Joëlle Huon : « Regarder ce qu’on a de commun »

Sous le soleil breton, entre les plages du Finistère et le parc naturel régional d’Armorique, on trouve Plouigneau. Une commune de 5 000 habitants qui profitent d’un écomusée, d’un menhir néolithique, et désormais d’une maire : Joëlle Huon. 

Joëlle Huon, 55 ans, agricultrice engagée pour sa filière et ses idées, a été élue maire de Plouigneau, le 27 mai par le nouveau conseil municipal, après avoir remporté 53 % des voix des électeurs. Elle reprend ainsi la mairie à la droite.

 

« On avait depuis 40 ans une mairie de droite à cause de la division »

Joëlle Huon est une engagée de longue date. « Je suis une agricultrice, engagée comme porte-parole la Confédération paysanne du Finistère avant d’être élue. [...] J’ai pris ma carte au PS après la perte du canton par la gauche et les événements de 2002. » Après plusieurs années à « la Conf’ », comme elle dit, elle se présente en 2008 aux cantonales et représente depuis les Ignaciens au conseil général, puis départemental, du Finistère. Dans cette Bretagne majoritairement de gauche, Plouigneau faisait figure d’exception, avec sa mairie de droite : « Historiquement, Plouigneau est de gauche aux élections nationales, mais on avait depuis 40 ans une mairie de droite à cause de la division entre les socialistes et les communistes ! » Une situation qui faisait soupirer Joëlle Huon. Maintenant qu’elle a été élue maire, elle le dit, son premier engagement, en tant que première maire de gauche de Plouigneau depuis 1980, sera donc celui du rassemblement. 

Cette dynamique de l’union date de plusieurs années. « On n’avait jamais réussi à travailler ensemble, jusqu’en 2014 où nous avons fusionné au 2e et perdu de 70 voix. Après les élections, et c’est fondamental, on a continué à travailler ensemble avec nos partenaires de gauche, pour travailler à l’avenir. » Le dialogue renoué avec les communistes, Plouigneau, ville de droite qui vote à gauche, a finalement choisi cette dernière en 2020. « Cette fois-ci, après ce travail en commun de 6 ans dans l’opposition, nous nous sommes fait confiance, et nous avons réussi à partir ensemble sur une seule et unique liste. »

La clé du succès de Joëlle Huon, c’est d’avoir mis les idées d’abord. « C’est simple : jusqu’à janvier 2020, nous n’avions pas choisi de tête de liste. » C’est le projet qui a primé dans les discussions. Alors que la municipalité de droite ne lui a pas fait de cadeau, menant une campagne délétère, Joëlle Huon a tenu à avancer des idées face aux attaques personnelles de la liste sortante : « Nous n’avons pas répondu, on avait un projet à défendre, une dynamique et une équipe qui avait envie. La politique est un combat d’idées, et non de personnes. » 

 

« On est la deuxième commune de l’agglomération, mais on n’a même pas de crèche. »

Et un projet politique, Plouigneau en a besoin. « On est la deuxième commune de l’agglomération, mais on manque de service public, on n’a même pas de crèche. » La nouvelle municipalité s’est donc fixée l’objectif de restaurer les services publics de la ville, et c’est une nécessité : « on a aujourd’hui des jeunes couples qui quittent Plouigneau parce qu’il n’y a pas de solution de garde. » Ayant le regard résolument tourné vers l’avenir, le nouvel agenda de Plouigneau est construit autour de la démocratie participative et du développement durable. « Les deux seront appliqués sur l’ensemble des projets. À chaque fois que l’on va construire un bâtiment, on va à la fois associer la population riveraine et tenir compte de la qualité énergétique et de l’environnement. » 

Exception dans ce scrutin où la « prime au sortant » a favorisé les municipalités en place, la nouvelle équipe s’apprête à vivre un baptême du feu, aux multiples défis. « On a été installés le 27 mai, et il faut voter le budget d’ici le 31 juillet car il n’avait pas été fait. » Une urgence de l’action publique qui ne déroute pas la nouvelle maire, dont la feuille de route est déjà organisée : d’ici septembre, toutes les commissions seront installées, pour que les choses soient posées le plus vite possible, compte tenu des circonstances. 

S’agissant de ce contexte si particulier, l’agenda des premiers jours a dû être adapté. « On se posait la question de faire du soutien scolaire, car même ici, en territoire rural, il y a des décrocheurs. On a des enfants, que les enseignants pensaient revoir au mois de mai, qui ne sont pas revenus à l’école. » L’organisation de ce soutien devrait se faire à la rentrée de septembre, dans le cadre d’un travail conjoint avec les équipes enseignantes de la ville. 



« On a une diversité à gauche, mais il faut regarder ce qu’on a de commun »

À Plouigneau, 2020 sera l’année d’une alternance que la gauche attendait depuis quarante ans. Et Joëlle Huon, par la conjugaison de son passé de porte-parole d’un syndicat agricole  et son avenir de maire de gauche, incarne le succès qu’engendre nécessairement l’union. « Aujourd’hui, on a une diversité à gauche, mais à un moment donné, il faut regarder ce que l’on a de commun et faire l’impasse sur nos divergences. On a plein de valeurs communes, et on peut travailler ensemble. »

Veuillez vérifier votre e-mail pour activer votre compte.