L'alternance dans l'enseignement supérieur : d'un paradigme libéral à un levier d'émancipation sociale


Thème : Enseignement supérieur


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L'alternance en France est souvent perçue de manière négative : certains la considèrent comme une voie de garage, tandis que d'autres l'utilisent pour pallier le manque de financement des établissements supérieurs, favorisant ainsi une privatisation de l'enseignement supérieur. De plus, certaines entreprises exploitent les alternants comme une main-d'œuvre subventionnée à bas coût. Enfin, pour l'État, l'alternance permet d'éviter de traiter la question de l'accès à l'éducation pour les classes populaires, limitées par leurs ressources financières.

Cependant, ces dérives ne sont pas inhérentes à l'alternance elle-même, mais résultent d'un libéralisme non régulé. L'alternance dans le supérieur peut constituer un moyen d'accès à des diplômes pour des profils pour lesquels les formations sous statut étudiant ne sont pas adaptées, et ne doit pas être abandonné par le parti socialiste comme produit du libéralisme.

En tant que parti promouvant l'égalité républicaine, nous devons préconisé :

  • Limiter les subventions à l'alternance aux diplômes visés des établissements publics et privés à but non lucratif. Cette mesure vise à garantir que les fonds publics soutiennent des formations de qualité, alignées avec les valeurs de service public, et à éviter la marchandisation de l'éducation.
  • Créer des places en alternance sans supprimer les places sous statut étudiant, dans une optique de complémentarité de l'enseignement supérieur. Il est essentiel de proposer des parcours diversifiés pour répondre aux besoins variés des étudiants, sans opposer les différentes modalités de formation.
  • Garantir la qualité des formations en veillant à ce que l'enseignement ne repose pas exclusivement sur les employeurs. Les établissements d'enseignement supérieur doivent conserver un rôle central dans la définition et la mise en œuvre des programmes, assurant ainsi une formation équilibrée entre théorie et pratique. Actuellement seulement une partie des diplômés sont contrôlés et accrédités par l’HCERES (pour les diplômés universitaires), la CTI (pour les titres d’ingénieurs) et la CEFDG (pour les écoles de commerce).
  • Ne plus considérer l'alternance comme une solution à la précarité étudiante. L'alternance doit être un choix pédagogique et professionnel, non une réponse aux insuffisances du système de bourse.

De plus, les alternants sont des travailleurs précaires, connaissant mal leurs droits, et parfois utilisés en remplacement de travailleurs plus coûteux. C'est pourquoi, en tant que parti des travailleurs, nous revendiquons :

Le SMIC pour tous les alternants. Assurer une rémunération décente aux alternants est une question de justice sociale nécessaire à l’éradication de la précarité de la jeunesse. Surtout que de nombreux alternants travaillant dans des entreprises loin de leur école augmentent leur frais en logement et en transport et donc leur salaire ne sert qu'à couvrir les frais qu’ils ont pour travailler. C’est pourquoi nous demandons que les alternants soient payés au moins au SMIC.

  • Des formations sur leurs droits en tant qu'employés intégrées dans leur cursus. Il est crucial que les alternants soient informés de leurs droits pour se protéger contre les abus et s'engager pleinement en tant que citoyens actifs. De plus, il est nécessaire que les alternants soient informés de leurs droits et des aides à leurs dispositions (prime d'activité, action logement).
  • Des rencontres avec les syndicats professionnels. Favoriser le dialogue entre les alternants et les représentants syndicaux contribue à leur intégration dans le monde professionnel et au renforcement du mouvement syndical.
  • Un contrôle strict des structures d'accueil: Pour garantir les conditions de travail des alternants et leur bon accompagnement vers le métier, l'État doit assumer sa responsabilité de surveillance pour prévenir les dérives comme remplacer un employé diplômé par un alternant.

En réaffirmant ces principes, nous transformons l'alternance en un véritable levier d'émancipation sociale, fidèle aux valeurs de justice et d'égalité qui nous animent en tant que parti des travailleurs.


Contributeurs : Andreas MULARD, section de Chinon (37)
Maud OLIVIER, section des Ulis (91)
Rose-Marie BOUSSAMBA, section des Ulis (91)
Clovis CASSAN, section des Ulis (91)
Shakthy RAJOU, section des Ulis (91)
Jean-Claude LE SCORNET, section des Ulis (91)
Bernard CHAURAND, section des Ulis (91)
François BUGEON, section des Ulis (91)
Annick LEROY, section des Ulis (91)
Emilia RIBEIRO, section des Ulis (91)
Fatima HATIF-ERENA, section des Ulis (91)
Louis SANGOUARD, section des Ulis (91)
François RETAT, section des Ulis (91)
Jean-Michel ESPALIEU, section des Ulis (91)


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