L’école de la République, clé de voûte de l’émancipation et de la lutte contre les inégalités


Thème : Education


 

 

Notre système scolaire français, dans les enquêtes internationales, se classe entre le 15ème et le 20ème rang parmi 49 pays de l’OCDE. Un rang moyen car, contrairement aux idées reçues, les performances brutes françaises sont loin d’être catastrophistes, elles restent même relativement stables, n’en déplaisent aux déclinistes.

Nous ne pouvons cependant pas nous en satisfaire.

Notre système scolaire est en effet l’un des plus inégalitaires des pays de l’OCDE. Selon les dernières enquêtes PISA, la France figure parmi les pays où le milieu social, économique et culturel d’un élève influe le plus sur ses résultats scolaires.

Pour autant, nous socialistes réaffirmons plus que jamais que ce creusement des écarts scolaires en fonction de l’origine sociale n’est pas une fatalité.

Tous les spécialistes de l’éducation le savent, tous les professionnels de terrain l’expérimentent et toutes les familles en ont l’intuition : en matière éducative nous sommes à la croisée des chemins et l’échéance de 2027 constitue la ligne de crête qui va départager d’un côté ceux qui considèrent que notre système éducatif doit être élitiste, fondé sur la compétition et qu’il doit simplement faire l’objet de quelques menus ajustements ponctuels et, de l’autre, ceux qui , comme nous socialistes, considèrent comme urgent de s’attaquer à ce mal profond qui fait que l’école en France, en dépit de l’investissement quotidien de la communauté éducative, non seulement reproduit mais aussi aggrave les inégalités.

Fidèles à notre histoire et au combat socialiste pour l’école de la République, nous voulons mettre l’émancipation et la lutte contre les inégalités scolaires au cœur de notre projet éducatif et notre Congrès doit marquer une étape importante dans la réalisation de cet objectif.

L’école de la République, notre bien commun

Cette ambition pour l’égalité réelle -et non l’égalité « des chances »- nous conduit à réaffirmer notre attachement au service public d’éducation contre toutes les formes de privatisations avouées ou masquées : l’école n’est pas à vendre, elle est notre bien commun. Il faut aussi un coup d’arrêt immédiat à ces politiques éducatives néo-libérales qui dessinent une école à plusieurs vitesses en promettant « une place à chacun » mais en pensant « chacun à sa place ».
L’égalité réelle en matière éducative a besoin d’investissement massif, et non de saupoudrage ou de fléchage sur des territoires ou des publics cibles en fonction de clientèles électorales. L’égalité réelle a besoin de plus de moyens matériels et humains, au plus près des besoins des territoires et des établissements.
Pas d’école au rabais, mais l’excellence éducative pour tous et la réussite scolaire de chacun.e. Nous avons besoin d’une école publique qui contribue à l’élévation générale du niveau de formation. Cela implique de rompre avec un système qui privilégie la compétition entre les établissements scolaires plutôt que leur émulation, qui finit par créer des « ghettos scolaires » en triant les élèves en fonction de leur origine sociale et de leur niveau.

Investir pour démocratiser les réussites

Vouloir l’égalité réelle, c’est choisir d’investir l’argent public pour lutter contre les inégalités, pas pour les conforter. Réaffirmons-le : pour que certains réussissent, il n’est pas nécessaire que d’autres échouent ou soient laissés sur le bord de la route de l’émancipation.

Comment peut-on par exemple accepter qu’en matière d’accompagnement éducatif, 30 millions d’euros sont investis pour 1.7 millions d’élèves en REP et en REP+, soit 18,80 euros par enfant chaque année alors que dans le même temps, 70 millions d’euros sont consacrés à l’accompagnement de 85 000 étudiants des classes préparatoires aux grandes écoles, soit 800 euros par étudiant, c’est-à-dire 45 fois plus que pour l’élève en éducation prioritaire !

Nous voulons donc en finir avec cette captation élitiste du budget de la nation et le remettre là où les élèves en ont le plus besoin, par exemple dans l’éducation prioritaire dont le budget n’a plus augmenté depuis 2017. Pour y parvenir, l’éducation nationale devra par ailleurs repenser son offre de formation et ne pas laisser certaines matières assurées par le seul secteur privé, notamment dans le secteur de l’enseignement professionnel qui ne peut ni ne doit être considéré au travers du seul prisme de l’employabilité de notre jeunesse.

Face aux forces conservatrices qui n’ont aucun intérêt à voir le système changer, nous voulons engager la bataille pour permettre la réussite de tous les élèves. Et nous affirmons que c’est possible sans enlever à ceux qui réussissent déjà, mais en permettant aux autres de bénéficier d’un service public d’éducation réellement attentif aux besoins éducatifs particuliers de chacun. Le « droit à l’école » doit exister autrement qu’en théorie, en permettant à chaque élève une orientation choisie et une formation de qualité. Aucun élève ne devrait quitter prématurément l’école parce qu’il n‘y trouve pas sa place.


Oui, les leviers de l’égalité réelle existent

Donner aux enseignants les moyens d’accomplir leurs missions avec une véritable formation initiale et continue, des classes moins surchargées (moins de 20 élèves en primaire, moins de 25 élèves au collège et moins de 30 élèves au lycée), réaffirmer la liberté pédagogique et une revalorisation des carrières et des salaires, créer un nouveau service public de l’accompagnement éducatif individuel et continu de chaque jeune, abolir la reforme Blanquer et recréer des filières de baccalauréat cohérentes pour le 21e siècle, faire de chaque établissement avec ses partenaires un « écosystème de réussite scolaire et de bien-être éducatif », promouvoir partout des partenariats renforcés entre l’Éducation nationale et les collectivités locales ainsi qu’avec le monde de l’éducation populaire, amplifier la politique de mixité sociale et scolaire au sein de tous les établissements concourant au service public d’éducation , mettre en œuvre une nouvelle politique de santé scolaire environnementale, prendre en charge les jeunes à besoins particuliers, renforcer le lien entre l’école et le post et péri scolaire, réinventer les parcours de professionnalisation et la formation tout au long de la vie, travailler avec les parents dans une relation respectueuse et apaisée : autant de chantiers à engager pour replacer l’école de la République au cœur des défis de la société d’aujourd’hui et du monde de demain.

Et parmi ces leviers de l’égalité , il conviendra de remettre en question la place -et le financement - de l’école privée sous contrat.

En effet, la mise en place récente des Indices de Position Sociale –IPS – a incontestablement permis d’instaurer une transparence et une clarification révélant notamment le tri implacable organisé par l’enseignement privé sous contrat – majoritairement religieux – qui, financé à hauteur de 75 % sur les deniers publics sans aucun contrôle de l’État, refuse publiquement tout quota, rattachement à la carte scolaire ou affectation obligatoire des élèves alors- même que les 96 % d’écoles privées sous-contrat sont tenues aux obligations de mixité sociale aux termes de la loi de 2013.

Au regard de cette situation quasiment unique au monde et profondément inégalitaire, il convient en conséquence d’instaurer un contrôle financier, administratif et pédagogique systématique lié à la mission de service public qui est celle des établissements privés sous contrat , une modulation des moyens financiers en fonction des Indices de Position Sociale des élèves accueillis dans les établissements, une contractualisation entre les établissements et les rectorats sur la base d’objectifs et de moyens notamment liés à la mise en place d’une réelle mixité sociale et scolaire. De surcroît, il faut permettre aux collectivités territoriales d'être libres ou non de financer les établissements privés sous contrat présents sur leur territoire.

C’est bel et bien un enjeu qui consiste à « penser » l’école sur le temps long mais aussi à « panser » le service public d’éducation sur un temps très court après deux quinquennats Macron d’hyper-fragilisation en termes de moyens, de brutalisation managériale et de caporalisation des personnels, d’hyper-sélection des élèves et de suppression de tout dialogue social éducatif avec les enseignants comme avec les familles.

L’école au coeur de notre projet de société

Au final, notre priorité à l’éducation passe nécessairement par une école de la République juste pour tous et exigeante pour chacun, expérimentée comme telle par toute la communauté éducative et, en premier lieu, par les élèves eux-mêmes.

Une école de la République capable de détecter très tôt les fragilités scolaires, de faciliter tous les parcours choisis et de concilier apprentissages, bien-être, respect des règles et de l'autorité des enseignants et personnels de direction, et confiance scolaires. Une école de la République qui fasse « grandir » ses citoyens en plaçant au cœur des enseignements et des apprentissages cette dimension civique du lien social précoce porteur de vivre ensemble futur.

De nouvelles méthodes et un nouvel horizon pour l’école de la République sont possibles dans cette nouvelle société que le Parti socialiste entend promouvoir. Dans une logique « d’alliance éducative » il faudra mobiliser de façon coordonnée et ultra-volontariste tous les leviers de la confiance scolaire et de la réussite éducative en associant tous les acteurs éducatifs promoteur de socialisations, de solidarités, d’autonomie et d’émancipation.
Pour rendre enfin parfaitement accessible une École qui tienne la promesse républicaine de démocratisation de la réussite, autour d’orientations et de valeurs qui de fait portent un véritable projet de société.

À nous socialistes de le mettre en œuvre.
retrouverons la confiance de l’opinion indispensable pour faire vivre nos valeurs.


Contributeurs :

Yannick TRIGANCE

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