Investir dans l'enseignant d'aujourd'hui, c'est investir dans l'enfant de demain


Thème : Éducation


Télécharger la contribution

1) État des lieux d’une cohérence globale en matière de démantèlement d’un service publique

Traduction du dédoublement des classes mais à budget ministériel constant !!!

Dans sa face claire, ce dispositif destinés aux réseaux d’éducation prioritaire et réseaux d’éducations prioritaires renforcé consiste réduire les effectifs de CP et de CE1 à 12 et ceux des Grandes Section maternelle à 14 élèves. Cela permettra à l’enseignant d’être davantage disponible pour les élèves dans ces classes à fort enjeu celui d’apprendre à lire et à écrire. Dans l’absolu cela serait formidable si cela n’était pas à budget constant !!!

C’est précisément là qu’intervient la face sombre : car à budget constant, quelle ligne budgétaire s’apprête à subir une coupe ?

Ces mesures étant prises à budget ministériel constant, cela signifie nécessairement que cette coupure budgétaire dans le système éducatif impactera inévitablement le parcours des mêmes élèves plus tard. Cela se paie le prix fort dans la part prévue des heures dédiées à l’enseignement général dans les filières professionnelles. Et par voie de conséquence, cela traduit bien les ambitions gouvernementales en matière d’éducation pour les plus modestes.

Une future main d’œuvre plus qualifiée qu’hier et moins critique ou revendicative que demain.

 

Ce même gouvernement qui redoute les esprits éclairés, par crainte que la raison l’emporte, privilégie l’ignorance éducativement et socialement construite comme seul projet de société.

Voilà comment le ministère inscrit insidieusement un dispositif (dédoublement des classes de CP CE1 Grandes Sections) dans une politique publique elle plus globale qui parallèlement à cela dépossède les filières professionnelles de l’enseignement général le réduisant à une simple variable d’ajustement.

 

2. Budget de l’éducation: un budget pas comme les autres !

A gauche comme à droite nous savons que sa finalité n’est pas purement scolaire !

Les enjeux auxquels est confronté un ministère de l’éducation nationale dépassent les objectifs de réussite individuelle d’une scolarité.

A gauche nous la souhaitons de tous nos vœux pour chacune et chacun des élèves, mais nous savons aussi que cette réussite est complémentaire au défi collectif qui s’impose à nous tous, membres de la communauté éducative quel qu’en soient nos fonctions grades ou autres qualités.

Ce défi est celui de permettre à toutes celles et ceux qui composent cette communauté éducative de se réaliser :

- en tant qu’élèves aujourd’hui et citoyen demain,

- aux familles de remplir avec succès la mission courageuse qui leur est assignée,

- aux enseignants de se réaliser en se réconciliant avec leur métier.

Se réaliser par l’école en tant qu’élève, en tant qu’enseignant et en tant qu’autres partenaires est le ciment de la cohésion sociale qui ne se transmet pas dans les livres.

La cohésion sociale est une étape collective et incontournable à la réussite d’une société toute entière.

La laïcité elle-même est une expérience qui se vit plus qu’elle  ne s’enseigne dans nos écoles dans lesquels nos élèves par leur jeune âge ne disposent pas du degré de maturité pour s’en emparer comme nous l’aurions souhaité. L’École doit donc jouer la carte de la mixité pour les élèves ne rencontrent plus les Françaises et les Français dans toute leur disparité seulement dans les manuels de géographie.

Il s’agit du rôle de l’École, et cela depuis que l’École est devenu l’École de la République, cela depuis que l’École de la République française est devenue par le passé un modèle de service publique pour le reste du monde.

 

3) Déprécariser les métiers de l’enseignement.

Les enseignants français figurent parmi les moins payés de l’OCDE. Et cet enjeu de rémunération est loin d’être un simple enjeu corporatiste. Nous le constatons tous aujourd’hui, le métier manque d’attractivité, il abime les professionnels qualifiés qui ont cœur à transmettre les contenus et les valeurs auxquels nous pourtant sommes toutes et tous attachés.

Le métier se féminise beaucoup et de plus en plus, cela est une belle bataille de gagnée sur le modèle patriarcale à l’intérieur duquel nous évoluons encore et toujours à nos dépends malgré tout.

La bataille culturelle est cependant loin d’être terminée et nous sommes très éloignés de la victoire si parallèlement à cela nous acceptons qu’au motif que les femmes soient majoritaires aujourd’hui dans ce corps de métier, que le revenu de toute la branche se résume au bonus ou complément de salaire du couple.

Nous en conviendrons tous ce modèle est tombé en désuétude depuis quelques années, il n’en reste que les injustices des inégalités femmes hommes encore à combattre.

Ce combat en faveur de l’égalité femmes/hommes, il s’agit du notre et il se tient dans l’enceinte des établissements et dans la revalorisation des fiches de paie !

Chers camarades j’en appelle à votre raison.

Le projet de société auquel nous souscrivons collectivement est-il raisonnablement envisageable avec des enseignants précarisés pour certains, quand d’autres sans qualification, faute d’attractivité du métier ont reçu  une formation dite « accéléré de quelques jours seulement ».

Lorsque le métier sera redevenu attractif j’ose encore l’espérer, il conviendra de réviser les méthodes de recrutement. Les concours d’enseignant du premier degré comme du second, de filières générales comme de filières professionnelles devront mettre le curseur sur la pédagogie et la didactique davantage que sur le degré d’expertise propre au domaine de la recherche scientifique concernant les disciplines enseignées par les candidats dans le premier et le second degré. Certes les contenus sont importants mais à quoi servent-ils sans véritable capacité à les transmettre ?

Chers camarades, est-il raisonnable que les enfants porteurs de trouble n’obtiennent en béquille relationnel que des AESH insuffisamment formés voire non formés et qui n’accompagnent les élèves qu’en pointillé car très mal rémunérés. Ces travailleurs cumulent souvent 2 métiers pour survivre avec 2 employeurs que sont l’État et la collectivité locale. Souvent cela met l’enfant et les personnels encadrant en difficulté qu’ils soient enseignants ou coordonnateurs périscolaire.

Pour répondre au double impératif d’accompagnement des élèves et la responsabilité de l’État et des collectivités en responsabilité, je propose que soient prévu des conventions tripartites qui permettraient un emploi du temps cohérent sans bévue et respectueux du droit du travail pour le salarié, et adapté aux différents temps de l’enfant.

Chers camarades, cela fait-il parti de notre degré d’acceptabilité de tolérer que soit financé tant d’injustice par le pseudo ascenseur sociale qu’est devenu notre école et ses BNQ plus communément désignés les Bas Niveau de Qualification. Il en sort au bas mot 80 000 par an de nos usines scolaires sans aucun diplôme. Il s’agit de notre responsabilité car sans ne dire mot, c’est cela que nous finançons. Or ce trésor que pourrait être l’École, c’est notre argent.

L’Éducation est l’affaire de tous alors de grâce, ne reproduisons plus les échecs qui n’auraient jamais dû se passer.

Tirons des leçons de la réforme des rythmes scolaire qui aurait pu être un énorme succès si elle avait été concerté par tous les partenaires sociaux de la communauté éducatives mais aussi du monde du travail, et du non travail,  patrons et salariés.

Si chacune et chacun avait trouvé de véritable avantages et il y en aurait eu, la réforme aurait alors crée l’adhésion et cela aurait été une belle réalisation de gauche.

Ce type de réforme est de celle qui ne s’impose pas, elle doit créer l’adhésion de l’ensemble de notre société, car en modifiant les rythmes de l’enfant, même si cela est pensé pour mieux les respecter, n’oublions pas qu’il s’agit du rythme de toute la société dont il est question.

La forme étant souvent le fond qui remonte à la surface… nous disposons du fond, alors soignons la forme.


Signataires :

Ikhlef CHIKH, Élu de Villeurbanne en charge de la Coopération Internationale et des Manifestations Sportives


Télécharger la contribution

Veuillez vérifier votre e-mail pour activer votre compte.