Maintenant, le projet !

Convaincu·es qu’un projet de transformation de la société ne peut se construire qu’en impliquant les forces vives du pays, le Parti socialiste lance une série d’auditions participatives Maintenant, le projet ! au cours desquelles nous échangeons avec des expert·es, des associations et organisations engagées dans la vie citoyenne.

 

L'agenda des auditions

 

 

Voir et revoir les auditions

Emma Taillefer et Paul Cassia, Présidente et ancien Président d'Anticor
Lutte contre la corruption

 

Jean-François Collin, Économiste et Écologiste
Planification écologique

 

Julia Cagé, Économiste
Financement des médias et démocratie




Tania Racho, Chercheuse en droit européen, et coordinatrice de Désinfox-Migrations


Bertrand Badie, Politiste, spécialiste des relations internationales

 

L'agenda des auditions

 

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    followed Le projet ! 2025-10-03 14:55:12 +0200
    commented on Le projet ! 2025-07-21 15:05:42 +0200
    Dans le cadre du projet, je souhaite vous faire part de mon témoignage, celui d’une sénior en fin de droit….
    -—————————
    Moi, Christine J, 62 ans, Sénior, Chômeuse en fin de droit

    Je prends la plume ici pour témoigner sur le chômage des Seniors, son incidence sur les parcours de vie, mais également sur l’inefficacité des actions, mesures et structures d’accompagnement, sans oublier l’hypocrisie et le rejet de la part des responsables entreprises.

    Voici donc mon histoire…
    Après un parcours professionnel plutôt réussi de cadre commercial dans des PME, j’ai été licenciée en février 2022 à 58 ans et demi. Disposant d’un réseau que je croyais solide et d’une compétence reconnue, je n’imaginais pas la descente aux enfers professionnels qui m’attendait !
    Cela a commencé très vite en fait avec la multiplication des non-réponses à mes candidatures, puis, par des rejets non motivés pour des emplois auxquels mon profil correspondait. Le déclic, je l’ai eu lorsqu’un recruteur m’a expliqué doctement, que l’on ne remplaçait pas un directeur commercial en fin de carrière, par une « presque future » retraitée, déclic confirmé quelques temps plus tard par un second recruteur m’affirmant crânement que l’entreprise souhaitait engager un responsable pouvant rester plus de 5 ans en poste !
    Décodage simple : vous êtes trop vieille pour être embauchée ! C’est violent et totalement hypocrite au terme d’un processus de recrutement où vous arrivez en finale !

    Entêtée et confiante néanmoins, je persistais.
    Je me rendais d’abord libre géographiquement en vendant ma maison pour prendre une location, puis, je complétais mon parcours par des formations en webmarketing d’abord puis de formatrice certifiée ensuite. Peine perdue !

    Toujours active, refusant de me laisser entrainer dans une spirale défaitiste, et comme nombre de séniors au chômage, je cédais donc aux sirènes, largement diffusées par France-Travail, de la création d’entreprise.
    Je commençais donc par explorer les opportunités de franchise…. Las, là aussi, elles s’inscrivent dans un temps long (7ans en moyenne) et mettent en jeu des sommes significatives (30 000 à 50000 €) pour des engagements de franchiseurs parfois très limités. Je décidais donc de créer une structure indépendante, sans marque de franchise.
    Nous étions à l’automne 2022, quand j’ai découvert les structures d’accompagnement à la création d’entreprise et entamé un parcours local. De BGE en ADIE, de BPI en Chambres Consulaires – Métiers ou Commerce -, j’ai compris, avec un certain effarement, que seule comptait ma capacité à financer des formations via mon CPF, à participer à des réunions ou des prestations (Activ’Créa par ex) plus ou moins pertinentes, mais toutes entrant dans le cadre d’accords entre ces structures – privées, publiques ou associatives – et l’Etat ou la Région.
    L’analyse de mes compétences réelles, la solidité de mon projet, mes ambitions, l’accompagnement à la réalisation de mon Business Plan, tout cela passait au second voire au troisième plan. Pour ces structures, seule la volumétrie des participants est prise en compte : nombre de porteurs de projets rencontrés, accompagnés (sic !), formés (re-sic !). La politique du chiffre comme unique boussole !
    Ainsi, j’ai même rencontré des porteuses de projet, mes alter-égo, dont la Micro-entreprise était déjà créée et qui n’avaient pas la moindre idée de leurs coûts et de ce que leur activité pouvait ou pas leur rapporter. Pour certaines, la différence entre Chiffre d’Affaires et Résultat était tout sauf claire. Qu’importe, elles participaient par exemple à des formations financées par BPI et la Délégation aux Droits de la Femme et à l’Egalité, fièrement baptisées « Entrepreneures, osez les réseaux» !

    Je pourrais ainsi continuer à l’envi et parler de « Créa-Boost », où les institutionnels de l’accompagnement étaient plus nombreux que les porteurs de projets eux-mêmes, ou des job-dating proposés par France-Travail quasi exclusivement centrés sur des propositions d’emplois liés aux services à la personne et ne regroupant là encore que très peu d’entreprises locales effectivement en recherche de collaborateurs !
    J’avoue, de fait, m’interroger vraiment sur l’utilisation des fonds publics de retour à l’emploi !
    A l’inverse et malgré les phrases précédentes, je félicite les conseillers France-Travail pour leur disponibilité, la qualité de leur suivi et leur implication individuelle dont j’ai profité.
    Une autre structure, modeste et efficace, échappe à mon courroux : la couveuse d’entreprise qui abrite mon projet de structure de consulting depuis janvier 2023, le Pôle Local d’Economie Solidaire, qui accompagne vraiment ses couvés et propose de vrais services de formation, tout en testant la viabilité du projet dans sa réalité et sa durée. Je les remercie ici.
    3 années se sont donc écoulées depuis mon licenciement, mon projet de structure de conseil en couveuse d’entreprise m’a maintenu la tête hors de l’eau, permis de rester intellectuellement active et de ne pas sombrer dans la dépression. L’activité ne génère cependant aujourd’hui pas suffisamment de revenus pour que j’en vive.

    A ce jour, j’ai donc épuisé mes droits à indemnisation, je m’interroge sur la pertinence de créer mon entreprise et je viens de toucher la première fois l’Allocation de Solidarité Spécifique d’un montant de 19.33 € par jour.

    Avec la Réforme des Retraites, qui a reculé de 9 mois le départ en retraite de la génération 1963, je suis donc dans un no-(wo)man’s-land, sans revenu, ni emploi, ni active ni retraitée, sans statut ni existence professionnelle et toujours consciencieusement rejetée dans toute recherche d’emploi dans mon domaine de compétence, jusque et y compris par France Travail, auprès duquel j’ai postulé sans aucun retour à ce jour.

    Il me reste donc pour les mois qui viennent cette ASS et/ou des petits boulots à la danoise, à moins que, par un grand miracle, je ne trouve un contrat dans mon domaine de compétence via un CDD ou un contrat de Mission !

    Je termine donc un parcours professionnel de 41 années sur un échec lourd, un sentiment de rejet brutal et d’inutilité absolue que je vis douloureusement, moi, à qui l’on a appris à se battre, à croire au travail émancipateur et à son rôle social. Il est, croyez-moi, plus que douloureux de répondre « Rien » à la question : Que faîtes-vous dans la vie ?

    Ma situation est heureusement financièrement supportable. Mais je pense à celle et ceux, ces ni-ni invisibilisés, qui n’ont pas ce luxe, et qui, brinquebalés de rejet en refus, d’échec en pseudo-solutions n’ont, à 62 ans, que leurs yeux pour pleurer et leurs proches pour les accompagner.

    Aujourd’hui, j’en veux surtout aux recruteurs et responsables d’entreprises qui rejettent quasi systématiquement les soixantenaires, en criant haut et fort à la nécessité de rester dans l’emploi et ne sont même plus capables de nous recevoir et de nous laisser la moindre petite chance !

    Et dans le contexte budgétaire présenté cette semaine par François Bayrou, j’en veux aussi à ceux qui n’ont de cesse de nous faire croire que nous refusons le travail en nous , traitant à mots à peine voilés de fainéants, de profiteurs du système, alors que, c’est ce même système qui nous rejette avec méthode et en conscience.

    Je termine cette tribune, coup-de gueule, en rappelant ce texte d’une vieille chanson des années 80 d’une cruelle actualité :

    « J’ai comme des mains qu’ont plus de quoi
    Te faire bouffer demain
    Des mains de chômeur
    J’ai comme des mains qui servent à rien
    D’être bonnes à jeter
    J’ai comme des mains de bon à rien
    Exclu d’la société
    Des mains de chômeur «.
    published Le projet ! 2025-06-23 16:39:11 +0200