Face à la crise sociale, taxons les spéculateurs et les super-profiteurs pour redistribuer les richesses


Thème : Économie-social


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Contributions thématiques des Jeunes socialistes
pour le 80e Congrès du Parti socialiste

CONTRIBUTION 1

Le système économique mondial actuel est à bout de souffle. Depuis plusieurs mois, nous ressentons les effets dévastateurs d’une crise inflationniste mondiale. De Lisbonne à Varsovie, de Stockholm à Nicosie, les prix ne cessent de grimper. Le baromètre Eurostat nous indique déjà qu’une inflation de 10% frappe l’ensemble de la zone euro pour le mois de septembre 2022. Et face à cela, nous ne pouvons utiliser les mêmes outils que par le passé.

I. La situation nous oblige à casser avec les solutions du passé

Aucune des politiques monétaires menées aujourd’hui ne permet d’enrayer la perte de niveau de vie des classes populaires de notre continent. Aucune politique budgétaire, qu’elle soit votée ou imposée, ne semble à la hauteur pour sauver de la casse sociale les 86 millions d’Européens vivant sous le seuil de pauvreté. Aucun plan de relance n’a permis de redynamiser une croissance, durable et décarbonée.

Nous, socialistes, refusons de retomber dans l’austérité que certains cherchent à nous imposer. Elle n’aurait pour seule conséquence que d’appauvrir ceux qui déjà sont précaires, nourrissant leur colère et leur ressentiment envers les instituions, et les poussant ainsi dans les bras de l’extrême-droite et des populistes. Pendant ce temps-là, d’autres continueraient de se gaver. Que dire des superprofits de TotalEnergies, d’ExxonMobil ou même de la CMA-CGM ? Que dire des augmentations scandaleuses et indécentes des salaires de quelques capitaines d’industrie, de quelques propriétaires d’actions, que l’inflation engraisse ?

Soyons clairs sur nos paroles : les profits de ces grands groupes ne sont pas dus à leur travail. Ils ne sont pas bénéfiques à la société et ne sont pas conformes à notre définition partagée de l’intérêt général. Ils ne sont que le reflet d’un vol flagrant des consommateurs et travailleurs.

II. Les spéculateurs, provocateurs et profiteurs de la crise

Les prix des produits alimentaires augmentent ? La réponse désormais convenue de pointer la guerre en Ukraine ne peut plus nous satisfaire. Si les prix de l’énergie contribuent en effet à une hausse générale des prix, ils n’expliquent pas entièrement

la propension inflationniste. Il est commun, dans les périodes de crise, de voir émerger des opportunistes n’ayant comme seule ambition que d’amasser des sommes d’argent. Ces vautours du système économique se sont saisis de la guerre en Ukraine pour satisfaire leurs intérêts personnels. Ils manipulent ce drame humain pour en faire un argument au service de leurs profits et de leurs dividendes.

Mais qui paie pour qu’ils puissent ainsi agir ? Les masses, la population, directement ou par via les cadeaux fiscaux de l’État. Qui paie pour garantir à la finance internationale sa prospérité, alors même que l’abondance serait finie pour le reste de la population ? Ce sont ces jeunes, ces étudiants, ces personnes privées d’emploi, ces parents, ces retraités, qui regardent avec désespoir les étiquettes de prix.

La « crise » que nous rencontrons aujourd’hui, c’est un braquage à main gantée. C’est le vol qui pousse à la misère les plus fragiles de la population. Les files d’attente devant l’aide alimentaire, déjà allongées par la pandémie, termineront de montrer au monde la honte d’un système français qui périclite, la défaillance profonde de l’État- Providence, l’abandon complet de la population par ceux qui gouvernent avec le ruissellement pour seule boussole. Car ceux qui possèdent s’arrangent pour qu’aucune miette ne puisse s’échapper de leur pactole. Sur les marchés financiers, ils vendent et achètent des actions continuellement, dégagent des plus-values qui ne sont rien de plus que la richesse produite par le travail.

III. Réaxons le monde économique, au service de l’humain, avec une taxe sur les transactions financières

Socialistes, hommes et femmes de gauche, cette situation nous révolte et nous pousse à proposer. Nos députés et sénateurs ont concrétisé la proposition d’Olivier Faure de taxer les superprofits. C’est un pas essentiel et ce combat doit continuer. Taxer les superprofits, c’est aller chercher de l’argent dormant pour l’insuffler dans l’économie réelle. En cela, c’est une mesure qui réaxe notre modèle économique. En Espagne, la mise en place de cette taxe devrait rapporter 7 milliards d’euros. En Italie, environ 10 milliards d’euros. Aux Pays-Bas, l’instauration de cette taxe est ce qui permet une augmentation significative du SMIC. Et il ne faut pas être frileux ! Prenons exemple sur la Grèce, qui impose à 90% tous les profits excédentaires à une période de référence. Car ceux qui paient le coût des crises aujourd’hui, ce sont tous les Français. Aujourd’hui, mais également demain. Car si nous refusons aujourd’hui d’investir pour demain, faute de devoir payer la crise et de refuser de taxer les superprofits, alors la misère sociale ne fera que s’accentuer.

Mais cette taxation doit être complétée en deux points : d’une part avec une taxe plus juste sur les dividendes – pour proportionnellement que le capital soit autant imposé que le travail ; et d’autre part en régulant la finance, qui est un lieu où l’argent circule mais n’est d’aucune utilité, puisqu’il ne fait que servir quelques spéculateurs habiles.

Réussir à maîtriser la finance et à la dompter, les citoyens n’y croient plus. Trop sont déçus par des années de promesses passées dans le vent, de défaites politiques face aux puissances d’argent. Alors, relevons l’étendard de ce combat : conformément à la doctrine même du socialisme, nous sommes ceux qui portent des réformes radicales pour mettre au pas les forces du capital et leur imposer une contribution au financement de la justice sociale. Il faut lancer le combat idéologique dès maintenant.

Concrètement, nous avons déjà un outil pour cela : la taxe sur les transactions financières (TTF), aussi appelée taxe Tobin. Quel constat? Toujours plus de transactions sur les marchés financiers, avec pour seul but de produire de la plus- value. Quelle solution ? En élargissant la taxe sur les transactions financières aux transactions intraday. Car c’est d’abord par leur grand nombre que les spéculateurs menacent les marchés, les États et, en définitive les peuples dépendant de l’économie réelle. Une fois cette taxe établie, les transactions réellement utiles à l’économie redeviendraient majoritaires et, en plus de rapporter plusieurs milliards (55 à l’échelle européenne), cela permettrait de limiter la volatilité des marchés et donc, les situations inflationnistes comme celles que nous connaissons.

Soyez étonnés, mais cette taxe a déjà institué en France, en 2012 ! En 2022, elle devrait générer un produit de 1,6 milliard d’euros, ce qui est assez faible. On ne peut pas dire non plus qu’elle soit désincitative aux actions spéculatives, comme nous l’avons expliqué plus haut. Il semble donc nécessaire, nationalement, d’élargir l’assiette de cette taxe, peut-être en augmenter le taux, et supprimer les exemptions trop nombreuses qui atténuent ses effets. Allons également plus loin en interrogeant certaines niches fiscales – souvent questionnables pour leur intérêt social et écologique – et en taxant les capitaux polluants.

Un outil pour lutter contre l’inflation, pour la justice sociale, donc. Et un outil qui doit être appliqué à grande échelle, par l’Union européenne. Le peuple attend de la gauche qu’elle joue son rôle et défende l’opprimé devant l’oppresseur. Le Parti Socialiste, parce qu’il est celui au sein de la gauche qui possède le plus puissant réseau d’alliés et de partenaire en Europe, doit se saisir de cette proposition. Si nous ne le faisons pas, personne ne le fera.


Premiers signataires :

Corto Centène-Bolognini (32, AF JS)

Rémi Boussemart (59, AF JS, BN délégué aux idées et à la prospective, CF PS 59)

Emma Rafowicz (Présidente des Jeunes socialistes)

Signataires :

Cédric Ardouin (37, AF JS, BN JS), Emma Boizot (43, AF JS, BN JS), Alexis Bouchard (35, AF JS, BN JS), Morgan Bougeard (75, BN délégué aux relations avec les partenaires), Yvain Bourgeat-Lami (75, SN aux fédérations des JS), Flavien Cartier (86, AF JS, BN JS, CN PS, conseiller municipal), Camille Castant (33, AF JS, BN JS), Victor Certain (34, AF JS, BN JS), Benjamin Claudon (54, AF JS, BN JS), Léopold Comtet (71, AF JS, BN JS), Guillaume De Almeida-Chaves (31, BN JS, conseiller régional), Alexia Descours (69, BN JS), Victoria Domenech (75, BN JS), Louis Estelle (04, BN JS, CN PS), Guillaume Girault (21, BN JS), Rémy Goubert (15, AF JS, BN JS), Rayane Guerboub (69, BN JS), Louis L’Haridon (95, AF JS, SN aux campagnes des JS), Basile Imbert (83, AF JS, BN JS), Pauline Le Fur (92, AF JS, BN JS, conseillère municipale), Garance Leroux (44, AF JS, Trésorière nationale des JS), Antonin Mahé (22, AF JS, BN JS, conseiller municipal), Joao Martins Pereira (94, AF JS, BN délégué à l’Europe et à l’international, SF PS 94), Charline Meyer (54, BN JS), Sarah Metennani (59, BN JS), Arthur Moinet (44, BN JS), Paul Rafroidi (95, BN JS), Thibaud Rosique (13, AF JS, BN JS, conseiller municipal), Anzil Tajammal (59, Secrétaire générale des JS), Joachim Taïeb (75, AF JS, BN JS), Gerard Andrieu (32, SF PS), Maxence Andrieux (69), Sam Arsac (FFE), Cyprien Asseh (59), Dominique Babe (69), Rudy Dimitri Bamanga (FFE), Jean Bellec (22), Théophile Bernard (FFE, AF JS), Léo Billiotel (75), Yannick Bré (35, SF PS), Hervé Brun (75, CA PS), Esteban Calles-Icard (04, AF JS), Gaëtan Canevet (49, CF JS), Quentin Capelli (32, BF JS), Camille Cauret (22, SF PS), Franck Charlier (71, 1er secrétaire fédéral), Luc Charpentier (12, SF PS), Philippe Chavanne (39, SDS), Antoine Chavant (23, AF JS), Maxime Clam (FFE, SF JS), Vincent Colin (27), Mélaine Compain (FFE), Christiane Constant (69, 1ère secrétaire fédérale, CN PS), Louis Daumal (75, BF JS), Arsène Dehec (59), Yannick Dejoie (75), Nicolas Délerin (35), Alain Delmestre (75, SNA), Michele Edery (69, CNE-CNE, SF PS, maire- adjointe, conseillère métropolitaine de Lyon), Ilyes El Othmani (75, SF JS), Thomas Escaig (92), Yacine Feradj (69, CF), Rémy Fleury (34), Rubens Froment (69, AF JS), Cyril Galle (59), Florent Gautier (75, SF JS), Albert Godsens (59, SF JS), Gilles Gony (75), Liliane Govart (59, CF PS), Jérôme Guedj (91, député, SN PS), Franck Guillory (75, BF), Elias H'limi (94), Lucas Hamidi (59), Céline Henquinet (75, SNA, BN PS, SDS), Maxime Hernandez (59), Arthur Job (59, SG JS), Jacques Kermen (22, SDS), Nadia Kharfallah (31, AF JS, BF PS, SF PS, CF PS), Jonathan KIENZLEN (94, 1er secrétaire fédéral, SN PS, président du groupe au conseil régional IDF), Marie Laloma (44), Alexandre Lacambre Zamora (31, SG JS), Chloé Laurent (75), Philippe Le Goux (22, SF), Maël Le Pillouër (22), Aymerik Lemaire (62, CN PS, SF PS, AF JS), Sacha Loizeau (94, SF PS), Ézékiel Lucas (59, SF JS), Theo, Marie (59, SF JS), Mireille Massin (75), Renėe Mazéo (22, SF PS, conseillère municipale), Nora Mebarek (13, députée européenne, BN PS), Tristan Mitâtre (27, AF JS), Salomé Nicolas (92), Quentin Pak (69), Nathan Pedro-Nonni (94), Anna Pic (50, députée), Ahmet Polat (69, SF JS), JoellePortier (60, SDS ,CF, BF), Baptiste Potenza (32), Sacha Prevost (69), Manon Projean (59), Sarah Proust (75, SN PS), Loïck Rauscher-Lauranceau (75), Thomas Raux (69), Antoine Ravard (22, BN PS, SN PS), Timothée Remy (51), Monique Robert (35), Maxime Rodrigues (87), Guillaume Seris (76, AF JS), Véronique Stéphan (75), Fabienne Stochement (75), Yannick Trigance (93, SN PS), Clément Trihan (35, SF JS, conseiller municipal), Paul Valentin (95), Alexandre Valin (59), Dylan Vitrant (59), Pierrixk White (52, Trésorier fédéral), Karim Ziady (75, CN PS).


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