– Samedi 29 avril 2023
Maxime Sauvage, secrétaire national aux Sports et aux Grands événements sportifs
Aujourd'hui se tient la 105ème finale de la Coupe de France de football, qui opposera le FC Nantes au Toulouse FC.
Comme toutes les finales de Coupe de France depuis 1998, ce match se déroulera au Stade de France. Il devrait être une fête pour les amateurs et amatrices de football, et notamment pour les supporters des deux clubs qui auront chacun vécu une saison mitigée.
À quelques heures du match, l’ambiance est tout autre, avec une dramatisation à l’excès par le gouvernement des enjeux de sécurité autour de ce match et des décisions qui interrogent le respect des libertés publiques.
Il y a eu hier la publication d’un arrêté de la Préfecture de police de Paris qui a interdit le rassemblement qu’un syndicat comptait organiser aujourd’hui à proximité du stade pour distribuer des tracts contre la réforme des retraites ainsi que des sifflets et des cartons rouges.
À l’intérieur du stade, des grilles surmontées de piques ont été installées devant les virages et la remise du trophée ne se fera pas sur le terrain, mais en tribune. Les organisateurs justifient ces mesures par des craintes d’envahissement de terrain.
Ces agissements sont symptomatiques d’un gouvernement aux abois face à la mobilisation qui ne faiblit pas contre la réforme des retraites.
Ce match se tient après des mois de mobilisation contre la réforme des retraites, durant lesquels le gouvernement est passé en force au Parlement, faute de majorité à l’Assemblée nationale pour voter son texte, et a méprisé la mobilisation sociale incarnée pacifiquement par des millions de manifestantes et manifestants et une intersyndicale unie de bout en bout. Il se tient également à deux jours d’un 1er mai qui s’annonce historique par l’ampleur des cortèges.
Retrouver samedi soir dans les tribunes du Stade de France de fortes expressions contre la réforme des retraites n’est pas une « instrumentalisation du sport » ou une « prise d’otage du match » comme il a été écrit ici ou là. Les tribunes des stades n’ont jamais été, ne sont pas et ne seront jamais des lieux aseptisés : elles sont traversées par les débats qui animent la société. Il en sera de même demain et toute tentative pour faire du Stade de France un village Potemkine sera vaine, cartons rouges ou pas.
Ces agissements sont symptomatiques d’un gouvernement aux abois quand il s’agit d’organiser un grand événement sportif ou de gérer les supporters.
Il y a bientôt un an, dans le même stade, l’organisation de la finale de la Ligue des Champions s’était transformée en fiasco, avec la mise en place d’un dispositif d’accueil et de sécurité des supporters totalement inadapté. Non seulement ce dispositif avait mis en danger des milliers de personnes, mais le ministre de l’Intérieur avait également choisi de faire porter la responsabilité du fiasco aux supporters de Liverpool. À l’incompétence s’était ainsi ajoutée l’indignité.
La décision d’installer des grilles au pied des tribunes en virage du Stade de France pour le match de demain est totalement disproportionnée et tourne inexplicablement le dos à une histoire qui nous a pourtant appris les dangers de tels dispositifs pour la sécurité des spectateurs et spectatrices.
Au-delà de ce match, qui interroge la capacité du pouvoir exécutif à organiser et sécuriser de grands événements sportifs à quelques mois de la Coupe du monde de Rugby et des Jeux Olympiques et Paralympiques, c’est tout l’arsenal répressif déployé week-end après week-end contre les supporters partout sur le territoire qui doit être remis en cause.
Il ne s’agit pas que de sport, il s’agit d’abord de libertés publiques. Les supporters sont des citoyens comme les autres.