- Vendredi 23 mai 2025
Le Parti socialiste a pris connaissance du rapport de la Cour des Comptes, « L’enseignement primaire une organisation en décalage avec les besoins de l’élève », publié hier. Sans surprise, il pointe un « système éducatif en situation d’échec » alors même que le premier degré est érigé en priorité par Macron depuis 2017.
Pour la Cour, « les résultats restent en effet très décevants, ne permettant pas de remplir les objectifs, notamment en matière d’égalité des chances ou de mixité sociale ». Elle déplore un niveau « inacceptable » des élèves et le fait que le système aggrave au fil de la scolarité les écarts de niveau à l’entrée. Les facteurs sont nombreux et leur incidence toujours aussi forte : poids de l’origine sociale, écarts filles-garçons, inégalités villes-campagnes persistantes, crise de recrutement, inégalités entre les communes dont certaines allouent jusqu’à 4500 euros par élève, contre 250 pour d’autres. L’école depuis dix ans continue d’être un lieu de la reproduction sociale, pas celui de l’émancipation.
Il faut dire que la France dépense moins que d’autres pays comparables pour ses écoles maternelles et élémentaires. On s’étonnera à ce titre de l’absence de référence à la rémunération des enseignants, alors que l’on constate des écarts de salaires pouvant aller jusqu’à 16% avec leurs collègues des pays de l’OCDE. La forte baisse du nombre d’élèves d’ici à 2030 ne doit pas être l’occasion de faire des économies supplémentaires sur l’école, comme on peut malheureusement le craindre. Elle doit d'abord être l’occasion d’offrir de meilleures conditions de vie et de travail aux enseignants (en plus de les revaloriser) pour que le métier redevienne attractif.
La Cour pointe également la semaine de 24 heures en 4 jours, peu adaptée au rythme des élèves. Instaurée en 2017, elle est en effet une régression par rapport au rythme instauré par Vincent Peillon en 2013, de 24 heures en 4 jours et demi. En supprimant, dans le budget 2025, le fonds de soutien de l‘État- 41 millions d’euros – aux quelques 1 200 communes qui appliquent toujours les 5 matinées de classe - 600 000 élèves, soit 10% des élèves de maternelle et d’élémentaire - le Président de la République a beau jeu après cela de proposer une convention citoyenne sur les temps de l’enfant !
Face à ce constat alarmant, la Cour formule seulement 6 recommandations dont certaines reprennent les propositions portées de longue date par le Parti socialiste comme le renforcement de la formation initiale et continue des enseignants, l’intégration des outils du numérique à la pédagogie, l'engagement de la rénovation énergétique dans la moitié au moins des 47 000 écoles.
C’est un pas en avant, mais c’est très insuffisant. Pour le Parti socialiste, il y a urgence à engager une réforme en profondeur du système éducatif et nous posons pour cela deux propositions dans le débat public pour lutter contre le déterminisme social à l’école : le renforcement de la priorité budgétaire à l’école maternelle et élémentaire et la mise en œuvre la mixité sociale et scolaire pour permettre aux élèves de grandir ensemble et demain de faire société ensemble.
Yannick Trigance, Secrétaire national à l'École, au Collège et au Lycée