Le travail mérite mieux que les caricatures macroniennes

Vendredi 15 octobre 2021

Ce mardi, le président Emmanuel Macron lançait officieusement sa campagne présidentielle en présentant son plan France 2030. Bien que ne figurant pas au centre des annonces hétéroclites de cet exercice de communication, le travail y a été évoquée en des termes qui interrogent. Lançant sa campagne sur des accents sarkozystes qui confirment une fois de plus son arrimage solide à droite, le président de la République a prétendu que « Nous sommes un pays qui travaille moins que les autres (...) il nous faut avoir un pays qui produise davantage ».

Un mensonge mille fois répété ne devenant pas pour autant une vérité, il convient de redire que cette anecdote présidentielle est fausse ! D’après les données disponibles pour 2019, la moyenne hebdomadaire de travail s’établit en France à 39,1 heures pour les salariés à temps complet. Si l’on prend en compte l’emploi total salarié, cette moyenne s’élève à 36,4 heures. Ces données situent la France dans la moyenne des pays de l’OCDE et la place devant des pays européens traditionnellement présentés comme « travailleurs » et donc « vertueux » dans l’esprit des libéraux comme l’Allemagne (34,8 heures), le Danemark (32,6 heures) ou les Pays-Bas (29,3 heures).

Cette sortie de route présidentielle, quelques heures après celle, grotesque, de la Ministre déléguée en charge de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher sur « la magie » d’une chaîne de production où l’on « ne distingue plus le cadre de l’ouvrier », interroge sur le niveau de méconnaissance et de déconnexion de la macronie vis-à-vis du monde du travail.

La vérité est qu’il est évidemment faux de dire que les Français travaillent peu et qu’ils ne produisent pas assez, alors même que la productivité des travailleurs français est une des plus performantes à l’échelle mondiale. En revanche, le chômage de masse demeure un fléau et alors que certains Français travaillent beaucoup plus que la durée minimum légale, beaucoup de travailleurs sans-emplois tentent sans succès de se frayer une place dans un « marché de l’emploi » hyper concurrentiel. La France ne manque ni de travail ni du courage de ces travailleurs, mais elle manque cruellement d’emplois à même de satisfaire de nombreux demandeurs.

Plutôt que d’encourager le « travailler plus pour produire plus », le Parti socialiste propose de se saisir de la question de la juste rémunération du travail, de l’organisation et du partage du travail et de la création d’emplois d’avenir. À ce titre, nous proposons par exemple (lien vers le projet) :

  • L’organisation d’une grande conférence salariale dès le début du prochain quinquennat afin de permettre à chacun·e de vivre dignement de son travail ;

  • La mise en œuvre d’une politique de pleine santé au travail et la restauration des critères de pénibilité supprimés pendant ce quinquennat ;

  • Le lancement d’une large expérimentation sur la réduction du temps de travail par la semaine de quatre jours ;

  • La création de nombreux emplois dans les secteurs de la transition écologique et énergétique et les métiers du soin, à travers un pilotage stratégique assuré par l’État.

Pour répondre aux problèmes des Français, parmi lesquels émergent en effet les questions relatives au pouvoir d’achat et à la santé, il est essentiel de ne pas distordre les faits. Ce n’est pas en stigmatisant et en méprisant – ce qui est décidément une marque de fabrique de ce quinquennat - à la fois les travailleurs et les demandeurs d’emplois, au mépris de la réalité du monde du travail, que nous parviendrons à améliorer leur quotidien. L’enjeu essentiel des transitions économiques, industrielles et professionnelles face au défi de la transition écologique ne peut être décorrélé du débat sur la juste rémunération du travail et mérite mieux que de sempiternelles caricatures.

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