La lutte contre le VIH est un impératif pour les socialistes.

Thème : SANTÉ


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Le VIH constitue l’une des principales priorités de santé publique. Pourtant, face à la mobilisation du camp réactionnaire et conservateur, la lutte pour éliminer le VIH semble faiblir. En nous appuyant sur les principaux concernés, sur les collectivités territoriales et tous les acteurs, nous pouvons réaffirmer l’objectif d’un monde sans SIDA en 2030.

I. Tirer les leçons de la lutte contre le VIH et le SIDA

Depuis le début de la pandémie, plus de 32 millions de personnes sont mortes des suites du SIDA dont une forte proportion de personnes vivant sur le continent africain. L’épidémie de SIDA a suscité un sentiment de forte détresse parmi les premiers contaminés au VIH. L’épidémie de SIDA a conduit à plusieurs évolutions majeures dans les politiques de santé publique que nous devons préserver.

La solidarité internationale : la pandémie de SIDA ne connaît pas de frontières mais elle frappe démesurément le continent africain. Pour faire reculer la pandémie, la gouvernance mondiale a été nécessaire et une vraie solidarité internationale a été nécessaire. Une coalition inédite internationale pour mobiliser un maximum de financement de la recherche et des indispensables outils de prévention.

La levée du stigmate des malades : Si le silence entraîne la mort, la pandémie de SIDA a permis de souligner à quel point la stigmatisation des malades quant à leurs sexualités et origines réelles ou supposées contribue en réalité à l’isolement des malades et in fine à la propagation de la maladie.

L’action sanitaire avec et pour les personnes concernées : l’arrivée de la démocratie en santé est un acquis de la mobilisation des associations de malades, telles qu’ActUp, Aides et du Sidaction qui ont permis d’obtenir l’obtention systématique de l’association des malades dans la définition du traitement thérapeutique. Aussi, la pandémie a reculé parce que les pouvoirs publics ont su s’adresser à chaque fois de façon spécifique vers les personnes les plus concernées.

La prévention : évolution notable de notre système de santé, le virage préventif, bien que encore balbutiant a été entamé pour engager la lutte contre le SIDA.

Nous, Socialistes devons également reconnaître nos erreurs en regardant en face notre passé. Si nous n’avons pas pris la mesure de l’épidémie pendant les années 1980, et ce, alors même que nous avons porté depuis la présidence de la République la dépénalisation de l’homosexualité, nous mettons de plus en plus les outils de lutte contre la propagation de l’épidémie, nous mettons de plus en plus les outils de lutte contre la propagation depuis les échelons territoriaux que nous maitrisons.

II. Le combat n’est pas terminé

L’épidémie continue. Une épidémie silencieuse alors que près de 10 personnes chaque jour découvrent leur séropositivité1 et que près de 24.000 personnes vivent en France sans connaître leur séropositivité2. La lutte contre le VIH et le sida ne peut pour autant pas reposer uniquement sur le champ du progrès scientifique uniquement. En effet, si l’accompagnement des patients a permis des avancées notables, trop nombreux sont celles et ceux qui méconnaissent les faits concernant le VIH.

La méconnaissance s’est installée et les stigmates demeurent. Tant que certains citoyens et citoyennes hésiteront à se faire dépister, la pandémie continuera. Pourtant, la mobilisation générale a faibli. Il apparaît important de combattre les préjugés et le stigmate pour que la honte ne soit plus une barrière pour aller vers le dépistage.

Plus que jamais, nous, Socialistes devons rappeler l’objectif des Nations unies d’atteindre 0 SIDA d’ici 2030. Pour cela, nous identifions plusieurs leviers.

La coopération internationale, notamment dans la recherche scientifique.

Alors que les États-Unis se retirent du financement de la lutte mondiale contre le SIDA, et en particulier du domaine de la prévention — les estimations font déjà état de plus de 30 000 morts supplémentaires du fait des décisions de l’administration Trump, même si l’aide revenait au même niveau dans les prochains mois — il nous semble indispensable que l’Union européenne et la France prennent la tête d’une coalition pour la santé mondiale en relevant leur engagement financier et en accueillant les scientifiques menacés par l’administration Trump II. L’aide américaine à la recherche représentait près de 80% des financements. À l’heure du démantèlement de US AID, ce sont près de 6,3 millions de personnes qui risquent de payer de leur vie cette décision en les privant d’accès à des médicaments vitaux. Sans réaction forte, une reprise épidémique est inévitable3. Nous, Socialistes, souhaitons, dès lors, que l’aide humanitaire comprenne de façon systématique, un volet médical avec une politique de lutte contre la propagation du VIH, comprenant éducation, moyens de prévention et médicaments ainsi que lutte contre les mythes et idées reçues.

La lutte contre les discriminations demeure nécessaire si nous voulons atteindre l’objectif de mettre fin à la propagation de l’épidémie.
Aujourd’hui encore, les politiques publiques de réduction des risques et de prévention font l’objet d’attaques injustifiées, voire basées sur le rejet de certaines communautés. Ainsi, une affiche de prévention sexuelle à destination des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) fait l’objet d’une interdiction par un maire. La PreP constitue un traitement permettant de très fortement réduire la transmission du virus bénéficiant d’une efficacité prouvée et établie. La possibilité du déploiement d’une PreP injectable devrait permettre d’améliorer encore la protection collective. Pourtant, ces moyens de prévention, efficaces, demeurent trop faiblement médiatisés. Il a également fallu attendre 2021 pour la fin des restrictions de métiers aux personnes séropositives. Pourtant, un rapport de l’OIT de 2021 soulignait la persistance de discriminations basées sur le statut sérologique sur le lieu de travail. Il est temps donc que les campagnes de lutte contre les discriminations sur le lieu de travail incluent une dimension sur le champ de la séropositivité. Les haltes soins prévention constituent également un levier utile qui font l’objet de campagne de dénigrement de la part de la droite et de l’extrême-droite.

L’Aide Médicale d’État, remise en cause par les attaques du camp Le Pen mais aussi, de plus en plus, par la droite traditionnelle voire le camp présidentiel, constitue un outil de prévention indispensable.
L’AME permet de limiter la diffusion du VIH en permettant aux personnes positives séropositives de recevoir un traitement ou de connaître son statut sérologique. Sa remise en cause constitue une mesure discriminatoire, dangereuse pour la santé publique et problématique au regard du droit universel à la santé. Au contraire, elle doit être approfondie et complétée en comblant les mesures mises en place qui complexifient la lutte contre le VIH. Depuis 2021, l’instauration d’un délai de carence entre deux statuts administratifs conduit à ce que certaines personnes soient privées pendant trois mois de la prise en charge de leur traitement. Par ailleurs, l’existence d’un plafond de ressources de 800€ prive certains travailleurs de couverture maladie, quand bien même leurs ressources sont largement insuffisantes pour payer un tel traitement. Nous, Socialistes, sommes pour la suppression de ces deux mesures afin de garantir un traitement universel.

La prévention, l’éducation et la formation constituent des leviers encore trop attaqués.

Le programme d’éducation à la vie affective et sexuelle qui comprend une dimension sur la lutte contre le VIH et les IST fait l’objet d’une vague d’attaque coordonnée par le camp réactionnaire. Le planning familial, comme d’autres associations de prévention et d’éducation sexuelle, voit le montant de ces subventions réduites tant nationalement que localement.

Nous ne pouvons pas laisser le secteur public, et en premier lieu, l’école publique, céder face à une telle attaque qui compromet la vie de milliers de personnes. Entre 2009 et 2023, les préjugés ont fortement augmenté. L’association Sidaction a permis d’identifier l’impact de l’absence d’action de sensibilisation à hauteur des enjeux à travers une enquête d’Opinion Way (21 mars 2025). Ainsi,

40% des jeunes pensent qu’il existe un vaccin pour empêcher la transmission du

virus du sida (soit +3 pts par rapport à 2023),

39% pensent que l’on guérit du sida (+3 pts), 78% croient qu’une personne

séropositive sous traitement peut transmettre le virus lors d’un rapport sexuel non protégé

42% des jeunes pensent que le VIH peut se transmettre par un baiser (+12 points)

31% en buvant dans le verre d’une personne séropositive (+6 points)

près d’un jeune sur 3 pense que le VIH peut se transmettre par la salive alors que les connaissances permettent d’affirmer le contraire depuis les années 19804.

Nous devons lutter contre ces aprioris en systématisant l’entrée des associations pour la prévention dans les établissements et des enseignements. Nous, Socialistes, portons l’objectif de 100% des élèves en collège et en lycée sensibilisés et formés à la lutte contre le VIH. Cette sensibilisation doit rappeler également l’évolution de la situation sanitaire grâce aux progrès scientifiques. Ainsi, si on ne meurt plus du sida en France, il convient de le faire savoir en rappelant qu’un traitement permet de rendre le virus indétectable et donc intransmissible.

Le poids des laboratoires privés a contribué à limiter les progrès de la lutte contre le VIH, en limitant l’accès aux médicaments partout dans le monde, à prix accessible.
La logique privée compromet l’accès durable aux médicaments et crée des risques de pénurie de médicaments. Face à une telle incertitude, nous portons la création d’une capacité de production publique des médicaments nécessaires à la vie des malades et des personnes séropositives.

Nous souhaitons nous appuyer sur les collectivités territoriales qui peuvent et doivent faire progresser la lutte contre le VIH en déployant des politiques de prévention de proximité pour faire progresser la lutte contre le VIH.

Face aux menaces du camp réactionnaire, nous croyons possible de mettre fin à la pandémie de SIDA. Nous réaffirmons notre souhait de nous appuyer sur l’ensemble des acteurs associatifs et politiques pour faire reculer les contaminations au VIH en combattant pied à pied les discriminations sérophobes.

 

SOURCES : 

1Sida Info Service, 2020, Chiffres clés en France : les données en 2020 https://www.sida-info-service.org/chiffres_vih_ist_2020/

2Aides, 2022, #StopSérophobie : lutter contre la sérophobie, c'est aussi lutter contre le VIH, https://www.aides.org/campagne/stopserophobie-lutter-contre-la-serophobie-cest-aussi-lutter-contre-l e-vih#


3 https://news.un.org/fr/story/2025/03/1154221

4Sud Ouest, 1 jeune sur 3 pense encore que le VIH peut se transmettre par la salive, 01/12/2023, https://www.sudouest.fr/sante/destination-sante/1-jeune-sur-3-pense-encore-que-le-vih-peut-se-trans mettre-par-la-salive-17664273.php


Contributeur.ices :

Timothé LUCIUS, Secrétaire de section Saint-Jean de Braye, Chécy, Semoy (45)
Sophie ROQUES, Présidente de HES-LGBTI+ (13),
Arthur DELAPORTE, Député du Calvados, co-président du groupe d’étude VIH-SIDA à l’Assemblée nationale et ancien membre du Conseil national du SIDA,
Alizée OSTROWSKI, SN à l’Education populaire (94),
Martin SOISSONS, Militant HES LBGTI + (41),
Fanny PIDOUX, membre du Conseil national (45),
Olivier FAURE, Premier Secrétaire, Député de Seine et Marne,
Chloé RIDEL, Députée Européenne (30),
Dylan BOUTIFLAT, SN à l'international (45),
Cécilia GONDARD, SNA Développement et Droits humains (FFE),
Alexandre OUIZILLE - Sénateur de l’Oise et Premier Secrétaire fédéral (60),
Carole CANETTE, Vice-Présidente de la Région Centre-Val de Loire, Maire de Fleury-Les Aubrais et Secrétaire fédérale (45)
Christophe LAVIALLE, Premier Secrétaire Fédéral (45),
Jean-Philippe BERTEAU, Secrétaire de section de New-York City (FFE),

Et aussi : 
Fabien RIVIÈRE DA SILVA, Maire de Saint-Jean de la Ruelle (45), Romain BLACHIER (69), David JACQUET, Président de l’UDESR et Maire d’Artenay (45), Caroline Racine (57), Alexis Peignelin (37), Maxime Cohen - Bureau Fédéral (75), Françoise MOINDROT (45), Hugo Miroufle (75), Jean Claude Maurin (26), Denis Rojo (45), Anne-Marie Aynié - SF (82), Philippe Lasnier - CFCF, Conseil d’Administration de « HES LGBTI+ »(75), Yannick TRIGANCE - Secrétaire national École Collège Lycée - Conseiller régional (93), Marie Pelle Printanier (45), Lennie Nicollet (93), Caroline MEYNET (74), Augustin BALLOT (FFE), Julie Eymard - SF (41), Sofiène Sadallah - Animateur Fédéral des Jeunes Socialistes (14), Fatiha Aggoune (75), Flavien Cartier - Premier Secrétaire Fédéral (86), Estelle Picard - Conseil National (79), Frédéric ORAIN - Conseil Fédéral (41), Hervé Hirigoyen - Bureau Fédéral (31), Stéphane JOUANNY (42), Pierre Yves Calais - Conseil Fédéral/Commission Fédérale de Contrôle (75), Baptiste CHAPUIS - Secrétaire de section d’Orléans et Conseiller municipal (45), Marc Hubert - Secrétaire de section d’Orléans La Source et Secrétaire fédéral (45), Lorenzo Salvador (75), Benjamin Santucci (45), Ninuwé Descamps : SNA à la lutte contre l’extrême-droite - Conseillère municipale (83), Andreas Mulard (37), Romain Mercier - Trésorier de Section - Adjoint au Maire de Saint-Jean de Braye et Conseiller Régional du Centre-Val de Loire (45), Olivier AGUZOU - Conseiller municipal (11), Adrien Soissons (28), Ahlem Girard - Secrétaire de Section de Paris 11 (75), François BRIANÇON - Premier Secrétaire Fédéral (31), Justin HORSCHLER (75), Grégoire Chapuis - Conseiller Départemental (45), Killian Montesquieu (75), Cédric Maréchal (45), François Emmerlinck - Secrétaire de Section et Secrétaire Fédéral (62), Guy Lejeune (45), Irina-Clément Raharison - Trésorier fédéral (13), Théard PHAM - Conseil Fédéral (65), Damien LEROUGE - Premier Secrétaire Fédéral (08), Alfred HOURDOUX (45), Alexandra TZATCHEV - Conseil National (69), Silvia Camara-Tombini - Première Secrétaire Fédérale (49), Claire Blin (45), Léa Pawelski - Secrétaire Nationale Adjointe (76), Ézékiel Lucas - Secrétaire général HES LGBTI+ (59), Jordan Roux Bureau fédéral des Jeunes socialistes (45), Jérémy Quéruel - Secrétaire Fédéral (14), Olivia Bellizio - Trésorière de Section (45), Charles Silvain - Conseil National des Jeunes Socialistes (78), Adrien Lehman (75), Jonathan BEAUTIN CAËTANO (93), Isabelle GLOMERON - Adjointe au Maire de Chécy (45), Louis Gautier (45), Michèle PHAM-BARANNE (65), Oriane TEIXEIRA-LEVELEUX (75), Raphaël BENHAROUS - Secrétaire général des Jeunes Socialistes de Seine-Saint-Denis (93)


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