La laïcité, un principe au service de la liberté et de la fraternité


Thème : Laïcité


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La laïcité, un principe au service
de la liberté, de l'égalité et de la fraternité

L’idée d’exclure la religion de la sphère politique, clairement préconisée par certains philosophes des « Lumières », Voltaire, Diderot, Condorcet notamment, était, pour les révolutionnaires de 1789 la conséquence naturelle de la restitution du pouvoir au peuple. Après plusieurs siècles de conflit entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux, les hommes de la troisième République sont parvenus à faire voter, le 9 décembre 1905, une loi qui avait pour but, en délimitant les domaines respectifs de chacun, de mettre un terme définitif à une guerre pluri-séculaire.

Cette loi formule deux principes qui conservent toute leur actualité :

  • -  La religion relève de la sphère privée. Chacun a le droit d'adhérer à la religion de son choix ou de se tenir à l'écart de toutes. L'Etat n'a pas à intervenir dans les affaires religieuses. Seule limite dans l'expression de ses croyances ; le respect de l'ordre public,

  • -  La loi de la République prévaut sur toutes les règles, codes et dogmes édictés par les autorités religieuses ou philosophiques.

    Cette loi faisait suite à plusieurs réformes inspirées par la volonté de l'Etat d'assumer pleinement ses obligations et de mettre en œuvre les principes de la République inscrits dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen : création de l'école publique obligatoire, liberté de la presse, liberté d'association pour ne citer que les textes les plus importants.

    En renouant le fil avec la révolution, la IIIème République n'avait d'autre choix que de reprendre la main sur les pans entiers de la vie publique qu'avaient accaparés les autorités catholiques : l'éducation, la santé, la justice.

    120 ans après l’adoption de cette loi portée par Aristide Briand et soutenue par Jaurès, il est utile, dans le contexte qui est le nôtre aujourd'hui, de rappeler l'importance que revêt le principe de laïcité pour que se déploient les valeurs de la République : Liberté, Egalité, Fraternité.

    I- Laïcité et liberté

  • -  La laïcité c'est d'abord et avant tout un principe de liberté. Contrairement aux « laïcards » (Emile Combes en particulier) qui voulaient exclure totalement la religion de l'espace public, la loi de 1905 laisse à chacun toute liberté en matière religieuse et n'apporte aucune restriction à l'expression des croyances sous réserve de respecter la liberté d'autrui et de ne pas porter atteinte à l'ordre public. En aucune manière la religion ne peut être une cause de restriction d'une liberté, liberté de s'exprimer, de manifester, de choisir sa tenue vestimentaire, de participer à la vie publique etc.

  • -  L'exclusion de la religion de l'espace public, l'interdiction de manifester, de porter des signes d'appartenances constitueraient des atteintes insupportables aux principes même qui fondent notre République. Ces idées, aujourd'hui portées par l'extrême droite et une partie de la droite, doivent être combattues avec la plus grande fermeté.

  • La laïcité instaure la neutralité de l'Etat dans le domaine des croyances. Dans l'exercice de leurs fonctions, les représentants de l'Etat se doivent de respecter cette neutralité et de ne pas exprimer par leurs propos ou leur apparence leurs préférences philosophiques ou religieuses. Considérée par certains comme une atteinte à la liberté individuelle, cette règle, qui s'applique à tous les collaborateurs d'un service public, est en fait la condition nécessaire pour que chaque citoyen puisse se sentir libre de ses propres croyances. Nous devons donc veiller au strict respect de cette règle.

    II- Laïcité et Egalité

  • -  Article 2 de la Déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen : « Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique et de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. »

  • -  Ce texte fondateur est intéressant à plusieurs titres ; il traite la religion sur le même plan que toute opinion de quelque nature qu'elle soit et il établit un principe essentiel de non- discrimination. Au moment où certains, sous couvert de laïcité, ostracisent une religion en particulier, il est utile de rappeler que ce faisant ils se mettent en opposition avec l'une des valeurs essentielles de notre République : l'égal traitement de tous. La loi de 1905 ne fait que rappeler ce principe dans un domaine qui, pendant des siècles, a été le théâtre de discriminations parfois sanglantes.

  • -  Au titre de l’égalité, se pose aussi la question des lois du Concordat pour l’Alsace et la Lorraine qui introduisent une inégalité de traitement. Proposer une loi qui abolisse le Concordat permettrait la même application du principe de la Laïcité sur tout le territoire.

    III- Laïcité et Fraternité

    Dans un pays qui vit s'affronter des groupes attachés à des religions différentes, les principes posés par la loi de 1905 offrent à notre société les conditions de relations apaisées, respectueuses de la liberté de chacun.

    Et pourtant la laïcité est souvent mise en avant pour dénoncer des manières d'être et de vivre qui ne respecteraient pas les racines « judéo-chrétiennes » de notre pays. Outre que l'expression est très contestable, les tenants de telles opinions commettent un grossier contre sens et utilisent la laïcité pour lui faire dire ce qu'elle n'est absolument pas : un outil pour distinguer, montrer du doigt, rejeter. Il n'est pas interdit de s'interroger sur la signification du port du voile et d'aborder cette question sous l'angle de l'égalité entre les femmes et les hommes. Mais il est exclu, sous prétexte que nous sommes un pays laïc, d'interdire cet élément vestimentaire dans l'espace public.

En guise de conclusion

Trop souvent la laïcité est utilisée, de bonne ou mauvaise foi, pour justifier des règles, asseoir des projets qui n'ont aucun rapport avec la laïcité. Si l'extrême droite peut et doit être dénoncée pour son utilisation dévoyée du principe de laïcité, nous devons également avoir conscience des dérives portées par les tenants d'un extrémisme religieux qui s'abritent derrière la laïcité pour instrumentaliser la religion et en faire un outil de déstabilisation des démocraties occidentales. L'erreur serait de s'appuyer sur la laïcité pour combattre ces théories mortifères. Elles doivent être combattues pour ce qu'elles sont : des écoles de la haine qui n'ont pas leur place dans « une République indivisible, laïque, démocratique et sociale » comme le définit l’article premier de la Constitution de 1958.


Contributeurs : Fédération du 54 (Parti socialiste)


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