La santé mentale comme pilier de notre bien vivre ensemble

Le Parti Socialiste en nommant un secrétariat spécifique à la santé mentale réaffirme l’importance qu’il accorde à cette question centrale pour notre société.

Il se place alors comme à l’avant-garde des autres partis politiques français qui ne disposent pas d’un lieu de réflexion et d’un porte-parolat dédié ; il n’y a pas non plus de ministère spécifique dédié à la santé mentale qui est devenue pourtant en 2025 « la priorité nationale » depuis le gouvernement Barnier.  

La question de la santé mentale si souvent oubliée des politiques publiques s’est vue mise sur le devant de la scène politique depuis le COVID. Elle devient un combat politique pour une nouvelle vision de notre bien vivre ensemble et doit être reconnue comme un droit fondamental pour chaque citoyen.

Dans une période anxiogène pour tous, traversée par les crises nationales sociales, économiques, et politiques, par l’urgence du réveil écologique, par un monde bouleversé par de terribles conflits, la santé mentale est une urgence collective pour nous, citoyens. En effet, elle se situe au carrefour des questions de santé physique, psychique, émotionnelle et sociale.

Parler de santé mentale c’est rendre visible ces problématiques longtemps déniées mais qui concernent chacun.

La visibilité c’est d’abord la prévention dans le domaine scolaire, de l’école à l’Université avec la refonte de la médecine scolaire : on assiste à une très forte pénurie de personnels de santé, psychologues et assistantes sociales rendant extrêmement compliqué l’accompagnement des enfants et des jeunes pourtant si fragilisés.

Le passage aux urgences psychiatriques est en forte augmentation chez les adolescents et les jeunes adultes avec un accroissement de la demande de séjours en pédopsychiatrie traduisant un profond mal-être. 

La visibilité c’est ensuite l’accès à des soins psychologiques et psychiatriques pour tous et ce dans l’ensemble des territoires avec une articulation de la prise en charge entre l’hôpital et la ville.

Il est nécessaire de rappeler la réalité vécue à ce jour : le délai d’attente moyen pour un premier rendez-vous en centre médico-psychologique se situe entre six mois et un an pouvant aller en pédopsychiatrie jusqu’à deux ans : qui attendrait ce délai pour une souffrance physique ?

C’est intolérable et génère une situation potentiellement à risque grave.

La saturation est chronique, les pénuries de médecins, psychologues et infirmiers sont majeures et marquées par les inégalités territoriales. Au niveau des services de psychiatrie, la chute du nombre de lits et la pénurie de personnels laisse des territoires entiers sans spécialistes, des équipes épuisées, avec des salaires peu attractifs et un manque de reconnaissance constant, pouvant engendrer une atteinte aux droits des patients et des politiques basées sur des restrictions plutôt que le choix de l’accompagnement humain.

Enfin, il s’agit aussi de rendre visible ces enjeux dans le monde professionnel et dans tous les lieux gérant les problématiques d’exclusion, de précarité et de privation de liberté. La santé mentale concerne bien chacun mais c’est surtout en s’investissant collectivement que cela devient une garantie de notre bien vivre ensemble.

La santé mentale est donc un enjeu de dignité, de justice sociale et de cohésion républicaine : elle n’est pas que le traitement du « fou », elle n’est pas qu’individuelle, elle est profondément collective et politique.  

Défendre la santé mentale, c’est promouvoir la prévention et la détection de la dimension psychique dès le plus jeune âge ; c’est garantir l’accès universel à des soins psychiques de qualité ; c’est lutter contre la précarité, les violences et les discriminations. C'est promouvoir,  en somme, la santé mentale comme un droit au cœur d’une société plus humaine en portant une attention particulière à l’autre. ​​​​​​​

 

Anne-Sophie de Surgy, Secrétaire nationale à la santé mentale

 

 

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