Léon Blum, issu d’une famille de confession juive dont une partie est originaire d’Alsace, se dit lui agnostique. Fervent laïc, il subira cependant de nombreuses attaques antisémites allant même jusqu’à se faire lourdement agressé physiquement. Il était fréquemment injurié par des hommes politiques et dans des journaux d’extrême droite, particulièrement dans L’Action Française. Charles Maurras écrit dans ce même journal à propos de Léon Blum : « Ce Juif allemand naturalisé, ou fils de naturalisé [...] n'est pas à traiter comme une personne naturelle. C'est un monstre de la République démocratique. Et c'est un hircocerf de la dialectique heimatlos. Détritus humain, à traiter comme tel [...] C'est un homme à fusiller, mais dans le dos. ». Le 6 juin 1936, alors que Blum vient d’être nommé président du conseil des ministres, Xavier Vallat déclarera à la tribune parlementaire : " Pour la première fois ce vieux pays gallo-romain va être dirigé par un juif. "
Le climat antisémite de l’époque marquera profondément le combat politique de Blum, notamment à travers l’affaire Dreyfus qui le poussera à faire ses premiers pas en politique. Le Capitaine Alfred Dreyfus, soupçonné d’avoir transmis des documents secrets à l’Empire Allemand, est accusé de trahison envers l’Etat Français. Blum, comme l’immense majorité des Français, est alors convaincu de la culpabilité de Dreyfus. C’est son ami Lucien Herr, qu’il a rencontré à l’ENS qui le convaincra de l’innocence de Dreyfus, victime d’une erreur, voire d’un complot judiciaire.
Blum, alors auditeur au conseil d’Etat, est tenu à la réserve et ne peut donc s’exprimer publiquement sur cette affaire. Il décidera cependant de conseiller les avocats de Dreyfus, mais aussi d’Emile Zola, auteur de la fameuse tribune « J’accuse… ! » pour les faire innocenter.
Le 13 février 1936, alors que Blum se trouve Boulevard Saint Germain à Paris en compagnie de George Monnet et de son épouse, des hommes le reconnaissent, viennent l’extirper du véhicule et le lynchent violemment, tout en proférant des menaces de morts telles que « On va le pendre ! » ou « Au poteau Blum ! ». Ses agresseurs continuent de le frapper au sol avant de prendre la fuite et d’emporter son chapeau comme trophée, laissant Blum, alors âgé de 64 ans, gisant sur le sol. Grièvement blessé au visage et au cou, perdant beaucoup de sang, il est transféré à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu. Par hasard, un cinéaste amateur revenant d’un mariage passait dans la rue et a pu filmer son agression : les images qu’il capturera seront essentielles pour aider la police à retrouver les agresseurs de Blum.
Celle-ci ne tarde pas à remonter la piste et perquisitionne les locaux de l’Action Française, dont les membres ne tarissaient pas d’insultes à l’égard de Blum. Son chapeau est retrouvé dans les locaux : Léon Andurand, Édouard Aragon, et Louis-Gaston Courtois, sont identifiés comme les trois agresseurs de Blum et condamnés à de la prison. Les journaux d’extrême droite tenteront de minorer l’affaire, accusant Blum de provocation.
Paragraphe 2, ligne 4 :“l’Etat Français” = “l’Etat”
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