Le Gouvernement plombe le développement du photovoltaïque

- Jeudi 20 février

Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste
Alain Delmestre, Secrétaire national à la transition énergétique du Parti socialiste

Monsieur le Ministre Marc Ferracci, 

Avez-vous décidé d’en finir avec la filière photovoltaïque française ? Avez-vous choisi de la sacrifier au nom d’un budget que ni vous, ni le Premier ministre, ne parvenez à boucler à force de priver l'État de la juste contribution des plus riches ? 

Si tel n’est pas le cas, Monsieur le ministre, il est encore temps de faire machine arrière et d’écouter enfin la protestation unanime des producteurs solaires - les professionnels du secteur, des élus, des agriculteurs... - très inquiets de votre décision de baisser le prix de rachat de l'électricité par EDF. Ils vous le répètent avec insistance ces derniers jours : cette baisse va précipiter un effondrement du segment S21, celui des projets solaires d’une puissance inférieure à 500 kWc caractérisé par des petites centrales en toitures et en ombrières dans les territoires, le plus dynamique et structurant pour une renaissance industrielle nationale. C’est cette filière, soucieuse de ne pas anthropiser les sols naturels et agricoles et de déployer du photovoltaïque sur les bâtiments et les parkings déjà existants, que vous prenez le risque de faire disparaître. Vous laisseriez alors le champ libre aux multinationales friandes, en France, des seuls grands projets au sol rarement exemplaires d’un point de vue environnemental. 

Votre décision va à l’encontre de la recomposition stratégique de notre mix énergétique qui implique une montée en gamme des énergies renouvelables. Un objectif recommandé dans le premier projet de Programmation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE) et rappelé par le Président de la République lui-même lors du sommet de Paris sur l'Intelligence artificielle. 

Elle est incompréhensible quand la France accumule un réel retard dans ce domaine, en particulier si on la compare à ses voisins européens, comme par exemple les Pays-Bas, un pays trois fois moins peuplé. Nous ne parvenons pas à remplir le potentiel en matière de production solaire, mais au lieu d'aider les acteurs à l’atteindre, vous proposez d’abaisser le niveau du potentiel. Cela s’appelle un abandon en rase campagne au moment où, depuis quelques années, la filière se structure et monte en compétences avec 5 000 entreprises, 67 000 professionnels et 14 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Monsieur le ministre, vous ne développerez pas une industrie en sacrifiant le débouché commercial qui soutient son activité. 

Votre décision entame également notre souveraineté. Rappelons-le, une centrale de production solaire assure une indépendance stratégique que d’autres énergies ne promettent pas. Vous signez la fin d’une ambition française en réponse aux besoins croissants en usages électriques et vous livrez notre pays aux importations. Nous défendons, nous, la perspective de ne pas être un pays de consommateurs mais un pays de producteurs en matière photovoltaïque.  

Les conséquences économiques et sociales seront dramatiques. Le plus grand plan social de ces dernières années se profile déjà avec 20 à 30 000 suppressions d’emplois à court terme, des milliers de dépôt de bilan parmi les TPE-PME et un coup fatal assené aux agriculteurs, premiers bénéficiaires de ce modèle pour soutenir leur activité ou diversifier leurs revenus. Vous allez précipiter à sa perte la réindustrialisation naissante de fabrication de panneaux photovoltaïques. C’est, plus globalement, une filière d’avenir, créatrice d’emplois et de valeurs ajoutées locales que vous allez mettre en sommeil ou faire disparaître.  

Votre décision va plonger tout un secteur dans le marasme : baisse d’activité, report des investissements et des emplois, licenciements… Vous allez de fait diminuer encore un peu plus les ressources fiscales de l’Etat (TVA, impôt sur les sociétés…) aggravant ainsi le mal que vous cherchez maladroitement à résorber. Un système perdant-perdant en somme.

Les collectivités locales ont depuis longtemps misé sur le solaire, une énergie locale et renouvelable, et sur le photovoltaïque comme outil efficace au service de la transition écologique et énergétique des territoires à travers le recours à l’autoconsommation individuelle et collective. Votre décision va mettre à l’arrêt de nombreux projets qui font revivre les territoires par les liens qu'ils génèrent.   

Votre décision semble reprendre les seuls arguments des partisans d’un statu quo énergétique à bout de souffle. Nous voulons croire que vous serez convaincus par les arguments de celles et ceux qui vous demandent de revenir dessus. La concertation jusqu’au mois de mars gagnerait à être mise à profit pour faire évoluer votre proposition. 

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le ministre, l’assurance de notre haute considération.




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