L'école républicaine pour tous


Thème : École


Le PS a perdu son électorat parmi la communauté éducative et le temps est venu de se poser les bonnes questions. Il doit proposer, dans le cadre de sa refondation, un projet politique fort de l’Éducation Nationale, de l’école de la République publique laïque, gratuite sans avoir peur de l’exigence et donc de l’investissement budgétaire. L’égalité républicaine commence très certainement par l’exigence de la mixité sociale et donc une réforme de la carte scolaire.

Le démantèlement du système éducatif public est engagé en baissant les moyens et en déléguant des missions à des intervenants privés qui font exactement les mêmes choses qu’un enseignant sans pour autant avoir les formations qu’on exige d’un prof. La casse de la filière professionnelle publique, avec la suppression des matières dites fondamentales préfigure une nouvelle ère catastrophique pour l’Éducation Nationale.

L’élève doit être au cœur du système éducatif. On pense qu’en s’adaptant au niveau des élèves, en transformant nationalement les exigences, on répond à l’adaptation de la société à l’école. C’est tout le contraire. Un pays comme le nôtre ne peut se résoudre à manquer à ce point d’ambition pour les générations futures, car les jeunes d’aujourd’hui occuperont les métiers de demain. Pour l’instant l’école publique ne favorise que l’élitisme.

Les personnels sont en grande souffrance morale et physique et ne trouvent plus assez de sens à l’exercice de leur métier pour maintenir intacte leur motivation. L’enseignant est multitâche et se trouve, en permanence, remis en question par la pression des parents, par sa hiérarchie. Sa tache pédagogique s’alourdit car le public très hétérogène est de plus en plus difficile.

La revalorisation des salaires est déjà une réponse mais c’est insuffisant. Il faut recentrer les missions de l’enseignant sur la pédagogie.

L’enseignant doit se sentir bien dans son métier et se sentir protégé. L’éducation nationale ne peut souffrir de la violence, et l’autorité au sein des établissements doit être restaurée. La loi pourrait mieux encadrer et protéger le personnel éducatif.

Il faut stopper la suppression des postes sans véritable prise en considération des problématiques des établissements scolaires. Chaque année, l’offre des établissements varie en fonction des moyens alloués alors qu’ils ont besoin de stabilité pour pérenniser ou mettre en place des projets novateurs.

Il faut réinvestir le champ social en ouvrant à nouveau des postes d’assistant(e) social(e) et d’infirmier(e)s. Autant de situations d’élèves réglées par des professionnels plutôt que par les enseignants dont ce n’est pas le métier.

Le taux d’encadrement doit être augmenté pour surveiller, enseigner le vivre ensemble et prévenir le harcèlement.

Pour l’information et l’orientation des élèves, il est impératif de créer des postes de conseillers psychologues d’orientation. Il serait scandaleux que les parents passent par des bilans de compétences et d’orientation payants pour orienter leurs enfants en 3eme.

Le baccalauréat n'est plus un diplôme national. La réforme du lycée l'a dénaturé car chaque lycée est souverain pour le choix des sujets des épreuves terminales de spécialités, et la correction s'effectue en interne. De même, une partie de la note finale étant en contrôle continu des années de première et de terminale, la pression de l'administration sur les enseignants est courante. Quant aux épreuves finales, les notes peuvent-être officiellement manipulées après les corrections sans l'aval des enseignants.

Les statistiques sont excellentes, mais cela masque des disparités de niveaux entre les lycées.

La préparation du grand oral est difficile car le calendrier des examens repousse la préparation concrète en fin d'année scolaire. Les élèves peuvent choisir tôt les deux sujets, mais ils attendent logiquement que les enseignants des spécialités aient fini le programme en avril-mai. Jusqu'au mois de mars la priorité est la révision des épreuves écrites de spécialités, tout en continuant à avoir des devoirs pour la note de contrôle continu. Passée l'épreuve de philosophie, les enseignants et les élèves ont enfin le champ libre pour le grand oral. Toute l'année les professeurs principaux enseignent les bases pratiques de l'oral, mais cela reste théorique tant que les élèves ne peuvent pas éprouver leurs propres sujets.

La dissolution du groupe-classe comme cadre de vie des élèves est un effet pervers de la réforme Macron-Blanquer. Les élèves ne retrouvent plus les mêmes camarades quand ils changent d'heures. Les enseignants voient des élèves étrangers entre eux, plus individualistes.

Parcoursup qui renforce les inégalités et angoisse les élèves n’est pas satisfaisant.

La période de collège est une étape importante pour les élèves car c’est le passage de l’enfance à l’adolescence, du primaire au lycée, et la recherche d’une orientation future. Pour les bons élèves, accompagnés par les familles, il y a peu de difficultés. En revanche, le collège ne répond pas aux besoins des élèves en difficulté. Noyés dans des classes à 30, ils ont moins de chance de réussite et prennent la voie de l’absentéisme.

Il faut donner la possibilité à tous les enfants, car ils ne sont pas tous également armés, de s’épanouir dans un collectif classe et proposer aux élèves qui ne comprennent pas le sens des enseignements ou le goût de l’école de trouver leur chemin vers des objectifs communs dans des adaptations. Tous les dispositifs ( 4ème/3ème découverte des métiers, prépa pro, découverte professionnelle..) ont été supprimés parce qu’ils demandaient trop moyens horaires. Pourtant ils ont fait leurs preuves. Dans les dotations de moyens aux établissements, il devrait être prévu un quota obligatoire d’heures dévolu aux élèves en difficulté pour éviter que les équipes soient obligées de négocier chaque année avec Direction et DASEN pour la survie des dispositifs remis en cause chaque année. Les matières technologiques doivent retrouver une place dans les obligations scolaires. Certains élèves ont besoin de concret et peuvent ainsi accéder à un niveau de compétences 3eme.

L’inclusion est une chance pour toute la communauté d’un établissement mais telle qu’elle est pratiquée elle est compliquée sur le terrain. Comment accueillir un élève dans le champ du handicap dans une classe à 30 et sans aide ? La loi devrait imposer que dans ce cadre-là, l’effectif ne dépassera pas 20 élèves et des moyens conséquents devraient mis en place pour le recrutement Accompagnants d’Elèves en Situation d’Handicap.

Ces dernières années nous ont mis face à une expérience inédite d’éducation. La Covid a montré toutes les failles du système. Dans un projet national, et dans le cas où, il serait bon de se préparer et de réfléchir à un enseignement distanciel avec des outils numériques fiables, efficaces et accessibles à tous.

Cette contribution se veut modeste et ne peut recenser toutes les voies du possible pour faire de l’éducation nationale un grand système éducatif public, laïque, gratuit, ouvert à tous. Elle est le fruit dexpériences de terrain.


Signataires :

Aguzou O (secrétaire de section Fleury) Alingrin R- Amiel A. - Blaya - J. Cousin JP- De la Pallière L- Dessieux G- Durant C (secrétaire section Coursan). - Fabre MH (ancienne députée de l’Aude) – Géa B -Gea Bl – Godefroid D (secrétaire de section Marcorignan)- Lapeyre O ( secrétaire section Narbonne) – Latore C ( secrétaire section Bizanet) – Monestier C – Monestier F- Monestier R – Monestier Y – Pibouleau T – Richou JL – Saque Emilie – Seingeot M.- Soriano MC ( secrétaire section Montredon des Corbières)

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