La déroute du parti La République En Marche , de son groupe Parlementaire , est un symptôme de la maladie de nos institutions ; si cette dérive était politiquement prévisible , elle n’en reste pas moins démocratiquement fâcheuse : le roi est nu !
Jamais sous la Vème République un Président n’a exercé son mandat dans une si grande solitude , sans pouvoir s’appuyer (et parfois même être contesté pour certaines positions ) sur une force politique constituée , représentative et porteuse d’un projet pour l’avenir de la France.
C’est la séquence présidentielle- législative de 2017 qui a abouti à l’émergence du macronisme, dès lors que du côté de la gauche comme de la droite il y a eu impossibilité de rassemblement au premier tour de l’élection présidentielle .
Il est donc urgent de changer nos institutions-si possible avant même la prochaine séquence de 2022 - car les mêmes règles pourraient produire les mêmes effets .C’est bien ce que met en scène le Président Macron, en faisant tout pour que 2022 soit la réplique de 2017 . Il a compris qu’un Rassemblement National élevé empêche la présence au second tour, soit de la gauche soit de la droite, et encore moins de l’une contre l’autre.
Il faut voter deux réformes simples pour mettre un terme à cette véritable déliquescence démocratique .
La première réforme suppose un changement de la Constitution , il est donc à craindre qu’elle ne soit pas votée pour 2022 ! : Il faut qu’au 2 -ème tour de l’ élection à la Présidence de la République puissent se maintenir tous les candidats du 1er ayant obtenu un pourcentage significatif de voix .
Ainsi un candidat socialiste arrivé par exemple en 3 -ème position , mais en capacité de rassembler les autres candidats du même camps , de gauche et écologiste , pour le second tour , lui permettrait de se placer éventuellement en 1ère place au tour décisif , de même pour un candidat de droite . c’est ce qui se passe pour l’élection de nombreux maires et députés . Le vote du second tour sera alors un vote de choix, de conviction et non d’élimination sans portée politique, comme on l’a connu avec Chirac en 2002 et avec Macron cette fois-ci – celle qui a abouti à une majorité d’illusion, qui fait croire que 64% des Français soutiennent la politique de Macron alors qu’ils ont simplement refusé Le Pen .
Avec cette réforme le duo infernal MACRON/LE PEN se verrait entravé par un choix triangulaire voire quadrangulaire .
La 2 -ème règle qu’il faut modifier ( qui ne nécessite pas un changement constitutionnel ) est celle qui organise l’élection des députés, 1 mois après celle du Président ; il les tient alors dans sa main pendant 5 années , au point qu’aucun député de la majorité actuelle ne peut dire vraiment à quoi il sert dès lors qu’ En Marche n’ est qu’une créature présidentielle . Leur rôle se résume à défendre la politique d’ Emmanuel Macron toute entière tournée vers un seul but , la réélection du Président ; ainsi on préfère l’avenir d’un homme à l’avenir de la France.
Pour sortir de cette nasse institutionnelle il faut organiser le même jour , et pour les deux tours, l’élection du Président et celle des députés . Il y aura ainsi une indépendance totale entre le Président et les élus de l’Assemblée Nationale qui ne seront plus les obligés du Président . . Il pourrait alors se constituer, à des degrés divers, une majorité politique conforme au programme présidentiel ou en désaccord avec lui. Cette seconde possibilité reviendrait de fait à la cohabitation qui, en trois périodes successives (président de gauche et majorité de droite, puis inversement) a été, tout bien pesé, plutôt féconde, en tout cas autant appréciée des français-es que bien d’autres situations où l’unité de la majorité n’était que de façade .
Il ne s’agit pas de changer la Constitution, d’instaurer une 6 -ème République, ni de proposer une Assemblée constituante dont personne ne saurait à l’avance sur quoi elle pourrait déboucher ; ces deux réformes seraient un petit pas constitutionnel qui provoquerait un grand bond démocratique .
Chaque fois que la démocratie recule, la bureau-technocratie progresse ! Avec les crises sanitaires , économiques et sociales, les Français ne peuvent pas se permettre de poursuivre pendant de longues années ce recul démocratique inacceptable.
Il est impérieux que les élus reprennent la main et d’abord dans chaque territoire . A la crise sanitaire doivent répondre trois urgences : l’urgence sociale , l’urgence climatique et , tout autant , l’urgence démocratique .
Signataire :
Michel DEBOUT, Président du CESEC