficitaire - et rendue telle par le souci d’égalité - de ces activités.

Face à des positions néo-libérales minant par à-coups la puissance publique, la culture se retrouve en première ligne. Contre ce discours à courte vue, le Parti Socialiste maintient la nécessité dun service public culturel, que cette compétence reste partagée et soit plus décentralisée. Elle reconnait et salue également la résilience des acteurs culturels, qui, loin dattendre « que largent tombe », ne cesse dinventer de nouvelles manières de faire, pour participer à la vie des territoires, et renouveler les modèles économiques. En ces temps troublés de repères si fluctuants, le Parti Socialiste en fait plus que jamais un des piliers de la cohésion de notre société.

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