Thème : Les Français de l'étranger
Contribution thématique déposée conjointement par Mehdi Benlahcen (mandataire fédéral TO3 – FFE) et Marie-Rose Koro (mandataire fédérale TO1 – FFE)
Nous, militants socialistes vivant hors de France, souhaitons une République sociale, laïque, écologiste, féministe, rejetant sans ambiguïté le racisme et l’antisémitisme, plaçant l’égalité, l’éducation et la culture, au cœur du projet socialiste. Vivant aux quatre coins du monde, nous affirmons la vocation universaliste de notre parti, la démocratie et les droits humains.
A l’étranger, la représentation politique des Français établis hors de France existe et est assez peu connue du grand public en France. C’est un vrai sujet pour nos instances politiques nationales, disposant de 442 élus de proximité, les Conseillers des Français de l’étranger, outre les 23 sièges de parlementaires (12 Sénateurs et 11 Députés).
Clarification et nouvelle vision politique en vue des futures élections
Les Français résidant hors de France sont représentés auprès des ambassades et des consulats par des élus locaux bénévoles, les conseillers des Français de l’étranger, siégeant au sein de conseils consulaires. L’élection des conseillers des Français de l’étranger se tient tous les six ans au scrutin de liste proportionnel si plus de 3 sièges sont à pourvoir et au suffrage universel direct. En 2026, les électeurs inscrits sur les listes électorales à l’étranger seront appelés à voter à l’urne, par procuration ou par voie électronique.
Cette prochaine étape, à l’image des élections municipales en France, sera décisive. Elle devra incarner le renouveau projet socialiste et marquera le pas des stratégies futures en vue de l’élection présidentielle et des élections législatives en 2027. Il faudra faire des listes de candidats.es dans le monde entier, afin de pouvoir constituer un corps de grands électeurs suffisamment important afin d’élire des sénateurs socialistes.
Quels enseignements tirer des élections européennes et législatives à l’étranger de 2024 ?
Lors des élections européennes de 2024, à l’étranger, la gauche a enregistré une progression remarquable autour de Raphaël Glucksmann et de son projet fédérateur, tandis que la majorité présidentielle enregistrait un très net recul sur un terrain qui lui est historiquement très favorable. La dissolution parlementaire dans la foulée n’a pas reproduit l’effet escompté.
En effet, lors des élections législatives, la gauche pouvait donc espérer être au 2ème tour partout. Elle pouvait légitimement penser gagner des sièges de député.
Au lendemain du second tour des législatives, force est de constater qu'il n'en est rien. Non seulement la gauche n'était pas présente au second tour partout, mais surtout elle ne gagna aucun siège de député supplémentaire à l’étranger.
Les causes de cette contre-performance sont multiples et même si leur impact est différent selon les dynamiques locales, nous pouvons distinguer différents facteurs explicatifs : le mode de désignation des candidats, l'effet de l'étiquette LFI à l'étranger, le communautarisme de certaine campagne ont ainsi
influé positivement ou négativement les résultats électoraux de la gauche à l'étranger lors de ces législatives anticipées.
Il est en effet difficile de créer une dynamique derrière des candidats qui n'ont pas été vraiment choisis par les militants, avec des positionnements parfois extrêmes dans des circonscriptions à l’étranger marquées par la modération.
Comment faire adhérer des militants à une campagne si ces derniers ont l'impression de ne pas avoir eu leur chance au départ ? Cette question s’est posée dans l’ensemble des circonscriptions, dans certains partis de gauche, et une fois le candidat d’union décidé, entre militants du NFP à l’étranger.
Les Français de l'étranger ne constituent pas un groupe sociologiquement homogène. Victimes des clichés liés à l’expatriation fiscale, les Français de l’étranger sont issus de tous milieux sociaux, de la fonction publique aux retraités, des entrepreneurs mais aussi de personnes volontaires, d’universitaires et surtout des citoyens installés depuis longtemps hors de nos frontières, bien souvent multinationaux, ouverts sur le monde.
Nous appelons en vue des prochaines échéances électorales, à positionner des futurs candidats qui seront soutenus par les militants. Nous souhaitons construire une nouvelle vision, un projet socialiste et social-démocrate pour les Français de l’étranger. Aussi à l’avenir, nous refuserons toute alliance ou appel à voter pour quiconque alimente la haine antisémite, comme raciste, sexiste ou homophobe.
Plus de justice sociale pour les services publics à destination des Français de l’Étranger
Il faudra répondre aux attentes concrètes des Français de l’étranger autour des services publics essentiels de l’éducation, la protection et la justice sociale qui sont au cœur de notre modèle social et fiscal.
Le réseau de l’enseignement français à l’étranger a été victime, ces dix dernières années, d'orientations stratégiques désastreuses. Le cap 2030 fixé par le président Macron, avec la volonté de doubler les effectifs a conduit à multiplier les établissements scolaires partenaires en parallèle d’un désengagement de l’Etat. Ce dernier, notamment sur le nombre d’enseignants détachés a conduit à un transfert de masse salariale de l’Etat vers les établissements du réseau AEFE, entraînant une hausse des frais de scolarité inacceptable pour les familles, et une politique de ressources humaines difficile pour les recrutés de droits locaux. Pour ces raisons nous continuerons de militer pour le rétablissement des postes de résidents supprimés depuis 2017.
Le budget à la baisse des bourses scolaires pour les enfants scolarisés à l’étranger ne permet plus de répondre à l'impératif objectif de mixité scolaire. Au lieu de faire supporter le poids de cet ajustement budgétaire aux familles, nous demandons un contrôle et un plafonnement des frais de scolarité des établissements scolaires partenaire.
La protection sociale des Français de l’Étranger sera un enjeu majeur des prochaines échéances électorales. Au moment où viennent d’être lancés les “Assises de la protection sociale des Français de l’Étranger” par l'Assemblée des Français de l’étranger, la gauche et parmi elle le Parti Socialiste doit faire leur introspection sur la gestion et la vision stratégique de la Caisse des Français de l’Étranger (CFE). Nous ne pouvons-nous satisfaire d’une situation qui a abouti à l’augmentation des cotisations pour les adhérents, y compris auprès de la catégorie la plus fragile, au mépris des valeurs de justice sociale que nous sommes censés défendre.
Comment prendre en charge le vieillissement de la population française à l'étranger ? Comment accompagner au mieux les nouveaux modes de vie comme les travailleurs nomades ? La protection sociale des Français de l’Étranger doit être vue à l'aune des crises mondiales qui se préparent, protéger nos compatriotes c'est garantir à la France sa puissance internationale.
Pour cela nous proposons que les enjeux de protection sociale soient pleinement intégrés au sein des Ministères sociaux en France. Aujourd’hui la tutelle de la CFE est exercée conjointement par la Direction de la Sécurité Sociale et par Bercy, alors que c’est le Quai d’Orsay qui a la charge de la subvention CFE ! Nous demandons donc plus de clarté dans l’accompagnement de la caisse. Nous proposons également de réintégrer la CFE au sein de la Sécurité Sociale, comme cela a été fait pour les mutuelles étudiantes en 2019.
L'accompagnement de nos compatriotes à l’étranger passe aussi par les consulats, administration à l’étranger sous forte pression, qui est continuellement menacé de démantèlement. Nous souhaitons aussi le renforcement des moyens dans les postes consulaires pour servir au mieux une population de Français établie hors de France qui est en hausse constante.
Pour toutes ces raisons, un nouveau projet pour la France est crucial. Mais il sera incomplet s’il n’est pas adossé à une nouvelle étape de l’intégration européenne. Notre Fédération a toute sa place au sein du parti afin de défendre notre Europe, seule échelle pour répondre aux enjeux du climat, des migrations, de la finance mondiale et des nouveaux impérialismes.
Il faut aussi un cap clair. Nous appelons à la création d’une plateforme commune rassemblant les forces écologistes, sociales-démocrates, radicales et réformistes, prêtes à agir ensemble face à l’urgence démocratique.
Notre ambition : refonder une force politique unitaire, capable d’apporter des réponses solides, au sein de laquelle les militants désigneront leur candidat ou candidate à la présidentielle.
Contributeurs : Assante Mathias (FFE- Maroc TO1), Barré Gaëlle (FFE-Italie, Conseillère des Français de l’étranger, AFE TO3), Benlahcen Mehdi (FFE - Lisbonne TO3), Chérif Alexandre (FFE - Belgique TO3), Gitton Matthieu (FFE - Belgique TO1), Kiraz Ahmet (FFE-Turquie TO1), Koro Marie-Rose (FFE-Turquie,CN, Conseillère des Français de l'étranger TO1), Luneau Evelyne (FFE- Turquie TO1), Misse Albert (FFE - Chine, CF TO3), Poulain Sylvie (FFE - New-York, BF TO3), Servantie Alain (FFE - Belgique TO1), Urzua Cécilia (FFE - Chili TO3)