– Vendredi 31 mars 2023
Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste
Guillaume Garot, secrétaire national chargé de la Lutte contre la désertification médicale
Antoine Pelissolo, secrétaire national chargé de l’Hôpital
L’hôpital public s’enfonce, depuis plusieurs années, dans une crise sans précédent. C’est la garantie d’accès aux soins pour tous nos concitoyens, et particulièrement les plus fragiles, qui est progressivement remise en cause.
Le manque croissant de médecins hospitaliers dans de nombreux territoires est l’un des facteurs de cette dégradation, notamment dans des filières de soins en tension : urgences, chirurgie, anesthésie, pédiatrie, psychiatrie, gériatrie.
C’est sur ces pénuries de salariés que prospère le recours à l’intérim médical. Certains médecins tirent de la situation des revenus démesurés par rapport à ceux de leurs confrères praticiens hospitaliers, sans être soumis aux obligations de continuité des soins et d’engagement à long terme dans le service public. À l’échelle nationale, le coût des contrats d’intérim pour notre système de santé est estimé à près d’un milliard d’euros. Alors que le plafond de rémunération pour une garde de 24h était fixé à 1 170 € brut, ce montant peut atteindre 5 000 € dans certains cas où, faute d’autre solution, les établissements hospitaliers n’ont pas d’autre choix que de céder aux exigences du médecin et des agences d’intérim, qui en tirent grand profit.
Face à la surenchère et aux abus de l’intérim qui grèvent le budget de nos hôpitaux, l’entrée en vigueur, le 3 avril prochain, de sanctions claires en cas de dépassement de ce plafond de rémunération autorisé est une décision logique. À quelques jours de cette échéance, le retrait de nombreux médecins intérimaires a pourtant contraint le gouvernement à revaloriser le plafond de rémunération de 20 %, et de nombreux établissements hospitaliers font part de leurs craintes de manquer de praticiens dès les prochaines semaines.
Cette situation délétère n’est que l’un des symptômes du mal profond et systémique qui ronge notre hôpital public : rémunération peu attractive, en particulier des infirmières et des aides-soignantes, conditions de travail et de statut dégradées, effets pervers de la tarification à l’acte, inégalités de répartition des médecins entre les territoires et les établissements.
Si les excès de l’intérim médical sont indécents, l’inaction depuis 2017 face à la dégradation de notre système hospitalier public est tout aussi inacceptable. Le Parti socialiste appelle à une concertation large et à des mesures puissantes et rapides, pour relever notre hôpital public, par des financements à la mesure de l’enjeu, l’amélioration du statut, de la rémunération et des conditions de travail des soignants hospitaliers, la sortie de la tarification à l’acte, une pratique effective de la permanence des soins sur l’ensemble du territoire, et un renforcement de la coopération entre médecine de ville et médecine hospitalière.