Contribution thématique du Congrès de Villeurbanne 2021
Face à la crise que nous traversons et aux bouleversements qui nous attendent, le groupe Socialiste, écologiste et Républicain du Sénat a fait le choix de placer la question de l’accompagnement de la jeunesse parmi ses priorités. Nous devons faire un large crédit à notre jeunesse en mettant tout en œuvre pour leur permettre de s’émanciper que ce soit du point de vue de l’éducation ou de celui de l’accès à l’emploi.
Faire confiance à la jeunesse et la soutenir, cela relève de l’urgence, car, si les jeunes sont heureusement les moins touchés par la pandémie, ils sont malheureusement en première ligne de la crise économique et sociale.
Nous estimons que l’État, garant de la solidarité nationale et de la justice sociale, doit intervenir et mettre en œuvre des politiques publiques ancrées dans le quotidien des jeunes.
Accompagner les jeunes pour qu’ils puissent faire face à la crise sociale
Les jeunes de 18 à 25 ans, qui constituent 30 % des salariés des entreprises les plus durement touchées par le confinement – restaurants, commerces et centres de loisirs –, ont été privés de revenus, alors que 670 000 étudiants en dépendent pour leurs besoins les plus essentiels – alimentation, logement, habillement – et que 20 % des jeunes vivent sous le seuil de pauvreté.
Réactivation des contrats aidés
Il faut immédiatement réactiver les contrats aidés, qui peuvent constituer un levier de soutien fort et rapidement mobilisable : des jeunes apporterait leur savoir et leurs compétences à nos communes et à nos associations, et trouverait, par ce biais, une première insertion dans l’emploi.
Maintien des aides au logement
Par ailleurs, au cours de cette crise, les inégalités accrues de revenu et l’instabilité économique ont encore compliqué l’accès au logement. Ainsi, non seulement le maintien des aides au logement est indispensable, mais il ne suffira pas ; il faut aller plus loin et prévoir une période temporaire pour de nouvelles mesures d’aide, qui permettront aux plus fragiles de surmonter leurs difficultés.
Il faut également revenir sur la politique actuelle du logement – sous-indexation, après le gel du barème, de l’aide personnalisée au logement, mise en place de la réduction de loyer de solidarité (RLS), mais il faut surtout renoncer à la réforme, prévue en 2020 et déjà reportée quatre fois, de l’APL, qui fera perdre l’allocation à 600 000 personnes, dont près de 300 000 jeunes.
Créer un revenu de base
Nous plaidons pour une ouverture plus importante des minimas sociaux aux jeunes. Il est nécessaire d’élargir les bénéficiaires du RSA et d’autres prestations sociales par le bais d’un revenu de base accessible aux moins de 25 ans comme l’expérimentent plusieurs départements. Cela permettrait de mettre en place un matelas social qui ne laisserait aucun jeune sur le bord de la route.
Montée en charge du Service civique
Ce type d’initiative devrait être accompagné d’une montée en charge du service civique qui permettrait à plus de jeunes de multiplier les expériences dans une période ou l’accès à l’emploi sera particulièrement compliqué. En dévitalisant un dispositif qui a fait ses preuves au bénéfice d’un service national universel encore balbutiant dont le cadre n’est pas clairement défini, le Gouvernement prend des risques avec la jeunesse. Nous aurions d’ailleurs souhaité redéployer les moyens du SNU, non consommés cette année du fait de la crise liée au COVID et du confinement, afin de financer davantage le Service civique qui prend particulièrement son sens au moment de la crise sanitaire que nous traversons et du confinement : aide aux personnes isolées et âgées, renforcement de l’encadrement périscolaire nécessaire du fait du nombre limité d’élèves accueillis en classe....
Renforcer la formation des jeunes
La période de confinement a fragilisé la jeunesse et a davantage accentué les nombreuses fractures existantes, éducative, sociale et numérique notamment.
Ces fractures sont d’abord éducatives. Le nombre de décrocheurs a augmenté. La réouverture pré- coce des établissements scolaires dès le 11 mai n’a pas permis aux élèves en ayant le plus besoin de retrouver le chemin de l’école.
Réduire la fracture scolaire
Depuis quelques mois, ce sont encore les enfants de milieux défavorisés qui ne peuvent être aidés par leurs parents et qui pâtissent la situation. L’écart entre ces enfants et les autres se creuse, risquant de devenir irrémédiable. Le recrutement de personnels supplémentaires, notamment enseignant pour assurer les missions pédagogiques et d’encadrement est urgent.
Mettre en place un plan numérique
Durant cette crise, la fracture a aussi été numérique. Nous souhaiterions la la mise en place d’un véritable plan numérique pour que tous les élèves des établissements scolaires disposent de tabletteset de la formation adéquate.
Ce sont les élèves issus de milieux défavorisés qui ont fait les frais de cette distanciation pédagogique. Bénéficiant de conditions de vie moins confortables, d’une connexion internet parfois défaillante, ils connaissent les plus grandes difficultés pour étudier ou préparer leurs concours.
Revaloriser toutes les filières
Il faut absolument relancer les Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté dont les équipes, composées de professeurs spécialisés et de psychologues, constituaient un dispositif de soutien gratuit auprès d’élèves très fragilisés.
La suppression progressive des postes de ce réseau a conduit à son démantèlement. Il s’agit pourtant d’un dispositif qui symbolise une véritable politique de service public de l’éducation. Il est urgent de relancer ces réseaux d’aide aux élèves et à leurs familles afin de lutter contre l’exclusion et l’échec scolaire.
Contrairement aux projets du gouvernement qui a commencé à démanteler la filière professionnelle et semble vouloir faire disparaitre le bac pro, il faut à l’inverse renforcer cette filière. En maintenant des formations théoriques de qualité et adaptées et en développant de véritables périodes professionnelles encadrées et validantes, nous permettront aux jeunes concernés de mettre en place des projets professionnels qui les valorise.
Signataires
Patrick KANNER, Président du groupe Socialiste, Ecologiste et Républicain
Maurice ANTISTE, Sénateur de Martinique
Viviane ARTIGALAS, Sénatrice des Hautes-Pyrénées
David ASSOULINE, Sénateur de Paris
Joël BIGOT, Sénateur du Maine-et-Loire
Florence BLATRIX-CONTAT, Sénatrice de l’Ain
Nicole BONNEFOY, Sénatrice de Charente
Denis BOUAD, Sénateur du Gard
Hussein BOURGI, Sénateur de l’Hérault
Isabelle BRIQUET, Sénatrice de la Haute-Vienne
Rémi CARDON, Sénateur de la Somme
Marie-Arlette CARLOTTI, Sénatrice des Bouches-du-Rhône
Catherine CONCONNE, Sénatrice de Martinique
Hélène CONWAY-MOURET, Sénatrice des Français établis hors de France
Thierry COZIC, Sénateur de la Sarthe
Michel DAGBERT, Sénateur du Pas-de-Calais
Marie-Pierre DE LA GONTRIE, Sénatrice de Paris
Gilbert-Luc DEVINAZ, Sénateur du Rhône
Jérôme DURAIN, Sénateur de Saône-et-Loire
Vincent EBLE, Sénateur de Seine-et-Marne
Frédérique ESPAGNAC, Sénatrice des Pyrénées Atlantiques
Rémi FERAUD, Sénateur de Paris
Corinne FERET, Sénatrice du Calvados
Jean-Luc FICHET, Sénateur du Finistère
Martine FILLEUL, Sénatrice du Nord
Hervé GILLE, Sénateur de Gironde
Laurence HARRIBEY, Sénatrice de Gironde
Jean-Michel HOULLEGATE, Sénateur de la Manche
Olivier JACQUIN, Sénateur de Meurthe-et-Moselle
Victoire JASMIN, Sénatrice de Guadeloupe
Eric JEANNSANNETAS, Sénateur de la Creuse
Patrice JOLY, Sénateur de la Nièvre
Gisèle JOURDA, Sénatrice de l’Aude
Eric KERROUCHE, Sénateur des Landes
Jean-Yves LECONTE, Sénateur des Français établis hors de France
Annie LE HOUEROU, Sénatrice des Côtes d’Armor
Claudine LEPAGE, Sénatrice des Français établis hors de France
Jean-Jacques LOZACH, Sénateur de la Creuse
Monique LUBIN, Sénatrice des Landes
Victorin LUREL, Sénateur de Guadeloupe
Jacques-Bernard MAGNER, Sénateur du Puy-de-Dôme
Didier MARIE, Sénateur de Seine-Maritime
Serge MERILLOU, Sénateur de Dordogne
Michelle MEUNIER, Sénateur de Loire-Atlantique
Jean-Jacques MICHAU, Sénateur de l’Ariège
Marie-Pierre MONIER, Sénatrice de la Drôme
Franck, MONTAUGE Sénateur du Gers
Sébastien PLA, Sénateur de l’Aude
Emilienne POUMIROL, Sénateur de Haute-Garonne
Angèle PREVILLE, Sénatrice du Lot
Claude RAYNAL, Sénateur de Haute-Garonne
Christian REDON-SARRAZY, Sénateur de Haute-Vienne
Sylvie ROBERT, Sénatrice d’Ille-et-Vilaine
Gilbert ROGER, Sénateur Seine-St-Denis
Laurence ROSSIGNOL, Sénatrice de l’Oise
Lucien STANZIONE, Sénateur du Vaucluse
Jean-Pierre SUEUR, Sénateur Loiret
Rachid TEMAL, Sénateur du Val d’Oise
Jean-Claude, TISSOT Sénateur de la Loire
Jean-Marc TODESCHINI, Sénateur de Moselle
Mickael VALLET, Sénateur de Charente-Maritime
André VALLINI, Sénateur de l’Isère
Sabine VAN HEGHE, Sénatrice du Pas-de-Calais
Yannick VAUGRENARD, Sénateur de Loire-Atlantique